Sommaire 62-Special Issue-2013

Lorsque les hauts responsables de 155 pays sont convenus en 2009 d’établir un Cadre mondial pour les services climatologiques (CMSC), un défi était lancé aux milieux scientifiques et aux utilisateurs, celui de galvaniser leurs forces afin d’élaborer ensemble des services climatologiques qui viennent appuyer efficacement la prise de décisions.
Une Équipe spéciale de haut niveau, formée de personnalités éminentes du monde scientifique et politique, a tracé les grandes lignes du Cadre mondial. Le coup d’envoi était donné. Le Congrès météorologique mondial a approuvé le Plan de mise en oeuvre lors d’une session extraordinaire tenue en 2012; les annexes précisaient les éléments essentiels au bon fonctionnement du CMSC et les exemples représentatifs détaillaient les mesures à prendre pour que les services climatologiques soient utilisés au mieux dans quatre secteurs prioritaires, soit l’agriculture et la sécurité alimentaire, la réduction des risques de catastrophes, la santé et la gestion des ressources en eau.
Dans ce numéro spécial, l’article intitulé «Qu’entend-on par services climatologiques?» examine les aspects pratiques de la mise en oeuvre du CMSC, tandis que «Conciliation des visions postpositiviste et postmoderne du monde concernant la recherche et les services climatologiques» en propose une vision philosophique. Le renforcement des capacités – indispensable au soutien des secteurs prioritaires initiaux – motive l’ensemble de l’action actuellement engagée. La mise en oeuvre du CMSC donne lieu à de larges consultations avec les parties prenantes et les milieux dont les pratiques sont reconnues. Des projets pilotes servent à déterminer les étapes cruciales à ne pas négliger au cours du processus. Dans l’article «Pour des services d’information climatologique adaptés à l’agriculture locale», l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture présente certains enseignements tirés de ses activités de renforcement des capacités.
Des lignes directrices, inspirées des bonnes pratiques décrites dans cet article et ailleurs, aideront les Membres à mettre en place des mécanismes qui favorisent la coopération et la collaboration entre les principaux intéressés, à l’échelon national notamment. Le CMSC prévoit l’établissement par les pays de leur propre cadre afin qu’ils définissent et coordonnent les activités nécessaires pour élaborer et fournir une information, des produits et des services climatologiques qui répondent aux besoins locaux. L’article «Mise en place des services climatologiques à l’échelle mondiale, régionale et nationale» expose les activités conduites par le Bureau du CMSC et par ses partenaires pour amorcer les processus nationaux dans plusieurs régions. La création par le Royaume-Uni de son cadre national – Climate Service UK – est relatée dans les pages consacrées à «L’application de la climatologie au service de la société». L’analyse des «Effets possibles du projet chinois des Trois-Gorges sur le climat» est une application exemplaire des services climatologiques dans le secteur de l’eau.
La collaboration instaurée très tôt avec les organismes partenaires du système des Nations Unies a des résultats concrets qui confirment les avantages de la mise en oeuvre du CMSC pour la société. Citons l’Atlas de la santé et du climat, qui montre la répartition géographique et l’ampleur des questions sanitaires liées au climat et donne divers exemples de services climatologiques élaborés et utilisés dans le but d’atténuer les risques. «Climat-Santé en Afrique» va plus loin encore. Sous la direction de l’Organisation mondiale de la Santé, le Consortium climat-santé pour l’Afrique, auquel contribue largement l’OMM, s’intéresse au changement climatique en général, et à ses incidences sur la santé en particulier. L’objectif est de renforcer la résilience des pays africains et de leurs populations en améliorant la gestion des effets de la variabilité et de l’évolution du climat sur la santé publique.
L’OMM fera paraître un deuxième atlas en novembre 2013, en collaboration cette fois avec le Centre de recherche sur l’épidémiologie des désastres (CRED) de l’Université catholique de Louvain. Intitulé Atlas of Mortality and Economic Losses from Weather, Water and Climate Extremes (1970–2009), l’ouvrage dresse le bilan des pertes infligées par les catastrophes dues au temps, au climat et à l’eau dans le monde. Les pages centrales de ce numéro du Bulletin présentent quelques résultats d’une première analyse des données CRED EM-DAT.
L’évolution du climat risque d’accroître la fréquence et la gravité des catastrophes de nature météorologique, hydrologique et climatique. L’article consacré à la «Résilience climatique et météorologique» met en lumière les principales conclusions d’une étude de la Banque mondiale sur la façon d’améliorer la préparation par le biais des Services météorologiques et hydrologiques nationaux.
Le contenu de ce numéro et les partenariats dont il y est question montrent que la mise en oeuvre du CMSC est déjà bien avancée, mais qu’il convient de lui apporter un soutien total, notamment en ce qui concerne les investissements et financements requis pour renforcer les capacités institutionnelles et humaines, les procédures et les infrastructures. L’article «Financement du Cadre mondial pour les services climatologiques: enjeux et possibilités» examine les enjeux et les possibilités dans ce domaine, tandis que «L’appui de la Norvège au Cadre mondial pour les services climatologiques» se penche sur les motivations d’un pays donateur.
Le Conseil intergouvernemental des services climatologiques
Le Conseil intergouvernemental est un organe crucial puisqu’il guidera la mise en oeuvre du CMSC au cours des prochaines années et formulera des recommandations à ce propos. Il contribuera ainsi à affiner le processus décisionnel dans les secteurs sensibles au climat et soutiendra l’adaptation à l’évolution et la variabilité du climat.
Le défi qui nous attend est énorme, mais la mise en oeuvre du CMSC aura de multiples avantages. De concert, nous améliorerons les décisions prises dans les secteurs de la réduction des risques de catastrophes, de la gestion des ressources en eau, de la santé et de l’agriculture et la sécurité alimentaire, qui sont les priorités mêmes du CMSC.