GENÈVE, le 18 mai 2017 (OMM) – L’Organisation météorologique mondiale (OMM) vient d’annoncer des «records mondiaux» pour ce qui est du nombre de victimes dues à des cyclones tropicaux, des tornades, la foudre et la grêle. Pour la première fois, les incidences de phénomènes spécifiques ont été répertoriées dans les Archives mondiales de données relatives aux extrêmes météorologiques et climatiques relevant de l’OMM (WMO Archive of Weather and Climate Extremes), dans lesquelles figurent traditionnellement les records concernant la température et autres paramètres météorologiques.
Ces résultats ont été annoncés à la veille de deux grandes conférences sur l’amélioration des systèmes d'alerte précoce multidanger et le renforcement de la prévention des catastrophes, organisées par l’OMM et le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes (UNISDR) à Cancún (Mexique) du 22 au 26 mai.
«Les phénomènes météorologiques extrêmes sèment la destruction et la mort. C’est notamment pour cela que l’OMM s’efforce d’améliorer les alertes précoces multidanger et la prévision axée sur les impacts, et tire les leçons des grandes catastrophes pour éviter des désastres futurs» a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas. «Il faut toujours garder à l’esprit l’élément humain associé aux phénomènes extrêmes» a-t-il souligné.
Un comité d’experts relevant de l’OMM a effectué des recherches approfondies sur les chiffres officiels de la mortalité liée à cinq phénomènes météorologiques, sans tenir compte, en l’occurrence, des vagues de froid ou de chaleur, des sécheresses et des inondations. Les Archives mondiales de données concernant les extrêmes météorologiques et climatiques devraient, on l’espère, porter à l’avenir sur les incidences d’autres phénomènes. Tenues à jour par la Commission de climatologie de l'OMM, ces archives rassemblent des renseignements détaillés sur les records de froid, de chaleur, de vitesse du vent et de précipitations, entre autres phénomènes.
Les conclusions du comité sont les suivantes:
- Mortalité record causée par un cyclone tropical: selon les estimations, les 12 et 13 novembre 1970, un cyclone tropical a fait 300 000 victimes directes au Bangladesh (appelé alors Pakistan oriental);
- Mortalité record causée par une tornade: selon les estimations, 1 300 personnes ont perdu la vie le 26 avril 1989, en raison d’une tornade qui a ravagé la région de Manikganj, au Bangladesh;
- Mortalité record causée (indirectement) par la foudre: le 2 novembre 1994, l’incendie d’un dépôt de carburant frappé par la foudre à Dronka, en Égypte, a fait 469 victimes;
- Mortalité record causée par un impact de foudre: le 23 décembre 1975, 21 personnes ont péri, touchées par un seul impact de foudre alors qu’elles se trouvaient dans une case dans la zone tribale de Manica, au Zimbabwe (appelé alors Rhodésie).
- Mortalité record causée par un orage de grêle: le 30 avril 1888, près de Moradabad, en Inde, un violent orage, accompagné de grêlons gros comme «des œufs d’oie, des oranges ou des balles de cricket», a fait 246 victimes.
«Parmi les sujets traités actuellement lors des débats et des travaux de recherche sur le changement climatique figure la hausse du risque de mortalité pour la population mondiale. Comme cette dernière ne cesse d’augmenter dans le contexte de bouleversements climatiques, une plus grande part de la population est menacée par une kyrielle de phénomènes climatiques ou météorologiques», a indiqué le comité, dans un article publié dans l’édition en ligne de la revue Weather, Climate and Society de la société américaine de météorologie (AMS).
«Mais la vulnérabilité dépend autant du risque d’occurrence d’un événement que de l’adaptation ou de la résilience face à cet événement. Par exemple, la mortalité liée aux vagues de chaleur a tendance à diminuer à mesure que les climatisations deviennent monnaie courante. De la même façon, le nombre de victimes de la foudre diminue lorsque les entrepôts de munitions installent des paratonnerres ou que les organisateurs de compétitions d’athlétisme mettent en place des protocoles de sécurité» ont indiqué les experts.
La mortalité générale peut également être abaissée grâce à l’amélioration permanente de l’infrastructure de prévision et d’alerte. Par exemple, le système européen MeteoAlarm est un service en ligne dont l’objectif est de diffuser des alertes en temps réel pour avertir les personnes qui voyagent en Europe de la probabilité d’occurrence de conditions météorologiques extrêmes.
«Et pourtant, malgré toutes ces améliorations, les phénomènes météorologiques continueront de faire des victimes. Si l’on veut comparer les catastrophes susceptibles de survenir à des données historiques précises, il est utile de connaître l’évolution de la mortalité liée aux phénomènes météorologiques, telle qu’elle a été constatée au cours des 150 dernières années grâce à l’enregistrement officiel des phénomènes météorologiques à l’échelle internationale» a précisé le comité de l’OMM».
L’équipe internationale diversifiée composée de 19 membres comptait des climatologues et des météorologues, ainsi qu’un physicien et un historien de la météorologie. Elle n’a pris en compte que la mortalité due à des extrêmes météorologiques après 1873, date de création de l’Organisation météorologique internationale, qui a été remplacée ensuite par l’OMM, afin de garantir la qualité des données météorologiques disponibles et ce, même si des événements particulièrement meurtriers ont eu lieu avant cette date. L’équipe s’est efforcée d’obtenir des documents liés directement à chaque événement et d’établir le nombre de victimes le plus précisément possible, pour chacun d’entre eux.
Elle a choisi avec soin des événements spécifiques afin d’établir des procédures et des orientations pour l’évaluation future d’autres phénomènes, tels que les vagues de chaleur ou les inondations.
«Ces événements mettent en relief les conséquences terribles des différents types de conditions météorologiques. La connaissance approfondie des phénomènes extrêmes observés dans le passé confirme que nous nous devons non seulement de prévoir et de surveiller le temps et le climat, mais également de tirer parti de ces informations pour sauver des vies dans le monde entier, afin d’atténuer les conséquences de ce type de catastrophes, voire de faire en sorte qu’elles n’en aient plus» a déclaré Randall Cerveny, rapporteur de l'OMM pour les extrêmes météorologiques et climatiques.
Comme cela est toujours le cas pour les évaluations des extrêmes météorologiques réalisées par l’OMM, il est toujours possible de procéder ultérieurement à une réanalyse lorsque de nouveaux éléments doivent être pris en considération.
«La validation de ces nouveaux records mondiaux pour la mortalité causée par des phénomènes météorologiques extrêmes permet de disposer de preuves solides pour un grand nombre de ces phénomènes meurtriers qui n’ont pas fait l’objet d’un recensement rigoureux par le passé; elle renforce également ce que nous savions déjà, à savoir que certains types de conditions météorologiques peuvent faire de nombreuses victimes, et peut servir de référence lorsqu’il s’agira d’effectuer des comparaisons pour des drames liés à des phénomènes météorologiques» a indiqué Thomas Peterson, président de la Commission de climatologie de l’OMM.
L’OMM, qui renforce sa collaboration avec les organisations partenaires du système des Nations Unies afin de mieux comprendre l’incidence des phénomènes météorologiques et climatologiques extrêmes d’un point de vue humanitaire et environnemental, prend désormais en compte ces informations dans ses rapports sur l’état du climat.
Détails sur ces phénomènes extrêmes
Cyclone tropical le plus meurtrier
Le «cyclone tropical le plus meurtrier» a touché le Bangladesh (alors appelé Pakistan oriental) les 12 et 13 novembre 1970. Parfois surnommé le « cyclone de Bhola», ce cyclone de triste mémoire a fait entre 300 000 victimes (selon les estimations les plus optimistes) et 500 000 victimes (selon les estimations les plus pessimistes), principalement en raison de l’onde de tempête de forte ampleur qui a recouvert les îles et les zones de marée du golfe du Bengale. Pour toutes les catastrophes de cette envergure, le nombre de victimes est souvent surévalué et il est difficile d’obtenir des chiffres officiels, mais le comité a estimé que les estimations les plus optimistes étaient étayées par un ensemble plus détaillé de preuves.
Tornade la plus meurtrière
Le 26 avril 1989, une tornade a causé d’importants dégâts dans la région de Manikganj, au Bangladesh, détruisant deux villes et laissant quelque 80 000 personnes sans abri. D’une largeur d’environ 1,6 km, cette violente perturbation a fait plus de 12 000 blessés et aurait fait un nombre élevé de victimes, estimé à 1 300 par le comité selon les estimations jugées les plus fiables.
Conséquences indirectes de la foudre
Le 2 novembre 1994, de violents orages ont fait des ravages dans la région de Dronka, en Égypte, et entraîné l’apparition de crues éclair. La foudre est tombée sur un dépôt, mettant le feu à trois réservoirs qui contenaient chacun environ 5 000 tonnes de carburant pour avion ou de diesel. Ces réservoirs étaient situés le long d’une ligne de chemin de fer, qui s’est effondrée en raison d’un glissement de terrain provoqué par les eaux de crue. Le carburant s’est enflammé lorsque la foudre a frappé et les eaux de crue, chargées d’hydrocarbures en feu, ont propagé l’incendie vers le village. Un document officiel du Ministère égyptien de la santé indique que les hôpitaux de la région ont pris en charge 469 victimes.
Conséquences directes de la foudre
Il a été déterminé que le nombre le plus élevé de victimes directes d’un impact de foudre s’élevait à 21. En effet, le 23 décembre 1975, 21 personnes qui se trouvaient dans une case dans la zone tribale de Manica, dans l’est de la Rhodésie (aujourd’hui, Zimbabwe) sont mortes, frappées par la foudre. Comme près de 90% des constructions subsahariennes ne sont pas équipées de paratonnerre, en particulier les habitations, des familles entières, des salles de classe et des ouvriers sont vulnérables en permanence. En particulier, les écoles et les maisons sont généralement construites en pisé et sont souvent recouvertes d’un toit de chaume ou de tôle, retenu par des pierres.
Orage de grêle le plus meurtrier:
Le 30 avril 1888, près de Moradabad, en Inde, un orage de grêle, accompagné de grêlons aussi gros que «des œufs d’oie, des oranges ou des balles de cricket», aurait fait 246 victimes. Un météorologue témoin de l’événement raconte que les toits des maisons s’étaient effondrés, des portes et des fenêtres avaient été cassées et des vérandas avaient été emportées par le vent. «Les hommes qui se trouvaient dehors à découvert ont été tués par les grêlons. Quatorze corps ont été retrouvés sur le champ de course. Plusieurs fêtes de mariage, prises par l’orage près des berges du fleuve, ont été anéanties. Selon la police, 1600 vaches, moutons et chèvres ont été tuées» a précisé John Eliot, futur premier directeur général du Service météorologique indien.
L'Organisation météorologique mondiale est l'organisme des Nations Unies
qui fait autorité pour les questions relatives au temps, au climat et à l'eau
Site Web de l’OMM: public.wmo.int
Pour de plus amples renseignements, veuillez prendre contact avec Clare Nullis, attachée de presse, Bureau de la communication et des relations publiques (tél. fixe: +41 (0)22 730 84 78; tél. port.:
+41 (0)79 709 13 97; courriel: cnullis@wmo.int), ou bien avec Randall Ceverny, rapporteur de l'OMM pour les extrêmes météorologiques et climatiques (courriel: cerveny@asu.edu)
Pour de plus amples renseignements sur la Conférence sur les systèmes d'alerte précoce multidanger qui se tiendra à Cancun les 22 et 23 mai, cliquer ici.
Pour de plus amples renseignements sur la Plate-forme mondiale pour la réduction des risques de catastrophe, cliquer ici.
Les Archives mondiales de données concernant les extrêmes météorologiques et climatiques relevant de l’OMM (http://wmo.asu.edu/) donnent une liste complète des extrêmes météorologiques et climatiques, dont les valeurs maximales et minimales de la température et de la hauteur de précipitation à l’échelle du globe, la masse du grêlon le plus lourd, la durée de la période sèche la plus longue, la vitesse de la plus forte rafale de vent ainsi que les extrêmes météorologiques et climatiques pour chaque hémisphère.
Membres du Comité:
Randall S. Cerveny, Université d’État de l’Arizona (États-Unis d'Amérique), Pierre Bessemoulin, Météo‑France (retraité) (France), Christopher C. Burt, The Weather Company (États-Unis), Mary Ann Cooper, African Centres for Lightning and Electromagnetics Network (États-Unis), Zhang Cunjie, Centre climatologique national (Chine), Ashraf Dewan, Western Australian School of Mines (Australie), Jonathan Finch, Administration américaine pour les océans et l'atmosphère (NOAA) (États-Unis), Ronald L. Holle, Vaisala, Inc. (Finlande/ États-Unis), Laurence Kalkstein, Université de Miami (États-Unis), Andries Kruger, Service météorologique sud-africain (Afrique du Sud), Tsz-cheung Lee, Observatoire de Hong Kong (Hong Kong Chine), Rodney Martínez, Centre international de recherche sur le phénomène El Niño (CIIFEN) (Équateur), M. Mohapatra, Service météorologique national indien (Inde), D.R. Pattanaik Service météorologique national indien, Thomas C. Peterson, Organisation météorologique mondiale, Scott Sheridan, Kent State University, (États-Unis), Blair Trewin, Bureau météorologique australien, (Australie) Andrew Tait, National Institute of Water and Atmospheric Research Limited, NIWA (Nouvelle-Zélande) M.M. Abdel Wahab, Université du Caire (Égypte)