Aider à bâtir une société résiliente et viable, prête à affronter les aléas météorologiques

La grande majorité des catastrophes ont une origine hydrométéorologique. Le temps, le climat et l’eau influent sur la société et sur tous les secteurs socio-économiques. Selon une étude réalisée par le Centre de recherche sur l’épidémiologie des désastres et le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes, 91 % des 7 255 catastrophes inscrites dans la base de données internationale sur les catastrophes 1998–2017 sont associées à des conditions hydrométéorologiques. Le Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015–2030 et d’autres instruments internationaux reconnaissent la nature multidanger des risques, à l’instar des décisions adoptées par le Congrès météorologique mondial et le Conseil exécutif de l’OMM.

Les Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN) des 192 Membres de l’Organisation procurent en temps opportun des produits et des services fiables sur le temps, le climat, l’eau et l’environnement connexe à une palette d’utilisateurs et de partenaires. Leurs activités, souvent conduites 24 heures sur 24, sont cruciales pour réduire les risques de catastrophe, de même que pour atténuer le changement climatique et s’adapter à ses effets. Elles s’emploient surtout à produire et fournir des prévisions météorologiques et des projections climatologiques, des avis de danger hydrométéorologique et des analyses de la variabilité et de l’évolution du climat. Les SMHN coordonnent également des activités de communication afin de sensibiliser la population et d’améliorer la compréhension et l’utilisation de leurs produits. Ils collaborent étroitement avec les organismes qui gèrent les risques de catastrophe et les situations de crise afin de minimiser les pertes humaines et matérielles, les répercussions économiques et les risques présents, tout en prévenant la création de nouveaux risques.

La «prestation de services» est un processus continu d’élaboration et de fourniture de services axés sur les besoins des utilisateurs, tandis qu’un «produit» est formé d’informations de base (observations, jeux de données etc.) ou d’informations résultant d’un processus d’analyse ou de prévision sur lesquelles s’appuie l’utilisateur pour prendre des décisions (OMM, 2014).

La préparation et la prestation de services liés au temps, au climat et à l’eau sont donc au cœur des travaux des SMHN. Depuis des années, la communauté météorologique s’efforce de résoudre des problèmes scientifiques et techniques afin de pouvoir procurer en temps opportun des informations fiables et exactes. La météorologie, la climatologie, l’hydrologie, l’océanographie et l’hydrogéologie ont chacune développé leur propre approche de la prestation de services. Certains secteurs qui reçoivent ces services ont eux aussi élaboré leur propre façon de gérer les répercussions des phénomènes dangereux sur la sécurité, l’efficacité et la continuité de leurs opérations, et requièrent pour cela des informations hydrométéorologiques personnalisées.

Les SMHN font face aux difficultés et aux possibilités qu’entraînent la mondialisation, l’urbanisation, le changement climatique et l’évolution des technologies de l’information et de la communication, sans oublier l’augmentation et la diversification des attentes des utilisateurs. L’importance de détenir en temps opportun des renseignements sur la formation, le lieu et les caractéristiques de phénomènes hydrométéorologiques, surtout si les aléas naturels se conjuguent ou se suivent en cascade, exige de fournir des services de prévision et d’alerte intégrés qui concernent plusieurs dangers, ne présentent pas de discontinuité et se centrent sur les impacts.

Pour s’adapter à l’évolution des conditions et des exigences au fil des décennies, l’OMM a adopté des politiques, stratégies et plans transsectoriels, a mis à contribution les conseils régionaux, commissions techniques et programmes et a lancé des initiatives et projets de développement des capacités de sorte à englober tous les éléments de la production et de la prestation de services. Elle continue d’exploiter au mieux les avancées scientifiques et technologiques et de rationaliser les approches et les dimensions touchant les services dans le souci d’améliorer le contenu et la prestation de ceux-ci. Les SMHN passent d’un fonctionnement centré sur les techniques, visant à fournir des données et produits, à un mode intégré de prestation de services, qui bénéficie de l’apport des sciences sociales et économiques. Ces changements sont l’occasion de faire progresser l’intégration entre les disciplines, les échelles spatio-temporelles, les nations voisines et les régions.​

Le Cadre de Sendai – Un appel à la communauté météorologique

Le Cadre de Sendai adopté en 2015 vise «la réduction substantielle des pertes et des risques liés aux catastrophes en termes de vies humaines, d’atteinte aux moyens de subsistance et à la santé des personnes, et d’atteinte aux biens économiques, physiques, sociaux, culturels et environnementaux des personnes, des entreprises, des collectivités et des pays». Pendant les négociations, les nations et les partenaires ont fait valoir plusieurs aspects importants:

  • Investir dans des systèmes nationaux d’alerte rapide de bout en bout axés sur la population, ainsi que dans des mécanismes régionaux efficaces d’alerte rapide multirisques compatibles avec les dispositifs nationaux;
  • Promouvoir l’utilisation d’installations et de matériel d’alerte rapide simples et peu coûteux;
  • Élargir les moyens de diffusion des alertes rapides de sorte à favoriser une action rapide.

Face à ces besoins, les États se sont engagés à atteindre l’objectif g) du Cadre de Sendai, soit améliorer nettement l’accès aux dispositifs d’alerte rapide multirisque et aux informations relatives aux risques.

Le Programme des Nations Unies pour le développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris mentionnent eux aussi l’importance des systèmes d’alerte précoce. L’objectif de développement durable 3 «Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge» et l’objectif 13 «Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions» invitent les gouvernements à renforcer les systèmes d’alerte précoce. Il en va de même de l’article 7 de l’Accord de Paris, qui vise «à renforcer les capacités d’adaptation, à accroître la résilience aux changements climatiques et à réduire la vulnérabilité à ces changements», et de l’article 8 qui concerne «la nécessité d’éviter et de réduire au minimum les pertes et préjudices liés aux effets néfastes des changements climatiques».

S’appuyer sur les réalisations passées

Les SMHN procurent des avantages à l’économie et à la société lorsque les utilisateurs prennent de bonnes décisions grâce aux produits et aux services qu’ils reçoivent. Les besoins sociétaux doivent faire partie de la chaîne de valorisation afin que la production et la prestation des services aident à prendre des décisions et à engager des actions aux retombées positives. L’élaboration des services doit aussi s’intéresser aux rôles que jouent la communication, la perception, l’interprétation et la prise de décisions. Il est de la plus haute importance d’analyser et d’évaluer les avantages socio-économiques qui découlent de la fourniture régulière de services par les SMHN.

Les travaux menés par les SMHN et leurs partenaires du monde universitaire, de la société civile et du secteur privé ont grandement amélioré la qualité et la diversité au niveau de chaque maillon de la chaîne de valorisation des services. Des progrès ont été réalisés dans la recherche, la modélisation numérique, l’observation (in situ et satellite), le calcul et la communication. Les systèmes ci-après, coordonnés par l’OMM, offrent une ferme assise pour l’avenir.​

Les services météorologiques, climatologiques et hydrologiques

Les services météorologiques fournissent des informations et avis sur l'état passé, présent et futur de l'atmosphère, les services hydrologiques étudient les eaux intérieures en surface et sous terre, les services océanographiques ou maritimes s’intéressent aux océans. Les services météorologiques se subdivisent en deux grandes catégories: les services axés sur le temps, dont les échelles vont de quelques minutes à quelques semaines, et les services axés sur le climat, aux échelles de plusieurs mois à plusieurs siècles. Les informations sur le climat préparent les utilisateurs aux conditions à venir et à leur incidence sur le cycle de l’eau.

La plupart des utilisateurs ne font pas la distinction entre le temps et le climat. De fait, il existe un chevauchement important dans l’étude du temps, du climat et de l’eau: les services météorologiques englobent des domaines d’application comme l’aviation, les transports et la prévention des catastrophes; les services climatologiques incluent souvent l’alerte précoce de phénomènes météorologiques, la santé et l’agriculture; les services hydrologiques s’intéressent à l’énergie et à la gestion des ressources en eau. On peut aussi définir les services selon les zones géographiques ciblées, par exemple les milieux urbains, les hautes montagnes, les régions polaires ou les littoraux.

Le Système mondial intégré des systèmes d’observation de l’OMM / Système d’information de l’OMM: Le Système mondial d’observation (SMO) et le Système mondial de télécommunications (SMT) ont permis la collecte quotidienne d’observations et l’échange en temps réel de données entre les Membres et les partenaires depuis plus de 60 ans. Sans eux, aucun Membre ne serait en mesure de répondre aux besoins de ses citoyens.

Une approche intégrée est aujourd’hui nécessaire pour continuer à progresser, la modernisation des systèmes d’observation au sol et dans l’espace devant permettre d’optimiser les connaissances sur l’état de l’environnement et d’exploiter les données produites. Le Système mondial intégré des systèmes d’observation de l’OMM (WIGOS) est destiné à encadrer et à optimiser l’évolution des infrastructures, y compris le SMO, qui resteront la propriété des organisations et des programmes qui les exploitent. Il favorisera aussi le bon usage des capacités actuelles et nouvelles, associant les acteurs régionaux et nationaux afin de garantir une bonne intégration.

Le Système d’information de l’OMM (SIO) bâti sur le SMT facilitera l’échange d’un grand volume de données, issues par exemple des nouveaux systèmes d’observation depuis le sol et l’espace, au profit de l’affinement des modèles et de leurs applications. Le SIO formera l’ossature vitale de la télécommunication, intégrant des jeux de données prioritaires en temps réel ou en différé, indépendamment de l’emplacement.

Le Système mondial de traitement des données et de prévision (SMTDP) étend la capacité de répondre aux besoins des utilisateurs en permettant l’échange des produits de la prévision numérique du temps (PNT) aux échelles temporelles allant de la minute aux décennies. Il rassemble tous les systèmes exploités par les Membres (y compris ceux qui sont coordonnés avec d’autres organisations internationales telles que l’Organisation de l’aviation civile internationale) et encadre l’échange et la fourniture des données, en s’appuyant principalement sur le SIO.

Peu de Membres disposent des capacités opérationnelles que requiert la mise en place de tels systèmes, compte tenu du coût élevé des opérations de calcul. Nombre des progrès les plus récents de la PNT s’appliquent particulièrement bien à la prévision des phénomènes météorologiques extrêmes dans les régions tropicales et subtropicales, mais seuls de grands SMHN situés hors de ces régions peuvent y participer. Le projet de démonstration concernant la prévision des conditions météorologiques extrêmes met les produits de la PNT établis par les Membres les plus avancés à la disposition de tous grâce à un dispositif de prévision en cascade: les SMHN reçoivent des produits de base mis au point par les centres météorologiques régionaux spécialisés, lesquels reçoivent des données et produits en provenance des centres météorologiques mondiaux. Le programme de formation qui accompagne le projet inclut désormais la prestation de services axés sur les impacts en vue de prévenir les catastrophes; la mise en œuvre et l’évaluation sont de plus en plus souvent réalisées conjointement à d’autres projets de démonstration de l’OMM concernant la prévision des crues éclair ou des inondations côtières.

 

Dangers hydrométéorologiques et risques secondaires

Selon la Terminologie relative à la réduction des risques de catastrophe, un aléa est un «processus, phénomène ou activité humaine pouvant faire des morts ou des blessés ou avoir d’autres effets sur la santé, ainsi qu’entraîner des dégâts matériels, des perturbations socioéconomiques ou une dégradation de l’environnement. (…) Les aléas peuvent être d’origine naturelle, anthropique ou socionaturelle. (…) Les aléas sont dits socionaturels lorsqu’ils sont associés à un ensemble de facteurs naturels et anthropiques, comme c’est le cas pour la dégradation de l’environnement et les changements climatiques. (…) Les aléas peuvent avoir une origine et des conséquences individuelles, séquentielles ou cumulatives. Chaque aléa est caractérisé par sa localisation, son intensité, son ampleur, sa fréquence et le degré de probabilité qui lui est associé. (…) Le terme «multirisque» fait référence aux multiples aléas importants auxquels un pays est confronté et aux contextes particuliers dans lesquels des événements dangereux peuvent se produire simultanément, en cascade ou de façon cumulative au fil du temps et produire d’éventuels effets concomitants. (…) Les aléas englobent (dans l’ordre alphabétique) les processus et phénomènes biologiques, géologiques, hydrométéorologiques, naturels et technologiques.»

Parmi les aléas hydrométéorologiques figurent les cyclones tropicaux, les crues, les périodes de sécheresse, les vagues de chaleur, les épisodes de froid et les ondes de tempête sur les côtes. Les conditions hydrométéorologiques peuvent contribuer à créer des risques secondaires qui sont imputables à des phénomènes naturels, des activités humaines et leurs interactions, tels les glissements de terrain, feux de forêt, invasions de criquets pèlerins, épidémies, transport et déversement accidentel de substances toxiques (particules radioactives, polluants atmosphériques, marées noires) et de matières et cendres volcaniques (danger particulier pour l’aviation).

La communauté météorologique joue un rôle décisif dans la réduction des impacts des aléas hydrométéorologiques et autres grâce à ses mécanismes de collaboration et à ses services intégrés de prévision et d’avis de bout en bout axés sur les impacts.

Le Programme concernant les cyclones tropicaux (PCT) permet aux prévisionnistes d’accéder à des données et produits classiques et spécialisés. Cela inclut les produits de la PNT et les observations issues de la télédétection, mais aussi des outils pour prévoir la formation des cyclones tropicaux, leur déplacement, l’intensification et la distribution des vents. Le PCT met également en place des systèmes nationaux qui sont coordonnés à l’échelle régionale dans le but de réduire au minimum les dommages. Il œuvre à l’échelon des pays et des régions par une action concertée visant les activités des Membres, des conseils régionaux et d’autres instances régionales et internationales.

Les activités d’intervention en cas d’urgence recourent aux techniques spécialisées de modélisation du transport et de la dispersion des matières dans l’atmosphère pour suivre et anticiper la propagation de substances dangereuses à la suite d’un rejet accidentel. Par ces activités, l’Organisation aide les SMHN, les partenaires nationaux et les organismes internationaux à réagir efficacement en cas d’urgence nucléaire ou autre. Ces activités reposent entièrement sur le SMTDP.

Information – En vue d’atteindre un large public, les Membres ont créé des plates-formes régionales d’alerte tel le site Meteoalarm (www.meteoalarm.eu) et des interfaces mondiales comme le Service d’information météorologique mondiale (WWIS) et le Centre d’information sur les phénomènes météorologiques violents (SWIC). Le WWIS (worldweather.wmo.int) diffuse les observations, prévisions et informations météorologiques et climatologiques officielles sur 2 800 villes (en décembre 2018). Le SWIC (severe.worldweather.wmo.int) offre au public et aux médias une source centralisée d’alertes et d’informations officielles sur les cyclones tropicaux, les chutes de pluie/neige intenses, les orages, les coups de vent et le brouillard. Il a été mis au point par l’Observatoire de Hong Kong, qui en assure la gestion. Le site Web renferme les avis, ou des liens vers les avis, émis par les centres météorologiques régionaux spécialisés et par les centres d’avis de cyclones tropicaux, selon les informations et alertes du moment.

Prévision et alerte axées sur les impacts – Les SMHN font plus de place aux services de prévision et d’alerte axées sur les impacts afin de répondre à la demande croissante de services interprétatifs et interactifs. Au lieu de dire «ce que le temps sera», on décrit «ce que le temps fera». L’OMM aide les Membres à mettre au point des techniques qui leur permettront de préparer des messages faciles à comprendre, propres à déclencher des mesures immédiates pour protéger les personnes et les biens et soutenir l’économie nationale (OMM, 2015(c)).

Les services de prévision et d’alerte multidanger axées sur les impacts

La diffusion en temps opportun d’alertes fiables a notablement réduit le nombre de décès dus aux phénomènes hydrométéorologiques, mais les coûts socio-économiques ne cessent de croître. Une connaissance insuffisante des conséquences de tels événements explique la persistance des pertes humaines et matérielles. De nombreux SMHN s’orientent donc vers la fourniture de prévisions et d’alertes multidangers axées sur les impacts, qui comprennent des informations faciles à comprendre et à utiliser sur les conséquences attendues selon le secteur et l’emplacement.

On peut anticiper, par exemple, les effets de chutes de pluie sur la circulation routière aux heures de pointe ou les répercussions de vents forts sur la circulation aérienne. Cela exige de mettre au point avec le secteur des transports un modèle d’impact qui complète les informations météorologiques par des jeux de données sur la vulnérabilité et l’exposition. L’évaluation des risques de catastrophe et la prévision des impacts font rarement partie des attributions des SMHN. Mais comme les risques et les impacts découlent souvent de phénomènes hydrométéorologiques, on peut estimer que les SMHN sont les mieux placés pour les prévoir, en partenariat avec d’autres organismes.

Enjeux et nouveaux besoins de la société

La fourniture de services qui répondent aux besoins nationaux et correspondent aux enjeux mondiaux repose sur trois piliers.

Une approche intégrée et multidisciplinaire (sciences naturelles et sociales) du système terrestre – Les objectifs fixés dans le projet de Plan stratégique de l’OMM pour la période 2020–2023 mettent l’accent sur l’intégration de toutes les composantes du système terrestre, incluant les océans, la cryosphère, les terres émergées, les aérosols et leurs interactions (Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme, 2016)

L’intégration des observations, la surveillance, la modélisation et l’assimilation des données destinées à représenter le système terrestre sont cruciales pour parvenir à la prévision et l’analyse sans discontinuité. La représentation détaillée des processus physiques et chimiques et le couplage de l’atmosphère, l’eau et les terres émergées feront partie intégrante des modèles à toutes les échelles et échéances de prévision ciblées. La collaboration avec les meilleures équipes de recherche dans le monde, y compris en sciences sociales, est essentielle.

La prestation de services météorologiques dans l’approche du système Terre

système Terre«Dans le contexte de la prévision météorologique, le ‘système Terre’ fait référence à l‘enveloppe fluide de la Terre et à ses interactions avec la surface sous-jacente. Les composantes du système Terre, telles que l’atmosphère, les océans, la glace de mer et la surface des terres émergées continentales, ont une incidence significative sur les conditions météorologiques. La modélisation de leurs interactions peut donc contribuer à une amélioration des prévisions météorologiques. (…) la modélisation de l’océan (…) a, par exemple, permis d’améliorer les prévisions à moyenne échéance, ainsi qu’à l’échelle mensuelle et saisonnière. L’adoption d’une approche système Terre consiste à représenter les interactions entre autant de composantes du système Terre que nécessaire, au niveau de complexité requis (…).» (Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme, 2016)

Des systèmes de prévision et d’alerte multidanger de bout en bout axés sur la population et sur les impacts – Les SMHN jouent un rôle de premier plan dans l’amélioration et l’exploitation des systèmes d’alerte précoce. Les pouvoirs publics et beaucoup d’organisations non gouvernementales sont juridiquement et moralement tenus de protéger la population et l’économie en diffusant des alertes précoces. Il est possible de ramener à un niveau acceptable les risques liés à certains aléas et de se préparer à leurs conséquences. Dans les autres cas, on peut faire en sorte que les dangers, leur probabilité et la gravité de leurs impacts soient mieux connus. Un ensemble de dispositifs d’alerte, officiels ou non, existent pour la plupart des dangers – ciblant souvent un seul aléa ou un groupe d’aléas similaires/liés, mais exploités simultanément par des particuliers, des municipalités, des entreprises, des gouvernements et des organisations internationales. Ils constituent collectivement une première défense contre une diversité d’aléas.

Le concept et les composants des systèmes d’alerte précoce multidanger doivent être bien compris si l’on veut développer et renforcer ceux-ci, les faire bénéficier en priorité des investissements et de la coopération internationale et mesurer leur efficacité et leur évolution (Luther et al., 2017). La nouvelle définition d’un «dispositif d’alerte rapide» adoptée à l’échelon intergouvernemental, telle qu’elle figure dans l’édition 2016 de la Terminologie relative à la réduction des risques de catastrophe, est la suivante: «Un système intégré de mécanismes et de processus de suivi, de prévision et d’évaluation des aléas, de communication et de préparation aux catastrophes permettant aux personnes, aux communautés, aux gouvernements, aux entreprises et à d’autres intervenants de prendre rapidement les mesures qui s’imposent pour réduire les risques de catastrophe en cas d’événements dangereux». Le commentaire qui l’accompagne précise: «un dispositif d’alerte rapide, efficace, intégral et axé sur l’être humain doit présenter quatre grandes composantes interdépendantes» (voir l’illustration). «Pour que le système puisse fonctionner correctement, ces quatre composantes indissociables doivent être coordonnées au sein de chaque secteur, entre les différents secteurs et à plusieurs niveaux, et s’accompagner d’un mécanisme de retour d’information permettant d’assurer une amélioration continue. La défaillance de l’une de ces composantes ou l’absence de coordination entre les différentes composantes peut provoquer l’échec de l’ensemble du système.» Le commentaire poursuit: «Les dispositifs d’alerte rapide multirisque visent à répondre à plusieurs dangers ou effets analogues ou différents lorsque des événements dangereux se produisent séparément, simultanément, en cascade ou de façon cumulative au fil du temps, en tenant compte de leurs éventuels effets concomitants. Un dispositif d’alerte rapide multirisque par lequel les populations sont mises en garde contre un ou plusieurs risques produit des alertes plus efficaces et cohérentes, notamment grâce à des capacités et mécanismes coordonnés, compatibles et multidisciplinaires au service de la détermination précise et actualisée des aléas et de la surveillance multirisque». (Assemblée générale des Nations Unies, 2016)

 

Liaison entre les quatre éléments
Liaison entre les quatre éléments d’un système d’alerte précoce de bout en bout axé sur la population et la chaîne de valorisation des services hydrométéorologiques (source: OMM, 2018)

Des politiques, normes/modèles, cadres de travail et interfaces nouveaux pour échanger/obtenir les données, produits et services – Les documents et textes d’orientation de l’Organisation offrent aux SMHN une bonne base pour communiquer utilement des informations officielles, dignes de foi, au public et aux parties intéressées, ainsi que pour interagir avec eux. En 2018, le Conseil exécutif a demandé que soient préparés un guide général de la prestation de services et un guide sur les services météorologiques, environnementaux et climatologiques intégrés en milieu urbain, à partir des textes d’orientation déjà rédigés. Le Conseil a demandé en outre de s’attacher à renforcer les capacités des SMHN sur le plan de la collaboration avec le secteur de la santé, par le recueil et l’échange de données sur le sujet, des services de prévision axés sur les impacts et des textes d’orientation propres à améliorer la prestation de services, comme cela a été convenu en 2018 dans le cadre de la collaboration instaurée avec l’Organisation mondiale de la Santé. L’OMM doit préserver son rôle de chef de file en ce qui a trait à l’élaboration de politiques, normes et cadres de travail sur les services clés et leur prestation.

Alors que les impacts des aléas hydrométéorologiques touchent une population et des biens toujours plus exposés et vulnérables par delà les frontières politiques, il importe de faciliter l’accès en temps opportun aux avis et alertes fiables dans tous les pays. De plus, ces informations doivent être faciles à comprendre pour les décideurs à tous les échelons, y compris au sein des Nations Unies et des organisations humanitaires, et pour l’ensemble de la population afin d’optimiser leur valeur et leur utilité. C’est la raison pour laquelle l’OMM renforce la capacité de réunir les alertes et les informations sur les impacts à l’échelle des pays, des régions et du globe.

Un système mondial d’alerte multidanger

Le Système mondial d’alerte multidanger (SMAM) que l’OMM envisage de créer offrirait un cadre pour étendre et améliorer sensiblement la disponibilité et l’accessibilité des alertes et informations fiables sur les phénomènes à fort impact liés au temps, à l’eau et au climat. Il serait une source largement connue et accessible d’informations sur les alertes officielles, stimulant et permettant, entre autres: le développement des capacités et la diffusion de pratiques recommandées; une sensibilisation efficace des populations menacées et des décideurs; la hausse de la notoriété et de la reconnaissance des autorités nationales d’alerte (dont les SMHN) par les principaux utilisateurs et acteurs nationaux, régionaux et mondiaux (compte tenu de la mobilité mondiale); l’harmonisation et la normalisation des alertes et la coopération transfrontière. Il donnerait également aux partenaires pour le développement des renseignements utiles pour orienter les investissements.

Certains éléments organisationnels et techniques du Système reposeraient sur les mécanismes et infrastructures existants et futurs de l’OMM, reconnaissant et soulignant qu’ils appartiennent aux Membres. Le concept en cours d’élaboration cadrera avec les rôles et fonctions des centres qui forment le SMTDP. Le SMAM pourrait exploiter la technologie des centres d’alerte, dont le prototype a été élaboré par le projet Big Data de l’Administration américaine pour les océans et l’atmosphère. Le SIO servirait à archiver les alertes, avis et informations connexes émanant de sources officielles et à transmettre celles-ci aux utilisateurs autorisés. Le recours au SIO garantira l’absence de coûts pour les SMHN. Le SMAM mettrait également à profit les plates-formes et mécanismes sous-régionaux et régionaux d’alerte qui existent déjà, ainsi que les projets de démonstration mentionnés plus haut.

Le WWIS et le SWIC seraient les composantes essentielles du SMAM. Ils devraient être développés afin d’offrir aux utilisateurs une interface en ligne avec affichage graphique, en précisant que les données proviennent de l’OMM et des SMHN. L’Observatoire de Hong Kong s’emploie à mettre le module au point. Le portail Web du Service mondial OMI/OMM d’information et d’alerte pour la météorologie maritime et l’océanographie, hébergé par Météo-France à l’intention des utilisateurs des transports maritimes, procure déjà nombre des fonctions envisagées pour le SMAM de façon simple et peu coûteuse, mais efficace.

 

Les prochaines étapes et les avantages escomptés

Les avis et les alertes doivent être largement diffusés et faciles à comprendre si l’on veut optimiser leur valeur et leur utilité pour protéger les populations et les biens exposés et vulnérables. L’OMM étend la capacité de produire et de fournir des services de grande qualité, y compris des alertes qui renferment des informations sur les impacts et qui peuvent être agrégées au niveau régional et mondial. Une infrastructure intégrée et une approche multidisciplinaire (sciences naturelles et sociales) élargiront la possibilité d’améliorer les observations, le traitement des données, la prévision et la diffusion/communication dans les systèmes d’alerte précoce multidanger. La démarche profitera aux initiatives que l’OMM mène en concertation dans divers domaines (infrastructure, politiques, sensibilisation, information, développement des capacités) et permettra de fournir des données et informations solides afin que les Membres puissent offrir des services harmonisés. Le concept de système d’alerte précoce multidanger est un exemple concret de prestation de services sans discontinuité qui requiert, entre autres conditions favorables, une bonne gouvernance, des normes, des partenariats et des cadres d’appui mondiaux et régionaux.

La fourniture de tels services à des utilisateurs toujours plus divers dans le contexte actuel de mondialisation et de mutation rapide doit reposer sur des connaissances scientifiques et des infrastructures solides, mais s’appuyer aussi sur l’organisation et la coordination, la conception de produits et services, les approches participatives, la concertation et la collaboration avec les milieux de la recherche et le secteur privé. Cela vaut particulièrement pour les services qui sont destinés à la population – surtout les segments les plus vulnérables – et aux responsables de la prévention des catastrophes. Les services doivent être systématiquement adaptés aux politiques et aux lois nationales. De nouveaux efforts sont déployés, telle la proposition de créer un système mondial d’alerte multidanger ou un mécanisme de coordination pour soutenir l’action humanitaire et étendre l’emploi des bonnes pratiques définies par les Membres.

Le premier but à long terme arrêté dans le projet de Plan stratégique de l’OMM pour la période 2020–2030. concerne l’élargissement des capacités des Membres sur le plan de l’élaboration, l’obtention et l’utilisation de services exacts, fiables et adaptés à l’usage prévu, de manière à soutenir au mieux le processus décisionnel et les actions propres à concrétiser les perspectives de l’OMM à l’horizon 2030. Les quatre objectifs stratégiques qui lui sont rattachés s’intéressent tous aux services – en particulier les alertes précoces – qui sont liés aux phénomènes hydrométéorologiques et à une large gamme d’applications.

La réforme des organes constituants de l’OMM en cours s’aligne sur le Plan stratégique 2020-2030 en vue de faciliter l’atteinte des objectifs fixés. La Commission des services et applications se rapportant au temps, au climat, à l'eau et à l'environnement devrait contribuer à l’élaboration et la mise en œuvre de services et applications harmonisés qui seront propices à la prise de décisions éclairées. La nouvelle structure permettra d’intégrer durablement les compétences, au sein des comités permanents thématiques, tout en offrant la souplesse et la réactivité des groupes temporaires pour étudier les difficultés et les possibilités à mesure qu’elles se présentent. Les sujets de préoccupation des Membres seront analysés collectivement, sans tarder et de façon systématique, rationnelle et efficace afin d’aider les SMHN à asseoir leur viabilité et leur utilité.

Les services intelligents et adaptés devraient bénéficier à tous les membres de la population – quels que soient leur âge, sexe, nationalité, handicap, minorité, etc. Tous les secteurs et domaines d’application, toutes les échelles spatio-temporelles et tous les secteurs géographiques, incluant les milieux urbains, les régions polaires, les hautes montagnes et les littoraux, se compléteront de sorte à rehausser la qualité et la prestation des services.

 

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