Il y a 5O ans ... 57-4-2008

01 octobre 2008

Contenu

Le Bulletin d’octobre 1958 contenait des articles intitulés «Météorologie agricole», «à propos d’une organisation hydrologique mondiale», «Rôle de l’OMM en hydrologie» et «Bilan thermique de la surface terrestre».

Météorologie agricole

... Depuis que l’homme, de chasseur qu’il était, est devenu cultivateur, il sait que le temps exerce une action considérable sur l’agriculture et la production agricole. Le cultivateur n’ignore pas que le rendement de ses récoltes est le jeu du hasard où interviennent les précipitations et d’autres facteurs météorologiques tels que la température et le vent ...

La météorologie agricole traite des divers problèmes relatifs à la croissance des plantes cultivées et à leur rendement par rapport aux facteurs du milieu ambiant, à savoir: les facteurs météorologiques et leur succession dans le temps au cours de la saison culturale. Ces mêmes facteurs du milieu ambiant affectent également les nombreux parasites et maladies des cultures, exerçant ainsi une autre influence, indirecte celle-ci, sur la croissance et le rendement des plantes.

... En fait, la variabilité du rendement des cultures en fonction du temps équivaut à elle seule à la variabilité causée par tous les autres facteurs réunis: variété de la plante, engrais et traitement des cultures ... Ainsi, de même que la botanique, l’entomologie et la chimie ont un rôle fondamental et permanent à jouer en agriculture, on constate qu’un rôle semblable échoit à la météorologie.

Dans plusieurs pays essentiellement agricoles, les organismes officiels qui s’occupent d’agronomie, de ses applications et des effets du temps sur les cultures ont été créés à la suite de périodes de famine répétées dues à une absence de pluie prolongée sur de vastes régions. ... à l’origine, les services météorologiques ont fait porter leurs efforts sur l’organisation de réseaux de stations d’observation météorologiques pourvues d’installations télégraphiques, en vue de la préparation des cartes de météorologie synoptique nécessaires pour prévoir les changements de temps journaliers à grande échelle. D’autre part, il est reconnu que les statistiques agricoles portant sur les régions semées et le rendement par hectare manquent de précision, ces statistiques étant fondées sur des prévisions visuelles subjectives d’agents du fisc dont la tâche principale est d’évaluer le montant de l’impôt foncier. ... Nous savons maintenant que si le microclimat conditionne les cultures, celles-ci aussi, dans leur propre milieu, exercent une action sur le microclimat ... Il est évident que c’est le microclimat qui, en fait, régit la croissance des plantes ainsi que l’apparition et l’entensité des parasites et des maladies. Ce n’est que récemment que des techniques objectives d’échantillonnage au hasard, statistiquement fondées, ont été adoptées pour évaluer les superficies des cultures, la croissance et le rendement des plantes.

Au début du siècle, on commença à prendre conscience de l’importance que présenteraient des organismes appropriés chargés d’étudier le temps en relation avec les cultures, et l’Organisation météorologique internationale a institué une Commission de météorologie agricole (CMAg) en vue d’encourager ces études dans tous les pays.

Il a fallu deux guerres mondiales pour que les nations comprennent que l’alimentation est véritablement un problème mondial de la plus haute importance. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, ainsi que l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture ... examinent en collaboration avec la CMAg les problèmes de météorologie agricole et d’autres questions connexes. la CMA g a préparé des règles techniques détaillées applicables par tous les pays intéressés pour le rassemblement systématique de données climatologiques spéciales et, simultanément, pour l’observation du développement des plantes cultivées et de leur rendement.

... C’est à l’expert en phytogénérique qu’il incombe de protéger les plantes contre tous risques de sécheresse ou de gelée en produisant des variétés résistantes. pour cela, et aux fins de recherches détaillées sur les relations existant entre l’évolution du temps et l’état des cultures, il est probable que de nombreux pays entreprendront des expériences sur les plantes en serre, les valeurs des facteurs pertinents du milieu variant d’une serre à l’autre. Ceci pourra contribuer à mettre en lumière certains phénomènes qui se produisent au hasard ou échappent à tout contrôle dans la nature.

L.A. Ramdas

Rôle de l’OMM en hydrologie: le point de vue d’un météorologiste

... Le premier souci des directeurs des services météorologiques sera d’assurer que l’OMM continue à fonctionner efficacement en météorologie. ... Quels seront les effets de cet accroissement des tâches sur des projets aussi urgents que l’établissement de normes pour des observations jusqu’au niveau de 10 mb et la transmission de données pour la prévision numérique? Est-ce que l’OMM sera encore en mesure de contribuer efficacement à l’amélioration des méthodes de prévision, au développement des études climatologiques et à la mise au point d’instruments électroniques?

Actuellement, un petit nombre de pays seulement possède un service hydrométéorologique national unifié. Pour ces pays, la fusion des intérêts sur le plan international est manifestement logique et avantageuse. Toutefois, dans la plupart des pays, la responsabilité de l’hydrologie incombe à un ou à plusieurs organismes entièrement distincts du service météorologique. Dans les états fédéraux, il est assez courant de constater que les responsabilités hydrologiques sont confiées aux différents états membres. Cette répartition des responsabilités à l’échelon national soulève d’importants problèmes en ce qui concerne toute proposition d’unification internationale. Qui représentera son pays au sein de l’OMM: un météorologiste ou un hydrologiste? Est-ce que le bon fonctionnement de l’OMM sera assuré dans les deux domaines en cas de représentation mixte? Est-ce que l’OMM pourra conserver son caractère d’organisation météorologique internationale si l’hydrologie vient s’ajouter à son programme? Est-ce que l’homogénéité essentielle de l’organisation ne sera pas détruite par l’introduction d’une nouvelle discipline?

Toutes ces questions sont importantes et il faut certainement y répondre à la satisfaction du météorologiste avant qu’une unification soit possible ou même souhaitable. Les réponses doivent également être acceptables pour les hydrologistes si l’on veut que l’organisation unifiée fonctionne efficacement. Quels sont donc les arguments qui militent en faveur d’une extension des activités hydrologiques dans le cadre de l’OMM?

Une collaboration internationale en matière d’hydrologie est sans aucun doute indispensable. Le monde se rend de plus en plus compte de l’importance des problèmes hydrauliques. Il faut fournir l’eau nécessaire pour produire de plus grandes quantités de denrées alimentaires, pour répondre à la demande de l’industrie et pour satisfaire d’autres besoins humains. La mise en valeur des pays inusffisamment développés ne peut s’accomplir sans un accroissement énorme de leur consommation d’eau. En même temps, il faut diminuer ou éliminer complètement la pollution des cours d’eau, les pertes en vies humaines et les dégâts matériels causés par les inondations, ainsi que les pertes dues à l’écoulement de l’eau vers la mer ou à une évaporation excessive. Dans les zones arides, il faut rechercher, évaluer et exploiter rationnellement de nouvelles sources d’eau souterraines.

Pour mettre en valeur et exploiter comme il convient les ressources hydrauliques, il est indispensable de disposer de données de base et de les interpréter judicieusement. Depuis longtemps, les services météorologiques de la plupart des pays ont assumé la responsabilité de deux facteurs essentiels du bilan hydrique: les précipitations et l’évaporation. Si une organisation internationale (autre que l’OMM) est appelée à assumer les responsabilités de l’hydrologie, l’OMM doit être prête à renoncer au rôle qu’elle joue actuellement dans l’étude des précipitations et de l’évaporation. Je suis persuadé qu’aucun météorologiste ne le voudrait, comme il ne serait pas disposé non plus à abandonner la météorologie aéronautique à l’Organisation de l’aviation civile internationale ou la météorologie agricole à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.

Ce dilemme offre au météorologiste un argument solide en faveur de l’inclusion de l’hydrologie dans le champ d’action de l’OMM. De même, l’intérêt que les hydrologistes portent à d’autres phénomènes météorologiques le pousse à accepter la même conclusion. Cette identité d’intérêts tend également à affaiblir l’argument selon lequel l’inclusion de l’hydrologie dans les attributions de l’OMM détruirait l’homogénéité de cette organisation. En fait, les discussions qui ont eu lieu au Deuxième Congrès et au sein de plusieurs commissions techni-
ques semblent indiquer qu’en réalité la météorologie elle-même est loin d’être homogène. à de nombreux égards, le climatologiste et le spécialiste de la météorologie agricole se sentiront plus proches de l’hydrologiste que du prévisionniste de l’aéronautique. L’hydrologiste s’occupant de la prévision des débits des cours d’eau aura certainement des affinités avec le météorologiste établissant des prévisions du temps.

L’attribution de nouvelles fonctions à l’OMM retardera évidemment le développement des fonctions qu’elle assume déjà, à moins que l’on n’adapte le budget et le personnel aux nouveaux besoins. Cela signifie que si l’OMM accepte la responsabilité de l’hydrologie, elle devra accepter également l’augmentation des dépenses qui en résultera (évaluée à 15 % du budget actuel). Il convient de noter qu’une telle dépense serait certainement très inférieure au coût d’une organisation entièrement nouvelle et qu’il s’agit en fait d’une somme extrêmement modeste si l’on tient compte de l’importance que présente l’hydrologie pour le monde.

Il ne semble pas y avoir de raison pour que les méthodes de procédure, que l’OMM applique actuellement et qui se sont révélées si efficaces pour la météorologie, ne fonctionnent pas tout aussi bien pour l’hydrologie. Il faudrait évidemment créer la ou les commissions techniques d’hydrologie nécessaires, mais la grande similitude entre les problèmes internationaux de l’hydrologie et ceux de la météorologie semble devoir assurer l’efficacité de ce système.

L’absence d’unité à l’échelon national soulève une objection potentiellement plus sérieuse à l’égard de la coordination internationale. Cependant, ce problème s’est déjà posé et a été résolu avec succès dans d’autres domaines. C’est ainsi que l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) représente une gamme d’intérêts très variés. De nombreux pays ont créé des comités nationaux pour l’UNESCO, dans lesquels tous les intérêts en cause sont représentés. Ces comités conseillent aux représentants permanents les mesures à prendre aux congrès et aux autres réunions. De même, dans le cas de l’OMM, chaque pays devrait désigner son représentant permanent comme il l’entend, mais celui-ci devrait pouvoir compter sur le soutien et les avis d’un comité national représentant les intérêts météorologiques et hydrologiques. Avec un peu de bonne volonté, un tel arrangement serait à la fois harmonieux et efficace. à la longue il pourrait même présenter des avantages considérables pour la météorologie et l’hydrologie grâce à une meilleure coopération et compréhension aux niveaux national et international.

... Il existe certainement des arguments très solides pour réunir l’hydrologie et la météorologie sous une seule enseigne. L’hydrologie porte cependant sur un domaine très vaste et l’inclusion de cette science tout entière dans le programme de l’OMM soulèverait de nombreux problèmes. L’extension du champ d’action entraînera des dépenses plus considérables et un personnel plus nombreux si l’on veut mettre en œuvre dès l’abord un programme bien équilibré ... Quelle que soit la décision finale, la météorologie devrait tirer parti d’un renforcement de sa position dans la famille de l’ONU et d’une coordination scientifique plus étroite avec les tenants d’une discipline scientifique très proche.

M. Gilead

Avis et nouvelles

Remise du Troisième Prix de l’OMI

Le Troisième Prix de l’Organisation météorologique internationale, décerné par le Comité exécutif à M. Ernest Gold, ancien directeur adjoint du Meteorological Office britannique, a été remis au récipiendaire le 30 juin 1958, à Londres. M. André Viaut, Président de l’OMM, a procédé à la remise de ce prix, au cours d’une cérémonie qui s’est déroulée dans la salle historique des séances de la Royal Society, à Burlington House, Piccadilly, sous la présidence de Sir Graham Sutton, directeur général du Meteorological Office. Parmi les personnalités qui entouraient M. Ernest Gold et son épouse, on remarquait notamment: Lord Hurcomb, président du Comité météorologique, Sir David Brunt, Sir Charles Norman, Sir George Simpson, le professeur G.M.B. Dobson.

 

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