Les efforts internationaux pour renforcer les systèmes d’alerte précoce s’intensifient

16 décembre 2019

Les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement bénéficient de meilleurs renseignements sur le temps et le climat

Une initiative mondiale visant à renforcer les systèmes d'alerte précoce et la résilience face aux changements climatiques dans les pays les plus vulnérables continue de prendre de l'ampleur avec une nouvelle contribution allemande de 10 millions d'euros.

Les pays les moins avancés et les petits États insulaires
en développement bénéficient de meilleurs renseignements
sur le temps et le climat

Une initiative mondiale visant à renforcer les systèmes d'alerte précoce et la résilience face aux changements climatiques dans les pays les plus vulnérables continue de prendre de l'ampleur avec une nouvelle contribution allemande de 10 millions d'euros.

L’initiative CREWS (Initiative sur les systèmes d'alerte précoce aux risques climatiques), lancée en 2015, a permis d’investir 42 millions de dollars É.-U. dans des projets à destination des pays les moins avancés (PMA) et des petits États insulaires en développement (PEID), et de mobiliser 130 millions de dollars É.-U. provenant de fonds publics d'autres partenaires pour le développement.

Ainsi, les Fidji disposent désormais d'un système d'alerte précoce en cas de crues éclair. Au Burkina Faso, des avis sont émis pour les tempêtes de sable, des prévisions saisonnières sont établies et les petits agriculteurs sont informés par des stations de radio locales du meilleur moment pour les semailles. La Papouasie-Nouvelle-Guinée a publié ses premières prévisions saisonnières cette année grâce à la coopération du Bureau météorologique australien.

L'Afghanistan, le Tchad et le Togo sont les derniers pays en date à bénéficier d’un soutien au titre de l’initiative CREWS. De plus, des projets sont en cours d’élaboration pour Haïti et il est prévu d’injecter des financements supplémentaires dans le Pacifique et en Afrique de l'Ouest.

«Nous devons passer de la parole aux actes. Le niveau des gaz à effet de serre dans l'atmosphère est plus élevé que jamais. Le changement climatique est déjà une réalité. Et ceux qui souffrent le plus sont les pays en développement qui, pour couronner le tout, sont ceux qui ont le moins contribué à cette situation. C'est pourquoi il est important que les pays touchés disposent de prévisions météorologiques adéquates, afin qu'ils ne soient pas pris au dépourvu en cas de sécheresse ou d'inondations. S'ils savent, par exemple, qu'une tempête arrive et qu’elle sera synonyme de fortes pluies, ils ont de bien meilleures chances de pouvoir s'y préparer et peuvent peut-être aussi recevoir une aide en temps opportun.», a expliqué le Ministre allemand de la coopération économique et du développement, M. Gerd Müller.

Ce dernier a indiqué que de bonnes prévisions météorologiques permettent non seulement de mieux réagir aux crises dans un court délai, mais aussi d'effectuer des analyses climatologiques à plus long terme. S'il est clair qu'une longue sécheresse s'annonce, alors la planification des approvisionnements alimentaires peut être mieux organisée.

Par conséquent, M. Müller a déclaré que «les prévisions météorologiques sont la première pierre d’une structure sur laquelle les pays peuvent s'appuyer pour procéder aux ajustements nécessaires afin de faire face au changement climatique. L'Allemagne les aidera, car les connaissances sont déjà là.»

La Ministre de l’environnement, du climat et du développement durable du Luxembourg, Mme Carole Dieschbourg, a insisté sur le fait que la fréquence et l'intensité croissantes des phénomènes météorologiques extrêmes rendaient les alertes précoces plus nécessaires que jamais pour protéger les vies et les biens. 

Elle a ajouté qu'il était vital de réduire les écarts de capacité et de veiller à ce que les pays et communautés vulnérables aient accès aux prévisions météorologiques et aux informations climatologiques fournies par de puissants supercalculateurs. 

«Nous avons fait des progrès mais nous devons vraiment faire plus», a-t-elle déclaré lors d'une manifestation organisée en marge de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, le 11 décembre.

Mme Ingrid Hoven, du Ministère allemand de la coopération économique et du développement, a souligné le rôle des alertes précoces dans le renforcement de la résilience face au changement climatique ainsi que le rendement élevé des investissements correspondants, tout en encourageant les approches globales du risque climatique promues par l'initiative InsuResilience, qui inclut des systèmes d'alerte précoce et d'assurance.

d'alerte précoce dans les PMA et les PEID par l'intermédiaire du Fonds d'affectation spéciale CREWS, en sus des 3 millions d'euros qu’elle avait versés en 2016.

Une nouvelle Alliance pour le développement hydrométéorologique, annoncée le 10 décembre, permettra ainsi d’unir les efforts déployés au plan international pour que les alertes précoces et l’information climatologique soient une réalité pour tous d'ici à 2030. Elle rassemblera 12 organisations internationales qui fournissent de l’aide aux pays en développement, y compris la Banque mondiale et l’Organisation météorologique mondiale.

L’initiative CREWS a été lancée par le Gouvernement français et quatre autres pays lors de la COP 21, à Paris, pour garantir que les PMA et les PEID bénéficient de systèmes d’alerte précoce. Depuis, deux autres pays ont rejoint l’initiative: le Royaume-Uni et la Suisse.

«L’initiative CREWS est de plus en plus pertinente en raison de l'impact croissant du changement climatique, en particulier sur les plus vulnérables», a indiqué Mme Brigitte Collet, Ambassadrice de France chargée des négociations sur le changement climatique. «Il est clair que nous sommes engagés dans une course contre la montre», a-t-elle précisé.

Elle a rappelé que, selon une évaluation, 44 des 76 PMA et PEID prioritaires tirent des bénéfices de l’initiative CREWS. «La France restera engagée», a-t-elle conclu.

L’initiative CREWS permet aux PMA et aux PEID de s'appuyer sur l'expertise de trois partenaires: la Banque mondiale et son Dispositif mondial de réduction des effets des catastrophes et de relèvement (GFDRR), l'Organisation météorologique mondiale, qui accueille également le Secrétariat du CREWS, et le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes.

Afin de répondre aux besoins de tous ces pays, l'OMM a réussi à extraire les meilleurs avis techniques disponibles, que l'on trouve souvent dans des organismes météorologiques plus avancés.

«CREWS est indéniablement une initiative exemplaire, qui se traduit par des actions concrètes sur le terrain», a déclaré le Secrétaire général de l'OMM, M. Petteri Taalas. «La moitié des services météorologiques et hydrologiques nationaux dans le monde n'ont toujours pas de véritable système d'alerte précoce multidanger ni de prévisions axées sur les impacts», a-t-il ajouté.

«Par exemple, plus tôt cette année, le cyclone tropical Idai a causé de très nombreuses pertes humaines au Mozambique parce que, malgré la fiabilité des prévisions, il n'y a pas eu suffisamment d'alertes précoces concernant les impacts de vents de catégorie 5, d’une énorme onde de tempête et d’inondations dévastatrices», a expliqué M. Taalas.

«En revanche, un cyclone tropical majeur qui a frappé les côtes indiennes d'Odisha cette année a tué 38 personnes, alors qu'il y a 20 ans, 10 000 personnes avaient perdu la vie dans une tempête similaire au même endroit», a déclaré Mme Mami Mizutori, Cheffe du Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes. «De meilleures prévisions météorologiques – et en particulier une meilleure communication et une meilleure éducation à ce sujet – ont été décisives», a-t-elle ajouté.

Les îles du Pacifique figurent parmi les bénéficiaires du programme CREWS. Quatre des îles les plus basses du monde se trouvent dans le Pacifique.

«Le point culminant des Îles Marshall, c’est la décharge.», a déclaré M. Kosi Latu, Directeur général du Secrétariat du Programme régional océanien de l'environnement

«Cela donne une idée de l'ampleur du défi. Si le projet CREWS est si important, c’est parce qu'il s’adresse aux plus vulnérables des vulnérables. Les financements CREWS ont aidé les services météorologiques locaux à diffuser des prévisions météorologiques et des alertes précoces d'une manière simple et facile à comprendre par la population locale.», a-t-il expliqué.

«Le projet CREWS nous permet d’accroître la sensibilisation. Il contribue à améliorer le degré de connaissance des systèmes d'alerte précoce dans le Pacifique.», a-t-il précisé.

Par ailleurs, il est à noter que l’initiative CREWS met l’accent sur la situation spécifique des femmes.

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