État du climat mondial 2015-2019: le changement climatique s’accélère

État du climat mondial 2015-2019: le changement climatique s’accélère

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Publié

22 septembre 2019

 

Les concentrations record de gaz à effet de serre entraînent
une aggravation du réchauffement

Genève, 23 septembre 2019 – Les symptômes et les effets du changement climatique – élévation du niveau de la mer, perte de glace et conditions météorologiques extrêmes notamment – se sont accentués entre 2015 et 2019, et selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), cette période de cinq ans est bien partie pour être la plus chaude jamais enregistrée. Les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont également grimpé à des niveaux historiques, verrouillant la trajectoire de réchauffement pour plusieurs générations à venir.

Le rapport de l’OMM sur l’état du climat mondial pendant la période 2015–2019, publié à l’appui du Sommet Action Climat organisé par le Secrétaire général de l’ONU, indique que la température moyenne de la planète a augmenté de 1,1 °C depuis l’époque préindustrielle, et de 0,2 °C depuis la période 2011–2015. (see the full WMO report on The Global Climate in 2015-2019)

Cette déclaration sur le climat – dont la période de référence se termine en juillet 2019 – a été publiée dans le cadre d’un rapport de synthèse de haut niveau intitulé «United in Science» (Unis dans l’action scientifique), élaboré par des institutions scientifiques de renom sous les auspices du Groupe scientifique consultatif sur le climat du Sommet Action Climat 2019 de l’ONU. Ce rapport présente un bilan unifié de l’état du système Terre, en proie à l’influence grandissante du changement climatique, des réponses apportées par l’humanité à ce stade et des modifications que pourrait connaître le climat de la planète dans le futur. Il souligne qu’il est urgent de mobiliser une action climatique ambitieuse pour limiter les conséquences potentiellement irréversibles, et explique les possibilités qui existent en la matière.

Credit: MetOffice

Un rapport parallèle de l’OMM sur les concentrations de gaz à effet de serre montre que les concentrations de dioxyde de carbone (CO2) et des autres principaux gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont continuellement augmenté pendant la période 2015–2019 pour atteindre de nouveaux pics, les taux de croissance des concentrations de CO2 étant supérieurs de près de 20 % à ceux relevés au cours de la période quinquennale précédente. Le CO2 persiste pendant des siècles dans l’atmosphère et encore plus longtemps dans l’océan. Les premières données pour 2019 issues d’un sous-ensemble de sites d’observation des gaz à effet de serre indiquent que les concentrations mondiales de CO2 pourraient atteindre, voire dépasser 410 parties par million (ppm) d’ici à la fin de 2019.

«Les causes et les effets des changements climatiques augmentent au lieu de diminuer», a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas, qui copréside le Groupe scientifique consultatif sur le climat du Sommet Action Climat de l’ONU.

«La hausse du niveau de la mer s’est accélérée et nous redoutons un déclin abrupt des inlandsis de l’Antarctique et du Groenland, qui exacerbera la hausse future. Comme nous en avons été tragiquement témoins cette année aux Bahamas et au Mozambique, l’élévation du niveau de la mer et les violentes tempêtes tropicales ont provoqué des catastrophes humanitaires et économiques» a-t-il fait valoir.

«Les défis sont immenses. En marge de l’atténuation des changements climatiques, nous allons devoir de plus en plus nous adapter à ces changements. D’après le récent rapport de la Global Commission on Adaptation, l’approche la plus efficace pour s’adapter est d’investir dans les services d’alerte précoce et d’attacher une attention particulière aux prévisions axées sur les impacts» a poursuivi Petteri Taalas.

«Nous devons impérativement réduire les émissions de gaz à effet de serre, en particulier celles générées par la production d’énergie, l’industrie et les transports. C’est absolument essentiel si nous voulons atténuer les changements climatiques et atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris» a-t-il souligné.

«Pour ne pas dépasser 2 °C de réchauffement climatique par rapport aux niveaux préindustriels, il faudra tripler le niveau d’ambition, et pour se limiter à 1,5 °C, il faudra le quintupler» a-t-il encore précisé.

 

Élévation du niveau de la mer

Durant la période quinquennale mai 2014–mai 2019, la vitesse moyenne d’élévation du niveau de la mer a été de 5,0 mm/an, contre 4,0 mm/an sur la période décennale 2007–2016, soit une élévation considérablement plus rapide que les 3,2 mm/an de moyenne enregistrés depuis 1993. La contribution de la fonte des glaces terrestres (glaciers du globe et inlandsis) a augmenté au fil du temps et domine désormais le bilan du niveau de la mer, le rôle de l’expansion thermique ayant quant à lui diminué.

 

Fonte des glaces

Entre 2015 et 2018, l’étendue moyenne de la banquise arctique en septembre (valeur minimale correspondant à la période estivale) a été largement inférieure à la moyenne de 1981–2010, de même que l’étendue moyenne pendant la période hivernale. Les quatre valeurs les plus basses pour l’hiver ont été relevées au cours de ces cinq années. Les glaces de plusieurs années ont pratiquement disparu.

Les valeurs de l’étendue de la banquise antarctique en février (minimum correspondant à la période estivale) et en septembre (maximum correspondant à la période hivernale) sont nettement inférieures aux moyennes de 1981-2010 depuis 2016. Ce constat tranche avec la situation observée pendant la période quinquennale précédente, 2011–2015, et la période de long terme 1979–2018. Les première et deuxième étendues les plus faibles de la banquise antarctique en été ont été enregistrées en 2017 et 2018 respectivement, et 2017 a également vu la deuxième étendue la plus réduite pour la période hivernale.

La perte annuelle de masse glaciaire de l’inlandsis de l’Antarctique a été multipliée par au moins six, passant de 40 gigatonnes par an (Gt/an) entre 1979 et 1990 à 252 Gt/an entre 2009 et 2017.

La perte de masse glaciaire de l’inlandsis du Groenland s’est considérablement accélérée depuis le tournant du millénaire.

Pour la période 2015–2018, les glaciers de référence du Service mondial de surveillance des glaciers affichent un bilan de masse spécifique moyen de −908 mm équivalent eau/an, un recul encore jamais observé au cours d’une période quinquennale depuis 1950.

 

Océan: chaleur et acidité

Les océans emmagasinent plus de 90 % de l'excès de chaleur dû au changement climatique. La teneur en chaleur des océans entre 0 et 700 mètres de profondeur a atteint un pic sans précédent en 2018, 2017 et 2015 affichant respectivement les deuxième et troisième valeurs les plus élevées.

Les océans absorbent de l’ordre de 30 % des émissions anthropiques annuelles de CO2, contribuant à atténuer le réchauffement supplémentaire. Le tribut écologique est cependant lourd, dans la mesure où le CO2 absorbé réagit avec l’eau de mer et modifie l’acidité des océans. On a ainsi constaté une augmentation globale du niveau d’acidité de 26 % depuis le début de la révolution industrielle.

 

Phénomènes extrêmes

Plus de 90 % des catastrophes naturelles sont d’origine météorologique. Les catastrophes les plus fréquentes sont les tempêtes et les inondations, qui ont aussi causé les pertes économiques les plus importantes. Les vagues de chaleur et les périodes de sécheresse ont entraîné des pertes en vies humaines, la multiplication des incendies de forêt et des pertes de récoltes. Les vagues de chaleur – l’aléa météorologique qui a fait le plus de victimes au cours de la période 2015–2019 – n’ont épargné aucun continent et ont provoqué une cascade de nouveaux records de température. Parmi les études consacrées à une vague de chaleur importante depuis 2015, presque toutes y ont vu la marque du changement climatique selon le rapport.

Les pertes économiques les plus importantes ont été causées par les cyclones tropicaux. La saison des ouragans 2017 dans l’Atlantique figure parmi les plus dévastatrices jamais observées, l’ouragan Harvey à lui seul ayant occasionné plus de 125 milliards de dollars des États-Unis de pertes. Concernant l’océan Indien, en mars et avril 2019, le Mozambique a été frappé par deux cyclones tropicaux successifs d’une violence sans précédent.

 

Feux de forêt

Les feux de forêt sont fortement influencés par les phénomènes météorologiques et climatiques. La sécheresse accroît nettement le risque de feux de forêt dans la plupart des régions forestières et joue un rôle particulièrement important dans les incendies persistants. Les trois pertes économiques dues à des feux de forêt les plus importantes jamais enregistrées l’ont été au cours des quatre dernières années.

Dans bien des cas, ces feux ont provoqué le rejet de quantités massives de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Durant l’été 2019, l’Arctique a été la proie d’incendies sans précédent. Au seul mois de juin, ils ont rejeté 50 mégatonnes (Mt) de dioxyde de carbone dans l’atmosphère – soit plus que la quantité émise par les incendies qui se sont déclarés dans la région pendant tous les mois juin réunis de la période 2010–2018. Des incendies de forêt massifs ont également sévi au Canada et en Suède en 2018. Les forêts tropicales humides non remplaçables de l’Asie méridionale et de l’Amazonie ont elles aussi été touchées par des incendies étendus qui ont eu des répercussions sur le bilan carbone mondial.

 

Changement climatique et phénomènes extrêmes:

D’après le Bulletin of the American Meteorological Society, pour 62 des 77 phénomènes répertoriés sur la période 2015–2017, l’influence anthropique sur la survenue du phénomène considéré a été significative – ce constat étant fait par presque toutes les études consacrées à une vague de chaleur importante. Par ailleurs, un nombre croissant d’études concluent à une influence humaine sur le risque de précipitations extrêmes.

The Global Climate 2015-2019

Pour de plus amples renseignements, veuillez prendre contact avec: Clare Nullis, attachée de presse, Courriel: cnullis@wmo.int – Tél.: + 41 79 709 13 97

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