Genève, le 24 mai 2023 (OMM) – Par une décision historique, le Congrès météorologique mondial a approuvé une nouvelle initiative de surveillance des gaz à effet de serre (GES) afin d’appuyer les mesures urgentes destinées à réduire les émissions de gaz qui retiennent la chaleur et favorisent la hausse des températures.
La nouvelle Veille mondiale des gaz à effet de serre comblera des lacunes critiques en matière d’information et fournira un cadre opérationnel intégré, réunissant tous les systèmes d’observation spatiaux et de surface, ainsi que des moyens de modélisation et d’assimilation des données.
C’est à l’unanimité que les 193 Membres de l’OMM ont approuvé la résolution du Congrès sur la création de la Veille mondiale des gaz à effet de serre. Ils ont ainsi reconnu «l’importance sociétale croissante de la surveillance des gaz à effet de serre à l’appui de nos connaissances scientifiques du système Terre, et le besoin urgent de renforcer le fondement scientifique des mesures d’atténuation prises par les Parties à la Convention‑cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et à l’Accord de Paris».
Cette initiative fera fond sur l’expérience de l’OMM pour ce qui concerne la coordination d’activités de collaboration internationale dans le domaine des prévisions météorologiques et de l’analyse du climat, ainsi que des activités de longue date en matière de surveillance des gaz à effet de serre et de recherches connexes menées sous les auspices de la Veille de l’atmosphère globale, créée en 1989, et de son Système mondial intégré d’information sur les gaz à effet de serre.
La plupart des activités internationales et nationales relatives aux gaz à effet de serre bénéficient principalement du soutien de la communauté des chercheurs. Il n’existe pas à l’heure actuelle de mécanisme d’échange international, systématique et rapide des observations des gaz à effet de serre effectuées en surface et à partir de l’espace.
Gaz à effet de serre: concentrations record
«Nos mesures indiquent que les concentrations de gaz à effet de serre atteignent des niveaux record, inégalés au cours des 800 mille dernières années», a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas. «L’augmentation des niveaux de dioxyde de carbone entre 2020 et 2021 a été supérieure au taux d’accroissement moyen de ces dix dernières années et le méthane a connu la plus forte augmentation d’une année sur l’autre depuis le début des mesures».
«Toutefois, des incertitudes subsistent, notamment en ce qui concerne le rôle des océans, de la biosphère terrestre et des zones de pergélisol dans le cycle du carbone», a expliqué M. Taalas. «Nous devons par conséquent entreprendre une surveillance des gaz à effet de serre dans le cadre d’un système Terre intégré afin d’être en mesure de rendre compte des sources et des puits naturels, à la fois tels qu’ils fonctionnent actuellement et tels qu’ils évolueront en raison du changement climatique. Cela permettra d’obtenir des informations essentielles et d’appuyer la mise en œuvre de l’Accord de Paris», a-t-il ajouté.
«La décision de l’OMM concernant le défi de notre temps que représente l’atténuation des changements climatiques marque un tournant historique», a déclaré M. Lars Peter Riishojgaard, Directeur adjoint du département des infrastructures de l’OMM.
«Une surveillance mondiale des gaz à effet de serre, coordonnée au niveau international, ouverte à tous et menée conformément à la politique d’échange libre et gratuit de données de l’OMM, fournira aux Parties à la CCNUCC des informations précieuses, récentes et fiables sur les flux de gaz à effet de serre, ce qui les aidera dans les efforts qu’ils déploient pour atténuer les changements climatiques», a ajouté M. Riishojgaard.
«La nouvelle Veille mondiale des gaz à effet de serre bénéficie d’un solide soutien de la communauté scientifique et du secteur privé», a précisé M. Riishojgaard.
Contexte technique
La décision du Congrès fait suite à une résolution adoptée par le Conseil exécutif en mars dernier, laquelle reposait sur les conclusions d’un colloque international organisé en janvier 2023 et qui a rassemblé plus de 170 experts des milieux de la recherche et de l’exploitation, d’agences spatiales, de services météorologiques, du domaine de l’observation des océans et du climat, du monde universitaire et d’organismes des Nations Unies.
La Veille mondiale des gaz à effet de serre est conçue selon une approche descendante de l’évaluation des flux, reposant sur les capacités existantes d’observation en surface et à partir de l’espace et de modélisation. Elle vise à garantir l’échange sans délai de toutes les observations et données.
La coordination mondiale qu’il est nécessaire de mettre en place pour établir ce genre d’infrastructures a fait ses preuves pour la prévision météorologique et la surveillance du climat, comme en témoignent la Veille météorologique mondiale de l’OMM, qui existe depuis 60 ans, et la fameuse Veille de l’atmosphère globale.
Dans sa configuration initiale, la Veille mondiale des gaz à effet de serre devrait comporter quatre éléments principaux:
- Un ensemble mondial, complet et de longue durée, d’observations satellitaires et en surface des concentrations de CO2, CH4 et N2O, des quantités de ces gaz dans la colonne totale et dans la colonne partielle, des profils verticaux et des flux de ces gaz, ainsi que de variables météorologiques, océaniques et terrestres connexes, échangées au niveau international aussi rapidement que possible, en fonction des capacités et des accords avec les opérateurs de système;
- Des estimations préalables des émissions de GES basées sur des données d’activités et des modèles fondés sur des processus;
- Un ensemble de modèles mondiaux haute résolution du système Terre représentant les cycles des GES;
- En association avec ces modèles, des systèmes d’assimilation de données qui combinent de manière optimale les observations et les calculs de modèle pour générer des produits de plus grande précision.
Cette infrastructure produira des flux mensuels nets de CO2, CH4 et N2O à la résolution spatiale de 100 km par 100 km avec un délai minimum éventuel. Ces produits peuvent servir à de multiples applications, allant de la contribution au bilan mondial à l’évaluation des flux provenant d’installations ou d’environnements donnés.
Notes à l’intention des rédacteurs
Un article paru dans le Bulletin de l’OMM sur la Veille mondiale des gaz à effet de serre peut être consulté ici
Le Bulletin de l’OMM sur les gaz à effet de serre présente chaque année, à l’appui des négociations des Nations Unies sur les changements climatiques, des informations actualisées sur les concentrations atmosphériques des principaux gaz persistants (dioxyde de carbone, méthane et protoxyde d’azote), qui atteignent régulièrement des niveaux record.
Le forçage radiatif, qui induit un réchauffement du système climatique, s’est accru d’environ 50 % entre 1990 et 2021. Il est imputable aux gaz à effet de serre persistants, le dioxyde de carbone contribuant pour près de 80 % à cette augmentation.
L’OMM mesure les concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre, c’est-à-dire les quantités restant dans l’atmosphère après l’absorption des gaz par des puits comme les océans et la biosphère. Il ne s’agit pas des émissions.
Le CO2 reste dans l’atmosphère pendant plusieurs décennies. Le méthane est plus puissant mais a une durée de vie plus courte d’environ 10 ans. Le protoxyde d’azote (provenant de sources naturelles et de l’agriculture) occupe la troisième place parmi les gaz les plus importants.
L’Organisation météorologique mondiale est l’organisme des Nations Unies
qui fait autorité pour les questions relatives au temps, au climat et à l’eau
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