Un poème d'amour à l'heure où change le climat
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Craig Santos Perez est un Chamorro de l'île de Guahan (Guam) dans le Pacifique. Poète, penseur, analyste, artiste, environnementaliste et activiste, il travaille actuellement à l'Université de Hawaï à Mânoa. Il écrit depuis une décennie sur «les liens ancestraux tissés avec la nature et les questions de justice environnementale dans le Pacifique», ce qui l'a conduit à se concentrer davantage sur le changement climatique. Ses sources d'inspiration sont «les écologies des îles du Pacifique, la résilience des insulaires, la sagesse des cultures locales, l'intelligence du savoir et la beauté des arts dans cette partie du monde». Il souhaite par son écopoésie sensibiliser les lecteurs aux questions environnementales, les inciter à vivre de façon plus responsable et leur donner les moyens d'agir en faveur du climat |
Le monde est confronté à de grands défis, le changement climatique étant l'un des plus urgents. La multiplication des sécheresses, crues, vagues de chaleur et autres phénomènes extrêmes modifie déjà la vie quotidienne sur la planète et met à mal les écosystèmes fragiles (comme l'exposent plusieurs rapports du GIEC). Tandis que les sociétés s'efforcent de contenir leurs émissions et d'élaborer des stratégies d'adaptation, un discours radicalement différent émerge. Pourtant, l'ampleur et les effets durables du changement climatique insufflent parfois un sentiment d'impuissance, de crainte et d'injustice.
La plupart des solutions avancées pour relever ces défis - objectifs de développement durable, Accord de Paris sur le climat, Cadre mondial pour les services climatologiques (CMSC), Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe - font appel à la science pour élargir notre compréhension et nos moyens d'agir. Les questions de pérennité et de changement climatique recourent souvent aux notions de «frontières», de «seuils» à ne pas franchir, de «limites» à imposer à la croissance et au développement. Énormément de temps et d'énergie sont consacrés à la recherche des meilleurs moyens de mesurer nos progrès par une série d'indicateurs et de paramètres. Ces efforts sont utiles, mais est-ce la seule possibilité qui s'offre à nous?
Pourquoi nous sentir désarmés face à ces changements? Comment maîtriser nos craintes, si puissantes, et orienter notre esprit vers une action positive qui nous guide dans un monde aussi complexe et changeant?
L'art offre à chacun d'entre nous la possibilité de faire preuve de créativité dans ces conditions difficiles. Il peut aider à imaginer un avenir différent et à avancer tous ensemble vers un monde nouveau, plus juste et plus prospère. En créant des «espaces sûrs» qui incitent à l'échange, en utilisant des supports visuels ou acoustiques et en plaçant le savoir dans un contexte évocateur, il est possible d'explorer diverses voies de changement qui aident à mieux capter et comprendre nos propres représentations du monde et celles des autres.
«La pérennité ne peut plus reposer seulement sur la production de savoir scientifique pour tracer un chemin unique vers un seul et même avenir viable. Elle doit compter plutôt sur la façon dont une société envisage, analyse et se projette dans une multitude d'avenirs possibles, sur ce que les sociétés disent de leur identité et de leurs valeurs, sur les possibilités d'action collective qui en découlent. Une telle optique suppose un profond changement ontologique: au lieu d'un monde formé d'objets dont la réalité peut être établie en termes absolus, nous devons composer avec des formes culturelles dynamiques et contingentes qui façonnent la manière dont ces faits sont constitués, exprimés et interprétés .»
Cet article veut stimuler une réflexion sur la manière dont l'art, dans ses multiples et riches formes, peut aider à aborder le changement climatique de manière globale. Nous avons interrogé huit artistes, de toutes les régions de l'OMM, qui œuvrent à la jonction du climat et de l'art. Nous avons puisé dans les impressions et formes d'expression des artistes, par exemple l'événement Watershed organisé du 10 au 21 septembre 2018 à l'Université du Witwatersrand à Johannesburg (Afrique du Sud), en partenariat avec le programme Earth, Itself de Lenore Manderson, enseignante à l'Institut de l'Université Brown pour l'environnement et la société.
L'art ne se limite pas ici à un moyen de communiquer le savoir sur le changement climatique et les défis qui l'accompagnent, aussi utile que puisse être cette fonction. Nous proposons une optique plus fondamentale, celle du chemin qu'empruntent certains, artistes et scientifiques, pour mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons.
Chacun des artistes que nous présentons se plaît à imaginer un monde viable et aimant. La science ne saurait créer de telles conditions à elle seule. Nous pouvons tous contribuer à l'édifice en modifiant nos perceptions et en favorisant les actions engagées au profit de la pérennité de la planète et d'une transformation personnelle et globale.
«La perception de notre identité et de nos capacités doit être étendue, non pas rétrécie par des explications dévalorisantes ou fantaisistes. Nous devons en apprendre beaucoup plus sur les espèces et sur l'univers que nous habitons. Nous ne pouvons nous offrir le luxe de l'arrogance qui nie d'autres formes de savoir .»
Ces thèmes comportent sans doute des points d'ancrage et de synergie intéressants avec les travaux de recherche et de sensibilisation que mène l'OMM par le Programme mondial de recherche sur la prévision du temps, le Programme mondial de recherche sur le climat, le développement des services climatologiques et une multitude d'autres initiatives. Il ne suffit pas toujours de saisir l'importance des programmes d'action mondiaux (Cadre de Sendai, Accord de Paris, Cadre mondial pour les services climatologiques, objectifs de développement durable) pour que s'engage une action personnelle ou collective, il faut aussi mettre en place une diversité de partenariats afin d'accomplir de vrais progrès. Faire fi des barrières élevées entre les cultures, les valeurs, les intérêts géopolitiques et d'autres facteurs est une voie prometteuse à cet égard.
Et si le défi de la pérennité n'était pas de mieux connaître le monde, mais de mieux l'imaginer?- Maggs et Robinson 2016; Bendor et al., 2017
Quelques artistes seulement sont dépeints dans ces pages, mais nous rendons hommage et exprimons notre gratitude à tous ceux et celles qui nous aident à mieux comprendre le monde et qui nous touchent - en évoquant les questions cruciales de notre temps, en imaginant l'avenir que nous souhaitons et en incitant à agir pour atteindre nos buts communs. Nous remercions également les États et territoires Membres, les partenaires pour le développement, la Commission européenne et les autres instances qui offrent aux scientifiques et aux artistes des occasions de se rencontrer.
Là-haut comme ici-bas, Jasmine Targett
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As Above, So Below par Jasmine Targett, 2016, aluminum. |
Pour Jasmine Targett, l'art alimente les échanges. Depuis qu'elle a appris, en classe de sixième, qu'un trou se formait dans la couche d'ozone, son art interroge «les aspects invisibles qui façonnent notre existence et nous unissent, les questions avec lesquelles se débat l'humanité». Elle célèbre l'action locale, tout en amenant ses concitoyens à se poser des questions plus larges et complexes, et s'emploie à leur conférer davantage de pouvoir. «Si vous effrayez une personne, vous lui ôtez tout moyen d'agir; l'information doit être présentée de manière concrète et utilisable. On aime repenser aux moments agréables qu'on a vécus, on repousse ce qui nous terrifie.»
Dans As Above, So Below, une formation nuageuse nacrée traverse un filtre prismatique. «Je cherchais à saisir les différents signes visuels que nous envoie l'environnement, à faire comprendre que notre présence infléchit sa trajectoire naturelle.» Cette recherche conduit Jasmine aux nuages nacrés, dont la beauté irisée masque une réalité plus sombre et funeste, celle de la destruction de l'ozone stratosphérique.
«Il nous est souvent impossible de voir comment l'environnement change autour de nous, parce que cela survient à un rythme et à une échelle que nous ne pouvons pas vraiment capter; mais là, dans le ciel, apparaît un signal d'alerte; ce nuage nacré est extrêmement beau et évocateur, mais un léger malaise surgit quand on le regarde; je ne sais pas pourquoi tu te trouves dans l'atmosphère, ce n'est pas très logique, tu renvoies à quelque chose que je connais et que je comprends, qui sont les nuages, mais je ressens une légère appréhension à un niveau primitif.»
Cette œuvre invite à réfléchir à la manière dont les éléments naturels et artificiels s'allient pour former un nouvel environnement dont l'issue est incertaine. «Les facteurs sont si nombreux, tant de choses se combinent de façons différentes, impossibles à imaginer ou à prévoir.»
Regard sur la glace et ses paysages, Olafur Eliasson
Olafur Eliasson, né au Danemark, n'a cessé d'explorer et d'illustrer la rude beauté des paysages de l'Islande, terre natale de ses parents. Son intérêt pour l'espace de jonction avec le climat s'est éveillé d'une manière qui a sans doute le même écho chez les artistes que chez les scientifiques:
«C'est en 2003, alors que je préparais l'installation The Weather Project au Tate Modern, que j'ai vraiment commencé à penser d'un point de vue artistique à la relation que nous entretenons avec le climat... J'ai compris à ce moment-là que le temps - et, par extension, le climat - agit sans cesse sur nous, nous influence, et que c'est tout aussi vrai de notre rapport à une œuvre d'art. Le climat est, en quelque sorte, un agent de l'expérience artistique, et j'ai ressenti l'importance de le rendre explicite.»
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Ice Watch par Olafur Eliasson, 2014, 12 blocs de glace, place de l'Hôtel de Ville à Copenhague. Photographie: Anders Suhe Berg |
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Glacial Landscape no. 8 par Olafur Eliasson, 2018, aquarelle et crayon sur papier, 151cm x 151cm x 8 cm. Photographie: Jens Ziehe |
Le partage est crucial dans l'œuvre d'Olafur. En 2014, il a déposé 12 gros blocs de glace provenant du Groenland dans un parc de Copenhague au moment de la parution du cinquième Rapport d'évaluation du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Il a répété l'expérience l'année suivante devant le Panthéon à Paris, alors que se déroulait la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Les deux fois, les citoyens de tous horizons pouvaient voir, toucher et étreindre ces morceaux de la nappe glaciaire qui disparaît de la surface du globe.
«J'ai toujours pensé que la nature était plus forte que moi, elle me semblait indépendante mais pas indifférente. Aujourd'hui, la nature est fragile. Les glaciers de mon enfance disparaissent. Nous sommes entrés dans l'ère géologique de l'Anthropocène, définie par les effets que les activités humaines ont sur la planète .»
Quand on lui demande son but, Olafur répond: «Je veux apporter l'art dans le plus grand nombre de cadres possible, pour atteindre le plus grand nombre de gens, de domaines, de mondes possible. L'un des graves problèmes aujourd'hui est l'indifférence, l'insensibilité aux problèmes des autres. On manque terriblement d'empathie, où que le regard se porte. L'art, je pense, peut s'y opposer car il cherche toujours à toucher les gens, à les émouvoir. Nous pouvons être en désaccord sur bien des choses, mais nous avons tous été émus un jour par un film, une mélodie, un livre. L'art peut créer un espace de rencontre où s'entendre, s'opposer et parler de notre réalité commune.»
Les œuvres d'Olafur ont été présentées dans le monde entier: MoMA,Tate Modern, Biennale de Venise, etc. Il crée depuis peu une série d'aquarelles abstraites en faisant fondre des aiguilles de glace au-dessus d'une feuille de papier et en ajoutant de l'encre (Glacial Landscape no. 8).
Sur la Terre comme au Ciel, Michelle Rogers
Michelle Rogers œuvre depuis 10 ans dans l'espace où se rejoignent le climat, l'art et l'environnement. «Les artistes sont très observateurs, je remarque des changements dans le climat de toutes les villes que je connais bien. Ma première peinture environnementale, On Earth as it is in Heaven, s'inspirait d'une photographie prise en 2008 dans une ville chinoise inondée.»
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On Earth as it is in Heaven par Michelle Rogers, 2008, huile sur toile, 2300 x 300 cm. |
Selon Michelle, le passage de l'ouragan Sandy sur New York en 2012 a joué un rôle décisif dans sa trajectoire artistique. «Un ami photographe m'a montré des images de Manhattan dans le noir complet après la tempête, et cela me hantait vraiment, la fragilité de notre civilisation. Jusque là, ma vie professionnelle se déroulait de manière assez classique, mais je me suis dit: à quoi bon avoir une brillante carrière dans une bulle artistique si la planète et toutes les choses que j'aime sont menacées?»
En 2017, elle décide de jeter un regard neuf sur La Naissance de Vénus de Botticelli, en association avec l'Institut international de recherche sur le climat et la société, à l'Université Columbia (sciartmagazine.com/residency- lamont-doherty-earth-observatory.html). Elle y aménage un studio rudimentaire et s'entretient avec les scientifiques afin de mettre l'environnement en avant dans sa version moderne du classique de la Renaissance; elle incite aussi les chercheurs qui l'entourent à s'aventurer hors de leur domaine habituel pour favoriser un changement culturel. «La réalité de ce qui survient sur la planète et l'orientation prise par la culture sont inquiétantes. Nous vivons à l'ère du spectacle, les gens utilisent Internet pour tout, le divertissement, la musique, la mode, la culture, un espace où il n'est jamais question du climat; c'est un vrai problème. La culture est puissante... c'est le sang qui coule dans les veines de toute civilisation, elle est indispensable à notre survie.»
Symphonie environnementale, Charlie Mauleverer
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Interprétation par le Philharmonique du sud de la République tchèque |
Charlie Mauleverer, compositeur et militant écologiste, entreprend en 2015 d'écrire une symphonie qui incite à agir pour le climat. Il veut que la pièce musicale soit le plus accessible possible, formée de mélodies emplies d'espoir et d'optimisme. Il lance une campagne mondiale dans laquelle il demande aux gens de décrire, dans leurs mots, une chose à laquelle ils tiennent beaucoup et qui serait totalement détruite ou gravement affectée par le changement climatique. Il demande aussi qu'on lui transmette par courrier électronique une photographie qui illustre cet amour.
C'est ainsi qu'est arrivé dans sa boîte de réception Munakunanchys Raykum Kausayninchis (pour l'amour de notre mode de vie) en provenance de l'Association ECOAN du Pérou et JjJI (pour l'amour du Nil) en provenance de Fathel au Soudan.
Charlie a reçu des images et messages de tous les pays, qu'il a entrelacés dans la composition chorale qui accompagne la symphonie. La pièce elle-même comprend sept mouvements qui représentent les sept continents, avec leurs instruments particuliers tous rassemblés dans le final mondial. Le point culminant est un orchestre symphonique complet, accompagné d'un chœur qui prête sa voix à chaque pays tandis que défilent en arrière-plan les photos provenant de chacun d'eux. La symphonie a été jouée pour la première fois en Suisse, puis par le Philharmonique du sud de la République tchèque. Charlie cherche maintenant à réunir des fonds pour enregistrer en studio One Home: An Environmental Symphony, tandis qu'il travaille à sa première commande musicale.
Sommet, Teresa Borasino
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Summit de Teresa Borasino, 2014. Musée d'art contemporain de Lima. |
Chaque année, la petite association culturelle du Pérou HAWAPI invite des artistes à créer une œuvre qui explore une question sociale ou environnementale. En 2014, le groupe s'est réuni au pied du Pariacaca - vaste glacier tropical situé dans la partie centrale des Andes péruviennes. L'approvisionnement en eau douce de Lima - qui compte maintenant plus de 10 millions d'habitants - est entièrement tributaire des écoulements glaciaires de la chaîne Pariacaca. Les glaciers tropicaux, très sensibles à la variation des conditions climatiques, sont gravement menacés par le réchauffement de la planète.
Teresa Borasino, originaire de Lima, s'est jointe à l'expédition de 2014. Le groupe s'est rendu à pied jusqu'à la montagne isolée pour constater les effets du changement climatique, peu avant la vingtième session de la Conférence des Parties à la CCNUCC. C'est là, au pied du glacier Pariacaca, que Teresa a convoqué le Summit, où le vif contraste entre les chaises vides en plastique rouge et le glacier en recul illustre l'absence des hauts responsables dans les domaines les plus touchés par l'évolution du climat.
Teresa, qui vit et travaille maintenant à Amsterdam, reste fidèle à son engagement artistique. Voici ce qu'elle disait dans un entretien récent: «La beauté et les merveilles du monde me motivent beaucoup, je suis persuadée qu'il est possible de rétablir l'écologie et de trouver d'autres solutions que le système capitaliste de croissance à tout prix.» Elle dirige l'association Fossil Free Culture Netherlands qui a réussi à bannir la compagnie pétrolière Shell du financement du Musée Van Gogh.
Deuxième série de synanthropes, Hannelie Coetzee
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Coetzee, H., 2018, Hyenas walking the Intercontinental Watershed, Johannesburg (Exhibited at the Origins Museum, Johannesburg. |
Hannelie Coetzee allie son amour de la vie africaine et son art. Elle veut, par son travail, faciliter la communication et le rapprochement entre la théorie et la pratique de la créativité artistique, d'une part, et les sciences humaines, sociales, naturelles et physiques, d'autre part. Elle cherche aussi à nous relier aux écologies des origines, sous les villes. Selon elle, faire appel aux artistes simplement pour illustrer ou communiquer le savoir scientifique n'exploite pas le plein potentiel de l'art face à des problèmes délicats et complexes. Les artistes aident à combattre les maux de la société. Elle insiste sur le pouvoir de l'association et de la co-création. «Si elles sont établies assez tôt, elles ne restent pas théoriques. Elles peuvent vraiment aider le monde. Ce sont les relations tissées entre les gens pour régler les problèmes qui amélioreront notre façon de vivre. Fini l'individualisme. Nous ne parviendrons pas à résoudre les problèmes que nous avons créés en restant isolés les uns des autres.»
Hannelie a présenté sa deuxième série de synanthropes lors de l'événement Watershed organisé en septembre 2018 à l'Université du Witwatersrand, en Afrique du Sud. Un synanthrope est un animal ou un végétal qui vit à proximité des humains et qui bénéficie de l'association avec ceux-ci et avec les habitats artificiels qu'ils créent - un cadre urbain, par exemple. Cette œuvre explore la fragile relation entre les humains et la nature, ses sculptures de hyènes parcourant le campus de l'Université dans un court-métrage filmé image par image. Hannelie guide dans ce cadre une promenade sur le tracé de la ligne de partage des eaux, où les participants apprennent quelles gouttes se déversent dans l'Atlantique et quelles gouttes se jettent dans l'océan Indien. L'œuvre rappelle que les hyènes fréquentent les couloirs de verdure dans les zones urbaines qui s'étendent sans fin - mettant en évidence les interconnexions des différentes parties du monde et du système complexe que nous tentons de comprendre.
Hannelie demande de penser à l'impact que nous avons sur la nature et d'imaginer la façon dont l'humanité vivra avec peu de ressources naturelles. Confectionnées à partir de matériaux recyclés, ses œuvres sont un moyen d'étendre la réflexion, dans et hors lieu de l'exposition, sur ce que recouvre le paysage urbain et sur la réintégration de l'intégrité dans les ressources naturelles, mettant en lumière le lien toujours présent entre l'être humain, la nature et la terre.
Vent, Eau, Palani Mohan
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Wind, Water par Palani Mohan, 2017, Kehrer Verlag. |
Né en Inde, élevé en Australie, Palani Mohan vit aujourd'hui à Hong Kong. Quand on lui demande comment il en est venu à s'intéresser au climat dans son travail, il répond: «Cela s'est fait tout seul, je ne me suis jamais dit que j'allais sortir photographier les effets du changement climatique. On les voit partout. C'est une réalité qui s'est imposée à moi, pas l'inverse.»
Son dernier projet, intitulé Wind, Water, cerne l'énergie et la puissance brutes des tempêtes qui balaient la région de Hong Kong.
Comment participer
Tous les artistes interrogés ont prôné un rapprochement de l'art et de la science. Voici une liste de quelques institutions et initiatives qui œuvrent dans ce sens.
The Artic Cycle: Regroupement d'artistes qui veulent, par leur talent, aider à imaginer un avenir juste et viable pour tous. Selon eux, la créativité et la collaboration sont cruciales pour créer un monde meilleur. L'initiative Artists and Climate Change énumère les partenaires mondiaux qui évoluent dans cet espace de création.
CLIMARTE Organisation australienne sans but lucratif et indépendante qui mobilise la puissance créative de l'art pour favoriser l'information, l'engagement et l'action face au changement climatique.
Earth, Itself: L'Institut de l'Université Brown pour l'environnement et la société s'intéresse aux défis à relever afin d'assurer la pérennité de la vie. Ce programme conjugue les sciences humaines, naturelles et sociales et les arts créatifs pour approfondir la réflexion sur l'environnement de façon novatrice, résolue et inclusive.
HAWAPI, Petite association culturelle du Pérou qui invite chaque année un groupe d'artistes, d'universitaires et d'intervenants sociaux d'horizons divers à créer des interventions publiques dans un lieu touché par des problèmes sociaux, politiques ou environnementaux particuliers.
SOE.TV: Studio Olafur Eliasson lancé le 14 septembre 2018. La plate-forme comprend six canaux, dont l'un concerne les objectifs de développement durable des Nations Unies qu'Olafur veut contribuer à atteindre, soit l'objectif 13 pour la lutte contre les changements climatiques et l'objectif 7 pour une énergie propre et d'un coût abordable.
Weather, art, and music: Groupe d'intérêt particulier créé en 2012 par la Société royale de météorologie, association savante et professionnelle sur le temps et le climat basée à Reading, au Royaume-Uni. Son but est de créer des événements inusités qui rassemblent des artistes en tous genres et des spécialistes du temps et du climat devant une audience enthousiaste, afin de trouver des façons inédites et inspirantes de parler du temps et du changement climatique.
Auteurs
Erica Allis, Bureau du Cadre mondial pour les services climatologiques, OMM
Coleen Vogel, Université du Witwatersrand, Johannesburg, (Afrique du Sud)
Hannelie Coetzee, Artiste indépendante
Michelle Rogers, Artiste, cofondatrice de Artists for Environment