Les systèmes d’alerte précoce aident la société à se préparer et à réagir aux différents types de catastrophes, dont celles qui sont associées à des aléas hydrométéorologiques. Ils sauvent des vies et minimisent les répercussions sur l’économie et l’environnement. Plusieurs initiatives internationales d’échelle régionale et mondiale s’intéressent à l’alerte précoce. Le Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015–2030 énonce expressément la nécessité d’«améliorer nettement, d’ici à 2030, l’accès des populations aux dispositifs d’alerte rapide multirisque et aux informations et évaluations relatives aux risques de catastrophe». Il invite à redoubler d’efforts en faveur de l’efficacité, l’intégration et la viabilité des systèmes de prévision et d’alerte précoce. On insiste, dans la réforme de la gouvernance de l’OMM, sur l’importance de fournir des services intégrés qui ciblent les impacts, englobent plusieurs dangers, reposent sur la science et se centrent sur la population. De ce point de vue, qu’apporteront les jeunes scientifiques – qui seront en milieu de carrière en 2030 – à la conception et la mise en œuvre de systèmes d’alerte précoce multidanger axée sur les impacts.
Quatre éléments sont nécessaires pour intégrer les systèmes d’alerte précoce de bout en bout ou axés sur la population et fondés sur la science (voir l’illustration page ci-contre):
- La connaissance des risques de catastrophe fondée sur la collecte systématique de données et l’évaluation des risques de catastrophe;
- Des activités de détection, de suivi, d’analyse et de prévision des dangers et de leurs éventuelles conséquences;
- La diffusion et la communication, par des instances officielles, d’alertes fiables, précises et pratiques en temps opportun, ainsi que d’informations concernant la probabilité et les éventuelles conséquences d’une catastrophe;
- La préparation à tous les niveaux pour répondre aux alertes reçues.
Il est essentiel de coordonner et d’intégrer les activités qu’exécutent les nombreux acteurs du domaine – Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN), organismes de protection civile, ministères, secteur des technologies de l’information et de la communication, organisations non gouvernementales (ONG), universités et centres de recherche. De plus, les systèmes d’alerte précoce ne doivent plus se limiter à un ou deux aléas mais englober plusieurs dangers différents – quoique souvent interreliés – d’origine naturelle. Des synergies pourraient s’établir dans la gestion des données, la modélisation, la surveillance, la communication et l’intervention et des liens d’interdépendance apparaître plus clairement avec le temps. Une telle approche requiert une collaboration entre plusieurs domaines de spécialisation afin de diffuser des alertes ciblées à la population et aux secteurs économiques.
L’intégration des maillons qui composent la chaîne de valorisation de l’alerte précoce n’est pas aisée. Beaucoup de domaines – sciences naturelles, sciences sociales, technologies de l’information et de la communication, etc. – devront apprendre à travailler ensemble. Il faudra repenser les compétences et les capacités du personnel et trouver des manières d’approfondir la collaboration entre les secteurs à divers échelons afin de parvenir à des solutions multidisciplinaires. L’intégration exige de s’engager durablement à tisser de solides relations entre les disciplines – et d’être prêt à englober une telle complexité. Le processus se heurte fréquemment à la faiblesse des structures de gouvernance, de l’échelon national à local, due à un financement insuffisant ou à d’autres facteurs.
Malgré les multiples défis et difficultés, les jeunes scientifiques peuvent aider à intégrer les systèmes d’alerte précoce d’aujourd’hui et de demain. Ils apportent leur énergie et leur enthousiasme, font preuve d’une ouverture d’esprit et d’une souplesse tournées vers l’expérimentation et l’innovation, dans le secteur des communications notamment. Ces atouts sont propices à l’intégration de la chaîne de valorisation et à l’adoption d’une approche multidisciplinaire. Nous verrons pourquoi les jeunes scientifiques sont les mieux à même de soutenir l’intégration et examinerons les dispositifs qui permettraient d’amplifier la portée de leur action.
La méthode
Les jeunes scientifiques désignent ici des diplômés universitaires qui ont moins de 35 ans ou moins de huit années d’expérience professionnelle (Cette définition concorde avec celle adoptée par l’Union européenne des géosciences pour les jeunes chercheurs/scientifiques en début de carrière). Dans un SMHN, il peut s’agir de météorologues, hydrologues, climatologues ou géologues; l’intégration des systèmes d’alerte précoce requiert cependant l’apport d’autres disciplines – sciences sociales, communications, santé, technologies de l’information, etc. –, la participation d’organisations internationales, du secteur privé, de centres de recherche, d’universités et d’ONG, ainsi que la contribution de bénévoles. Les jeunes scientifiques aux compétences multidisciplinaires peuvent jeter des ponts entre les composantes des systèmes d’alerte précoce, les différents dangers et les divers utilisateurs.
Le Réseau des jeunes pour l’eau (Water Youth Network) a réuni en décembre 2018 les renseignements sur lesquels s’appuie cet article. L’étude a comporté 17 entretiens sur les possibilités qu’ont les jeunes de soutenir les approches intégrées de l’alerte précoce, les difficultés rencontrées, les mécanismes de soutien nécessaires et les avis sur la façon de bâtir avec succès un réseau de jeunes spécialistes des systèmes d’alerte précoce. Les dix-sept personnes interrogées étaient originaires des pays suivants: Argentine (3), Bangladesh (1), Brésil (3), Bosnie-Herzégovine (1), El Salvador (3), Finlande (1), France (1), Géorgie (1), Italie (1), Royaume-Uni (1) et Tanzanie (1). Quinze travaillaient dans des organismes publics chargés des systèmes d’alerte précoce, deux dans des établissements de recherche, mais les postes occupés et les domaines étudiés variaient. Six étaient des femmes. Les impératifs du calendrier ont limité le nombre d’entretiens, mais d’autres sont prévus pour faciliter la mise en place du réseau.
Possibilités de favoriser l’intégration
Pendant les entretiens, les jeunes scientifiques ont estimé que les qualités ci‑après étaient souhaitables pour contribuer à intégrer plus avant les systèmes d’alerte précoce.
Early Warning Systems – Young professionals’ network
Un réseau de jeunes spécialistes des systèmes d’alerte précoce
Le Réseau des jeunes pour l’eau met en relation des scientifiques en début de carrière dans le secteur de l’eau. Son équipe pour la réduction des risques de catastrophe a entrepris de créer un réseau de jeunes spécialistes des systèmes d’alerte précoce qui œuvrent dans diverses disciplines de la science, de la politique et de l’exploitation au sein des secteurs public, privé et non lucratif. Le réseau s’intéresse plus particulièrement aujourd’hui aux aléas de nature hydrologique. Ses membres ont moins de 35 ans ou moins de huit années d’expérience professionnelle.
Objectifs:
- Cerner les difficultés et les besoins: recueillir des renseignements sur la façon dont les jeunes scientifiques abordent les difficultés que posent les systèmes d’alerte précoce, les mesures qu’ils prennent pour combler les lacunes et les mécanismes d’appui dont ils ont besoin;
- Diffuser le savoir: communiquer les données d’expérience et les points de vue des jeunes scientifiques de diverses disciplines et de différents pays spécialisés dans les systèmes d’alerte précoce, par le biais de bulletins, séminaires en ligne, etc.;
- Offrir des possibilités de travailler dans plusieurs disciplines: mettre en relation de jeunes scientifiques et des chercheurs aguerris qui œuvrent dans des milieux différents sur des composantes différentes des systèmes d’alerte précoce.
Le réseau comprend un forum pour l’échange d’idées et d’expérience et une tribune pour motiver et stimuler la nouvelle génération de spécialistes des systèmes d’alerte précoce.
Ouverture aux nouvelles technologies, à l’apprentissage et aux échanges – Les personnes interrogées ont fait preuve d’une grande capacité d’apprendre et de comprendre les nouvelles technologies et ont manifesté un intérêt pour l’échange de savoir entre des disciplines très diverses. Elles jugeaient important d’effectuer des recherches et des essais sur de nouvelles approches avant et pendant la mise en œuvre. La contribution des utilisateurs à toutes les étapes bénéficiait d’un ferme soutien. Les participants étaient conscients de leur capacité d’apporter de nouvelles idées et de stimuler des approches inédites qui relient la science et la technologie de diverses branches. Ils ont insisté sur l’importance de la formation continue. Par les activités de formation et d’information, ils se tiennent au courant des progrès techniques accomplis dans différents domaines et ciblent les besoins des utilisateurs. Ils savent que l’échange de savoir avec des spécialistes expérimentés les a aidés à intégrer les connaissances locales de manière originale dans de nouveaux procédés, outils et techniques.
«Sur le plan technologique, c’est faisable. Nous pouvons fournir les connaissances scientifiques. Nous détenons la puissance de calcul nécessaire. Les prévisions mondiales offrent une résolution suffisante. Elles ne sont pas parfaites, mais on peut les produire. La grande difficulté, c’est de traduire ces informations en décisions concrètes auxquelles il est donné suite à l’échelon local. J’ai l’impression que le fossé est encore énorme.» – Scientifique, Royaume-Uni
«Je pense que l’un des défis est d’introduire des idées nouvelles dans le système en place. Il ne s’agit pas seulement de convaincre, il faut aussi montrer l’intérêt que présentent les nouvelles possibilités, les nouvelles données et les nouvelles techniques. Il n’est pas toujours facile de faire bouger les systèmes; je crois que cela peut être un apport important des jeunes scientifiques: faire la soudure entre les systèmes actuels et de nouvelles possibilités qui pourraient mieux convenir à la réalité opérationnelle de terrain.»
– Chercheur, France
Capacité de conjuguer plusieurs disciplines – Les personnes interrogées étaient déterminées à travailler de manière interdisciplinaire et conscientes de l’importance d’inclure des savoirs moins traditionnels. L’intégration suppose que des personnes voient les synergies possibles entre les départements, les institutions et les utilisateurs. Les participants ont expliqué comment ils procédaient dans la pratique: rédiger conjointement des propositions de projet sur des systèmes d’alerte précoce, tisser des liens entre les ministères afin de régler les problèmes, par exemple. De nombreux rapprochements surviennent par des échanges informels entre les jeunes scientifiques qui bâtissent leur réseau. Beaucoup jugeaient nécessaire de cerner et d’analyser les problèmes sous un angle multidisciplinaire. En ce qui a trait à l’intégration des systèmes d’alerte précoce, les participants estimaient que leur rôle consistait à expliquer et faire comprendre l’importance d’associer plusieurs disciplines pour obtenir de bons résultats. Ils devaient démontrer l’intérêt de l’intégration sur leur lieu de travail et dans des réseaux plus vastes.
«Notre service est à la recherche d’un jeune diplômé en sciences sociales – un sociologue ou un spécialiste de la communication des risques. Si nous voulons créer un bon système de prévision et d’alerte axé sur les impacts, qui déclenche les comportements voulus dans la population lors des situations d’urgence, l’équipe ne peut pas être composée uniquement d’hydrologues et de prévisionnistes!» – Prévisionniste en hydrologie, El Salvador
«Quand je suis entré en fonction, mon supérieur m’a envoyé au département de la prévision hydrologique pendant deux mois. Cela m’étonnait, parce que je suis sociologue! Je comprends maintenant que, pour avoir une vue d’ensemble et créer des systèmes d’alerte précoce efficaces axés sur la population, il faut travailler avec toutes sortes de disciplines! Selon mon expérience, quand on adopte une approche multidisciplinaire, on ne peut pas revenir en arrière! C’est l’avenir.»
– Sociologue, Argentine
Initiative et motivation – L’intégration exige que des personnes fassent preuve d’initiative et de motivation afin de relier les différents éléments d’un système d’alerte précoce et stimuler les changements. La détermination et l’enthousiasme des jeunes scientifiques peuvent être mis au service d’une plus grande intégration. Les personnes interrogées étaient prêtes à échanger leurs connaissances, proposer de nouvelles idées et chercher de solutions aux problèmes. Ils essayaient de jeter un regard neuf sur les choses, afin de faciliter le déroulement de leurs activités quotidiennes. Les effets positifs de leur action sur les utilisateurs finals les incitent à contribuer davantage à l’adoption d’approches multidangers, de bout en bout, et à bâtir des relations interdisciplinaires durables. Ils veulent absolument réussir et exercer plus de responsabilités. Cette détermination pourrait toutefois s’estomper si l’on ne voyait pas le fruit de leurs efforts.
«Le plus gratifiant pour moi est de voir que nos prévisions étaient exactes. Savoir que ces informations ont aidé à réduire les effets préjudiciables de conditions extrêmes est très valorisant.» – Prévisionniste en météorologie, Italie
«Ce que j’adore dans ce travail, c’est d’aider à protéger les autres. J’ai une véritable passion pour les risques et les conditions météorologiques extrêmes. J’ai le sentiment de faire quelque chose d’utile pour réduire les impacts, tant sur le plan humain qu’économique, en aidant les gens à mieux se préparer.»
– Conseiller, météorologiste et chercheur, Finlande
Soutenir l’action des jeunes scientifiques
Il convient d’accélérer le passage de la recherche à l’application. À cette fin, l’approche globale de la gestion des risques et l’intégration des systèmes d’alerte précoce devraient être étudiées au début de l’enseignement universitaire, afin que les futurs experts commencent à rassembler les connaissances multidisciplinaires dont ils auront besoin.
Rapprocher la recherche et la pratique – Les organismes gouvernementaux pourraient y contribuer en présentant leurs connaissances et leurs outils dans les universités – lors de portes ouvertes avec conférenciers invités ou dans le cadre de mentorats – afin de susciter l’intérêt des étudiants. On devrait donner aux chercheurs de troisième cycle l’occasion de travailler dans les SMHN ou les organismes de gestion des catastrophes. Il serait bon d’inciter les jeunes spécialistes des systèmes d’alerte précoce à poursuivre leurs études jusqu’au niveau post-doctoral dans les universités locales et à chercher des programmes d’échange et des possibilités de détachement afin d’enrichir leurs compétences.
«J’ai dirigé les travaux de thèse d’étudiants en génie civil. L’enseignement qu’ils reçoivent porte presque uniquement sur la conception et la construction d’ouvrages d’art; un ou deux cours sont consacrés à l’hydrologie et l’hydraulique, mais pratiquement rien sur la prévention des catastrophes ou les phénomènes dangereux. La situation était la même quand j’étais étudiant et j’avais dû aller à l’étranger pour me spécialiser dans un domaine qui va au-delà du génie civil pur et dur.»
– Spécialiste des systèmes d’alerte précoce, El Salvador
EXEMPLES DE MÉCANISMES D’APPUI
Évolution des institutions
En Argentine, le Service météorologique national s’est doté d’un département expressément chargé des liens entre la météorologie et la société, entre les prévisions et les utilisateurs. Le département embauche de jeunes diplômés en sciences sociales pour les questions qui concernent les alertes, la communication et la perception des risques.
Le Brésil a créé en 2011 le Centre de surveillance et d’alerte en cas de catastrophes naturelles. Un grand nombre de jeunes scientifiques ont été embauchés – en hydrologie, météorologie, géologie et autres disciplines, dont les sciences sociales – pour œuvrer à l’interface entre la recherche et son application dans l’alerte axée sur les impacts.
Participation à des projets
Dans le cadre du Système régional intégré d’alerte précoce multidanger pour l’Afrique et l’Asie, de jeunes chercheurs sont affectés au Centre de prévision et d’avis de crues et au Département de météorologie du Bangladesh afin de soutenir la mise en œuvre de projets – en évitant la bureaucratie. Ces jeunes recrues proposent des modes interdisciplinaires d’exécution, élaborent de nouveaux projets et entretiennent des relations avec de multiples acteurs nationaux et internationaux.
En 2018, un vaste projet a été lancé en Géorgie dans le but d’étendre le système d’alerte précoce multidanger et d’élargir l’utilisation de l’information climatologique. L’initiative est financée par le Fonds vert pour le climat et mise en œuvre par le Programme des Nations Unies pour le développement, en association avec le Ministère géorgien de la protection de l’environnement et de l’agriculture et la Direction suisse du développement et de la coopération. Le projet offre d’excellentes occasions de renforcer les capacités du Département d’hydrométéorologie, qui relève de l’Agence nationale pour l’environnement, et d’associer de nombreux jeunes spécialistes de domaines divers par des moyens novateurs.
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Élargir les compétences multidisciplinaires et les débouchés professionnels – Les jeunes spécialistes des systèmes d’alerte précoce ont du mal à trouver un emploi – et lorsqu’ils sont embauchés, ils n’appartiennent pas à la même génération que le personnel d’encadrement et éprouvent de la difficulté à enrichir leurs compétences multidisciplinaires. Comme beaucoup de haut diplômés dans les pays en développement, ils doivent travailler dans un domaine qui n’est pas le leur ou partir à l’étranger. Cela peut être l’occasion, cependant, d’acquérir plus de compétences et d’expérience dans diverses disciplines.
«On doit mettre en place un nouveau système d’alerte précoce axé sur les impacts cette année. Nous devons embaucher des spécialistes de divers domaines mais il est difficile, parfois même irréaliste, de recruter du personnel ou de créer des postes avec l’argent disponible.»
– Prévisionniste en hydrologie, El Salvador
Il faut donner aux jeunes spécialistes des systèmes d’alerte précoce la possibilité de sortir de leur champ de compétence afin d’acquérir des aptitudes plus larges et de favoriser l’intégration interdisciplinaire. Un moyen d’y parvenir est de soutenir les ateliers d’échange de savoir, de formation et de création de réseaux qui rassemblent des équipes, départements et institutions d’horizons divers. Les experts de disciplines différentes qui connaissent les pratiques recommandées à l’échelon international peuvent apprendre à travailler ensemble. Les échanges de courte durée entre institutions, organismes ou équipes peuvent aussi donner de bons résultats. Les institutions doivent évoluer afin d’intégrer diverses façons de travailler dans les départements et de redéfinir les postes.
«Un large fossé sépare les jeunes scientifiques et les hauts fonctionnaires au Ministère tanzanien de l’eau et de l’irrigation. Cependant, les jeunes scientifiques affectés à l’hydrologie n’ont pas tous fait leurs études dans ce domaine; certains sont spécialisés en géographie, génie hydraulique, environnement, génie civil, entre autres. Autant dire que le renforcement des capacités par l’accompagnement personnel ou un mode classique de formation revêt une importance cruciale.»
–Hydrologue, République-Unie de Tanzanie
Il faudrait trouver de nouveaux moyens, moins bureaucratiques, de recruter les jeunes spécialistes des systèmes d’alerte précoce qui sont compétents dans plusieurs disciplines, par exemple en les embauchant comme consultants sur des projets, en faisant la promotion de l’entrepreunariat ou en sollicitant les secteurs privé et non lucratif. De grands projets financés à l’échelon international offrent actuellement aux jeunes scientifiques des occasions intéressantes d’étendre leur expérience multidisciplinaire..
Plus de responsabilité et d’initiative – Les jeunes scientifiques motivés qui ont l’état d’esprit, les compétences multidisciplinaires et les réseaux voulus peuvent aider à développer des systèmes d’alerte précoce intégrés. Le personnel d’encadrement doit valoriser leur apport, affiner leur capacité d’initiative professionnelle, les accompagner dans leur démarche et leur offrir un mentorat.
Tisser des liens à l’échelon mondial, national et local – L’intégration exige de solides relations entre les spécialistes de disciplines et de secteurs différents. Les jeunes scientifiques doivent pouvoir tisser des liens, s’associer et interagir avec d’autres spécialistes de tous âges à l’échelon local, régional et mondial dans les secteurs public, privé et non lucratif. L’exécution de projets conjoints et la mise au point d’approches et d’outils novateurs pourraient en résulter.
Étapes à venir
L’OMM a pour mission de protéger les personnes et les biens grâce à des systèmes d’alerte précoce de danger naturel. Soucieuse d’améliorer ces dispositifs, elle adoptera une approche globale du système terrestre et élaborera des alertes multidangers axées sur les impacts. Elle doit aussi remédier aux écarts sur le plan des techniques et des compétences qui existent entre ses Membres et trouver des solutions pour les nombreux SMHN qui manquent de ressources humaines et financières – d’autant qu’une bonne partie des effectifs prendront bientôt leur retraite et emporteront avec eux leurs connaissances. L’écart n’existe pas seulement entre les Membres, il existe aussi entre les générations. La solution viendra en partie de l’inclusion et du mentorat de jeunes scientifiques aux talents multidisciplinaires – qui mettront leur énergie, leur savoir-faire et leurs compétences au service du rapprochement de la recherche et de la pratique.
L’OMM devrait se pencher sur les besoins des jeunes scientifiques, aujourd’hui comme demain, et aider à y répondre par divers moyens: offrir plus de stages et d’occasions de nouer des relations lors d’événements internationaux; accepter davantage de détachements, de postes d’administrateurs auxiliaires, de contrats de courte durée et de consultations d’experts; faciliter la création de réseaux de jeunes scientifiques. L’Organisation pourrait également promouvoir les travaux de recherche interdisciplinaire susceptibles d’avoir des retombées concrètes.
«Les réseaux et les milieux spécialisés sont très importants pour que les jeunes scientifiques puissent découvrir et comprendre les différentes façons de s’attaquer aux problèmes environnementaux et sociaux auxquels nous sommes tous confrontés aujourd’hui! Tous les quinze jours, je dis à un de mes collègues: ‘nous devrions créer un réseau national’ afin de rencontrer des spécialistes différents qui étudient les systèmes d’alerte précoce et la prévention des catastrophes. Je pense aussi que les organisations internationales comme l’OMM devraient soutenir les réseaux de jeunes scientifiques et offrir plus d’occasions d’avoir ce genre d’échanges cruciaux entre les disciplines.»
– Sociologue, Argentine
D’autres institutions ont également un rôle à jouer. Les SMHN devraient chercher à collaborer plus étroitement avec les universités afin d’accélérer le passage de la recherche à l’exploitation. Les organisations internationales, donateurs, acteurs du secteur privé et ONG peuvent aider à cerner les lacunes et à trouver des façons créatives de faire appel aux jeunes scientifiques. Le personnel d’encadrement devrait prendre le temps d’écouter ces derniers, d’analyser leurs idées et d’évaluer leurs propositions, puis leur confier des responsabilités quand c’est possible.
Les jeunes scientifiques peuvent aider à intégrer les systèmes d’alerte précoce selon l’approche du système Terre que prône l’OMM. Ils ont les compétences, l’énergie et la motivation nécessaires pour une intégration plus poussée. Ils ont grandi dans un monde de haute technologie, marqué par la prolifération de jeunes entreprises et d’avancées spectaculaires, et font preuve d’une capacité d’adaptation et d’une ouverture d’esprit surprenantes. Ils peuvent bâtir des relations durables, abattre les obstacles les plus résistants et s’emparer de nouvelles idées. Leur esprit d’initiative et leur motivation devraient provoquer des changements, tout comme leur solide plaidoyer en faveur d’approches multidisciplinaires.
Les personnes en position d’autorité devraient croire dans les jeunes scientifiques, leur faire confiance, écouter leurs idées pour intégrer davantage les systèmes d’alerte précoce et les aider à les mettre en œuvre.
Appel des auteurs
Le réseau des jeunes spécialistes des systèmes d’alerte précoce est encore en construction, mais nous espérons avoir réussi à montrer ce que les jeunes scientifiques peuvent apporter à la création de liens interdisciplinaires qui favorisent la collaboration, l’échange de savoir et l’ouverture de possibilités au niveau local, régional et mondial. L’accumulation d’expérience et de responsabilité les amènera un jour à occuper des postes décisionnels. Nous prions le lecteur d’aider à étendre notre réseau, en informant les jeunes scientifiques de son existence et en les incitant à nous rejoindre.
Remerciements
Nous tenons à remercier les jeunes scientifiques qui ont participé aux entretiens, les membres du Réseau des jeunes pour l’eau qui aident à mettre en place le nouveau réseau et les réviseurs qui ont amélioré le contenu de cet article.
Auteurs
Lydia Cumiskey - Water Youth Network (WYN) et Centre de recherche sur les dangers d’inondation, Université du Middlesex, Londres, Royaume-Uni
Nilay Dogulu - Young Hydrologic Society et Université technique du Moyen-Orient, Ankara, Turquie
Erika Roxan, Meléndez Landaverde - WYN et Centre de recherche appliquée en hydrométéorologie, Université polytechnique de Catalogne, Barcelone, Espagne
Javad Ali - WYN et Institut des géosciences de l’environnement, Université Grenoble Alpes/Centre national de la recherche scientifique, Grenoble, France
Fabio Sai - WYN et Agence interrégionale pour le Pô, Parme, Italie