L’association des jeunes chercheurs en sciences de la Terre (YESS)

La planète subit de nombreux changements dus à l’évolution du climat induite par les activités humaines. «Certaines années, les glaces de mer dans l’Arctique ont atteint des minima records. Depuis quinze ans, nous avons perdu une énorme surface de manteau neigeux dans l’hémisphère Nord, probablement plus d’un million de kilomètres carrés», a déclaré David Carlson, directeur du Programme mondial de recherche sur le climat (PMRC). «Le climat que nous étudions aujourd’hui est différent et nous ne comprenons pas parfaitement les nouvelles configurations qui apparaissent». Face à ce constat, les spécialistes du PMRC et du Programme mondial de recherche sur la prévision du temps (PMRPT) ont jugé nécessaire de créer une association au sein de laquelle les jeunes chercheurs en sciences appliquées pourraient travailler de concert avec les partenaires des sciences sociales, afin que la compréhension du système terrestre accomplisse les progrès dont la société a tant besoin.

Avec l’appui du PMRC, du PMRPT et du troisième grand programme de recherche de l’OMM, la Veille de l’atmosphère globale (VAG), l’association des jeunes chercheurs en sciences de la Terre (YESS) a vu le jour pour accomplir cette mission. En octobre 2015, son tout récent Groupe directeur international s’est réuni pour la première fois dans les locaux du Service météorologique allemand à Offenbach, afin de définir les mécanismes de gouvernance, les fonctions et les attributions de l’association.

L’association YESS

Elle a été créée en 2010 en Allemagne par une poignée d’étudiants désireux d’offrir un cadre de collaboration aux spécialistes des sciences de la Terre en début de carrière. Quatre ans plus tard, les membres fondateurs ont demandé au PMRC d’aider à établir un réseau qui rassemblerait les jeunes spécialistes des sciences naturelles liées au climat, avec un intérêt particulier pour les sciences appliquées et les disciplines socio-économiques. L’association YESS a ensuite joué un grand rôle dans les activités destinées aux jeunes chercheurs lors du Symposium 2014 sur le climat, tenu à Darmstadt sous la direction du PMRC et d’EUMETSAT, et lors de la Conférence scientifique publique mondiale sur la météorologie, organisée par le PMRPT et par Environnement Canada.

À la suite de ces deux événements et vu le chevauchement toujours plus grand des sciences du temps et du climat, l’association YESS en est venue à constituer un réseau international et interdisciplinaire de jeunes chercheurs en sciences de la Terre. À la fin de l’année 2015, un grand nombre d’entre eux, spécialisés en climatologie, météorologie, hydrologie et applications connexes, avaient joint le mouvement, qui compte quelque 600 membres aujourd’hui.

L’objectif premier de l’association est de rassembler les jeunes scientifiques au sein d’un réseau influent qui facilite la collaboration et favorise les échanges, à l’échelle locale comme mondiale, entre les nombreuses disciplines qui touchent au système terrestre. Ce cadre permet aux membres d’être entendus et d’unir leur action, tout en facilitant le déroulement de leur carrière – ils joueront un rôle décisif dans l’orientation des futurs travaux scientifiques. L’association veut abattre les barrières entre les disciplines classiques en intégrant au sein d’un réseau puissant les chercheurs des sciences 

Grâce aux orientations données par la VAG, le PMRC et le PMRPT, l’association YESS est en train de devenir un réseau véritablement mondial de jeunes spécialistes des sciences de la Terre

«Le climat que nous étudions aujourd’hui est différent et nous ne comprenons pas parfaitement les nouvelles configurations qui apparaissent» – David Carlson

Atelier sur les limites des sciences de la Terre

En octobre 2015, 27 jeunes chercheurs, hommes et femmes de disciplines diverses provenant de 18 pays, ont participé au premier atelier YESS sur les limites des sciences de la Terre à Offenbach, Allemagne. L’événement a bénéficié de la coordination et du parrainage des programmes de recherche de l’OMM: la VAG, le PMRPT et le PMRC. Le groupe avait organisé chaque mois des téléconférences en vue de préciser le domaine d’action et la vision du réseau et d’élaborer des plans concrets. Plusieurs représentants des programmes de recherche se sont adressés aux participants et ont suivi le déroulement de la rencontre.

L’atelier a donné lieu à une analyse approfondie des enjeux interdisciplinaires propres aux sciences de la Terre. Trois domaines particuliers ont été mis en avant:

  • La prévision sans discontinuité du système terrestre/la représentation des interactions d’échelles;

  • La communication de l’incertitude/la viabilité de la science axée sur les besoins des utilisateurs;

  • Les limites de la science du système terrestre/l’interdisciplinarité.

Les participants ont précisé les structures dont a besoin un réseau de jeunes chercheurs qui veut se saisir de ces enjeux scientifiques. Ils ont défini les stratégies à suivre pour établir le réseau comme il se doit et étendre sa portée et son incidence.

Les délibérations ont abouti à un livre blanc sur les limites des sciences de la Terre qui présente l’optique et le rôle des jeunes chercheurs qui façonneront la science des dix prochaines années. L’attention s’est portée sur les défis et les orientations futures en ce qui a trait aux aspects suivants:

  • Limites quant aux applications: équilibre entre les besoins des utilisateurs et la recherche fondamentale;

  • Limites quant à la communication: diffusion du savoir;

  • Limites quant aux échelles: prévision sans discontinuité de l’environnement;

  • Limites quant aux ressources humaines: nécessité d’une science interdisciplinaire pour l’anthropocène.


 

David Carlson, directeur du Programme mondial de recherche sur le climat, s’adresse au Groupe directeur international de l’association YESS.

Le livre blanc présente quelques sujets de fond dans lesquels les sociétés de demain attendront des avancées scientifiques. Il confirme la position des jeunes chercheurs en faveur de la continuité et du maintien des capacités – autrement dit, le développement durable d’une infrastructure de recherche solide et commune afin que les milieux scientifiques du monde entier puissent répondre aux questions que poseront les sociétés futures.

La collaboration de spécialistes des sciences naturelles, des sciences sociales et des communications visée par l’approche multidisciplinaire de l’association YESS favorisera notablement la diffusion du savoir sur le système terrestre. Elle permettra de mieux appréhender le contexte social dans lequel s’amplifient les dommages causés par les catastrophes liées au temps, au climat et à l’eau. Elle facilitera l’acquisition de connaissances et la formulation d’idées nouvelles concernant l’atténuation ou l’adaptation face aux phénomènes extrêmes et au changement climatique.

Fiona Tummon de l’Université ETH Zurich, l’un des plus grands établissements d’enseignement des technologies et des sciences naturelles au monde, s’adressera aux invités en tant que représentante de l’association YESS lors de la célébration par l’OMM de la journée météorologiquemondiale, le 23 mars.

L’avenir de l’association YESS 

Pour durer et s’étendre, l’association doit jouir d’un statut plus officiel et détenir ses propres moyens financiers. Le PMRC, le PMRPT et la VAG sont en train de mobiliser des ressources pour ouvrir un bureau central chargé d’élaborer et de promouvoir plus avant sa vision. Un réseau viable, véritablement international, de jeunes chercheurs viendra dans un premier temps compléter et intégrer les activités en cours; à plus long terme, il soutiendra les programmes de recherche de l’OMM en offrant une formation et de nouvelles possibilités à l’élite de demain.

Alors que l’on entend constamment parler de la jeunesse laissée pour compte, l’atelier organisé à la fin du mois d’octobre a été un véritable bol d’air frais. Ces jeunes chercheurs sont impatients de travailler ensemble pour améliorer l’environnementde notre planète.

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