San José (Costa Rica), le 29 mars 2023 (OMM) – Le Comité des ouragans de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a supprimé Fiona et Ian des listes de noms utilisés en alternance pour baptiser les cyclones tropicaux de l’Atlantique en raison du très lourd bilan humain et matériel qui leur est associé en Amérique centrale, dans les Caraïbes, aux États-Unis d’Amérique et au Canada.
Farrah remplacera Fiona dans les listes de noms et Idris remplacera Ian.
L’OMM utilise des listes de noms pour faciliter la diffusion des avis de tempête et pour alerter la population sur des risques potentiellement mortels. Dans cette région, les noms sont réutilisés tous les six ans, à moins qu’une tempête ne soit si meurtrière que son nom soit retiré des listes. Depuis 1953, année où le système actuel a été mis en place, 96 noms ont été supprimés des listes utilisées pour le bassin atlantique.
Bien connue du grand public, cette nomenclature ne constitue en réalité qu’une infime partie du travail accompli par le Comité des ouragans pour sauver des vies humaines et qui s’articule autour de priorités opérationnelles, dont la diffusion de prévisions et d’alertes relatives aux risques associés au vent, aux ondes de tempête et aux inondations, et de l’évaluation des impacts.
Fiona était un ouragan grand et puissant qui a touché des localités des petites Antilles, de Porto Rico, de la République dominicaine et des Îles Turques et Caïques. Il s’est ensuite déplacé vers le nord, au-dessus de l’Atlantique ouest, et a frappé le Canada sous la forme d’un cyclone post-tropical puissant en septembre 2022, provoquant d’importants dégâts et des pertes humaines sur son passage. Il a généré des inondations d’eau douce dévastatrices à Porto Rico, où il a touché terre en tant qu’ouragan de catégorie 1. Il a causé des dégâts dépassant les 3 milliards de dollars É.-U. dans les Caraïbes et au Canada et a été à l’origine de 29 décès directs et indirects. Fiona est le phénomène météorologique extrême le plus coûteux jamais enregistré dans la partie atlantique du Canada.
Ian était un ouragan grand et puissant de catégorie 4 qui a frappé l’ouest de Cuba en tant qu’ouragan majeur et a touché terre dans le sud-ouest de la Floride sous la forme d’un ouragan de catégorie 4. Il a produit une onde de tempête dévastatrice dans le sud-ouest de la Floride et causé plus de 150 décès directs et indirects et des dégâts dépassant 112 milliards de dollars É.-U., ce qui en fait l’ouragan le plus coûteux qu’ait subi la Floride et le troisième ouragan le plus coûteux de l’histoire des États-Unis.
Le Comité des ouragans est composé d’experts des Services météorologiques et hydrologiques nationaux et sa zone de compétence correspond à la Région IV de l’OMM (Amérique du Nord, Amérique centrale et Caraïbes). Sa session annuelle, la première réunion en face à face depuis 2019, se tient à San José (Costa Rica), du 27 au 31 mars. Elle est organisée par le Service météorologique et hydrologique du Costa Rica, qui célèbre son 135e anniversaire.
Des alertes précoces pour tous
«Les cyclones tropicaux sont très meurtriers. Une seule tempête peut réduire à néant des années de développement socio-économique. Le nombre de décès a enregistré une forte baisse grâce à l’amélioration des prévisions, des alertes et de la prévention des catastrophes. Cependant, nous pouvons faire encore mieux», a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, M. Petteri Taalas.
«L’Initiative des Nations Unies en faveur d’alertes précoces pour tous vise à garantir que, d’ici cinq ans, chaque habitant de la planète reçoive des alertes en cas de vents, d’ondes de tempête et de précipitations potentiellement mortels, en particulier dans les petits États insulaires en développement, qui sont en première ligne du changement climatique», a-t-il annoncé.
À l’échelle mondiale, les cyclones tropicaux ont provoqué chaque jour en moyenne la mort de 43 personnes et des dégâts se chiffrant à 78 millions de dollars É.-U. D’après les statistiques de l’OMM pour la période de 1970 à 2019, ils sont également responsables d’un tiers des décès et du préjudice économique résultant des catastrophes liées au temps, au climat et à l’eau. Le nombre de décès a toutefois enregistré une forte baisse au cours de ce demi-siècle grâce aux mesures coordonnées par le Programme concernant les cyclones tropicaux de l’OMM, qui ont permis l’amélioration des prévisions, des alertes et de la prévention des catastrophes.
Dans le cadre des activités de déploiement de cette initiative, le Comité des ouragans organisera une table ronde de haut niveau sur les alertes précoces pour tous en cas d’ouragans. L’objectif de cette dernière est de faire en sorte qu’en cas d’ouragans, les personnes les plus exposées et les plus vulnérables comprennent les alertes et y donnent suite, dans le contexte plus large de la résilience face aux catastrophes.
«Les travaux du Comité des ouragans sont essentiels pour assurer la coordination entre nos nations bien avant que la prochaine tempête ne menace. Les répercussions d’une seule tempête peuvent toucher plusieurs pays, il est donc vital que nous ayons un plan, que nous coordonnions nos efforts, que nous relevions ensemble les défis et que nous partagions les meilleures pratiques», a déclaré M. Jamie Rhome, Président par intérim du Comité des ouragans et Directeur par intérim du Centre météorologique régional spécialisé de l’OMM de Miami/Centre national des ouragans des États-Unis.
C’est la première fois que le Comité se réunit en présentiel depuis 2019. Une telle réunion permet de collaborer plus étroitement dans la perspective de la saison à venir.
«Ces tempêtes ont souvent des répercussions dévastatrices sur les nations insulaires des Caraïbes, causant de nombreux décès et un grave préjudice économique. Les travaux du Comité garantissent que nous communiquions tous de façon uniforme et efficace sur ces menaces avec nos usagers», a indiqué Mme Arlene Aaron-Morrison. Originaire de Trinité-et-Tobago, Mme Morrison vient d’être élue à la Vice-Présidence anglophone du Comité et représente la première femme à occuper cette fonction. Le Vice-Président hispanophone reste M. José Rubiera, de Cuba, membre de longue date du Comité.
Selon les projections du sixième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la proportion des cyclones tropicaux de très forte intensité (catégories 4 et 5) se formant sur la planète devrait augmenter avec le réchauffement climatique, tout comme l’intensité de la pluie et la vitesse maximale des vents les accompagnant. Les pays en développement et les petites îles sont en première ligne.
Ouragans de 2022
Dans l’Atlantique, la saison des ouragans dure officiellement du 1er juin au 30 novembre. Dans le Pacifique Nord-Est, la saison commence plus tôt, le 15 mai.
Au total, pendant la saison cyclonique 2022 de l’Atlantique, 14 tempêtes baptisées ont été enregistrées, avec des vents de 63 km/h ou plus, dont huit sont devenues des ouragans, avec des vents d’au moins 119 km/h ou plus. Deux d’entre elles, Fiona et Ian, se sont transformées en ouragans majeurs, avec des vents de plus de 178 km/h, selon le décompte de fin de saison de l’Administration américaine pour les océans et l’atmosphère (NOAA).
On dénombre en moyenne 14 tempêtes baptisées, sept ouragans et trois ouragans majeurs par saison des ouragans dans l’Atlantique. La saison 2022 a été plus calme que les saisons 2020 et 2021, qui ont toutes deux été si actives que la liste ordinaire des noms utilisés par rotation a été épuisée. Il suffit d’une seule tempête pour détruire des communautés et des économies.
Dans le bassin du Pacifique oriental, la saison a été active et 17 tempêtes ont été nommées (la moyenne est de 15). Dix d’entre elles sont devenus des ouragans, dont quatre se sont intensifiées pour devenir des ouragans majeurs.
Quatre ouragans ont touché terre sur la côte pacifique du Mexique en 2022. Agatha a frappé le sud-est du Mexique en mai, et Kay la péninsule de Basse-Californie en septembre. Orlene et Roslyn ont touché terre dans le sud-ouest du Mexique, respectivement fin septembre et en octobre.
L’Organisation météorologique mondiale est l’organisme des Nations Unies qui fait autorité pour les questions relatives au temps, au climat et à l’eau
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