Le premier épisode La Niña triennal du XXIe siècle, qui a débuté en septembre 2020 avec une brève interruption pendant l’été boréal de 2021, s’affaiblit progressivement. Selon les centres mondiaux de production de prévisions à longue échéance relevant de l’OMM, la probabilité d’un retour à des conditions El Niño-oscillation australe (ENSO) neutres en mars-mai 2023 est estimée à 90 %, alors qu’elle n’est que d’environ 10 % pour la poursuite de l’épisode La Niña. Des conditions ENSO neutres sont susceptibles de persister par la suite, les probabilités diminuant progressivement pour atteindre environ 80 % en avril-juin, et 60 % en mai-juillet. La probabilité qu’un épisode El Niño se développe augmente progressivement, passant de 15 % pour la période avril-juin, à 35 % en mai-juillet, pour atteindre des taux nettement plus élevés (env. 55 %) en juin-août. En raison de la faible performance des modèles de prévision saisonnière au‑delà du printemps de l’hémisphère nord, il est essentiel d’interpréter avec prudence les prévisions ENSO à longue échéance. Les Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN) suivront de près l’évolution de la situation au cours des prochains mois et actualiseront régulièrement leurs prévisions si cela s’avère nécessaire.
À la mi-février 2023, l’épisode La Niña se poursuivait dans le Pacifique tropical. Cependant, les températures de la mer en surface et d’autres indicateurs atmosphériques et océaniques dans le Pacifique tropical sont révélateurs de son affaiblissement. Dans l’atmosphère, l’activité convective sur le Pacifique équatorial près de la ligne de changement de date continue d’être inférieure à la normale. L’indice d’oscillation australe (SOI: défini par la différence de pression normalisée au niveau de la mer entre Tahiti et Darwin), qui avait sensiblement baissé en janvier 2023, est toujours positif et caractéristique d’un épisode La Niña. Les vents d’est dans la basse troposphère (c’est-à-dire les alizés) restent plus forts que la normale sur l’ouest du Pacifique équatorial, et se rapprochent de la normale dans l’est du Pacifique. Des anomalies des vents d’ouest en altitude (200-hPa) sont observées dans le centre et le centre-est du Pacifique équatorial. Les températures positives sous la surface se sont étendues vers l’est (jusqu’à 130°W), tout en restant principalement à des niveaux plus profonds (100 à 250 mètres), sauf dans l’océan Pacifique oriental (100°W à 80°W) où elles se trouvaient plus près de la surface. Les anomalies de basse température sous la surface se sont affaiblies et se situent principalement entre 120°W et 80°W à des profondeurs d’environ 50 à 100 mètres; cependant, de faibles anomalies négatives continuent de prévaloir près de la surface dans le centre et l’ouest de l’océan Pacifique équatorial. Dans l’ensemble, les conditions océaniques observées et la plupart des conditions atmosphériques indiquent un affaiblissement progressif de La Niña dans le Pacifique.
Les centres mondiaux de production de prévisions à longue échéance, qui intègrent les données d’observation récentes dans leurs systèmes dynamiques de prévision saisonnière, communiquent régulièrement des prévisions climatiques à l’échelle planétaire pour les mois à venir. Selon leurs prévisions et les évaluations d’experts les plus récentes, il existe une forte probabilité que les anomalies de température de la mer en surface au centre et à l’est du Pacifique équatorial baissent encore jusqu’à demeurer dans des conditions ENSO neutres au cours des trois prochaines saisons qui se chevauchent: mars-mai (probabilité de 90 %), avril-juin (probabilité de 80 %) et mai‑juillet (probabilité de 60 %). La probabilité que La Niña se poursuive en mars-mai 2023 est très faible (10 %), puis diminue pour atteindre environ 5 % pendant le reste de la période de prévision. La probabilité qu’un épisode El Niño se développe augmente progressivement de 15 % pour avril-juin à 35 % pour mai-juillet. Les modèles prévoient avec environ 55 % de probabilité le passage de conditions ENSO neutres à un épisode El Niño au cours de la période juin-août, bien qu’il faille souligner que l’incertitude des prévisions à longue échéance est généralement plus élevée au-delà du printemps. Cette tendance, appelée «barrière de prévisibilité printanière», traduit la capacité quelque peu réduite de prévoir les transitions de phase ENSO qui se produisent souvent à cette époque de l’année.
Il convient de souligner que les phénomènes El Niño et La Niña ne sont pas les seuls facteurs qui déterminent les régimes climatiques à l’échelle régionale et mondiale. En outre, il n’y a pas nécessairement de corrélation directe entre l’intensité d’un épisode ENSO et l’ampleur de ses incidences. Sur le plan régional, les prévisions saisonnières doivent tenir compte des effets respectifs du phénomène ENSO et d’autres phénomènes influant sur le climat à l’échelle locale. Des informations exploitables à l’échelle régionale et locale peuvent être tirées des prévisions saisonnières du climat de portée régionale ou nationale, comme celles qui émanent des centres climatologiques régionaux de l’OMM (CCR), des forums régionaux sur l’évolution probable du climat (FREPC) et des SMHN.