Des services postaux mieux préparés grâce aux données météorologiques
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- Par l’Union postale universelle et le Service postal des États-Unis d’Amérique

By Universal Postal Union and United States Postal Service
Le bâtiment qui abrite le bureau de poste James A. Farley à New York comporte une inscription que l’on peut traduire ainsi: «Ni la neige, ni la pluie, ni la chaleur, ni la nuit n’empêchent ces messagers d’accomplir promptement leur tournée»; parce qu’elle souligne la fiabilité du service, elle est devenue la devise non officielle de la poste américaine. Pourtant, vu son recours à de vastes réseaux et son besoin d’une infrastructure critique, le secteur postal peut être gravement touché par les catastrophes, en particulier par les phénomènes météorologiques extrêmes.
Les services postaux doivent disposer d’installations et de personnel sur tout le territoire afin de desservir l’ensemble de la population. Certaines de ces installations fonctionnent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Il n’est donc pas étonnant que les opérations soient perturbées lorsque survient une situation d’urgence quelque part. Cet article s’intéressera avant tout aux risques de nature météorologique. Les événements survenus dernièrement aux Philippines, en Bosnie-Herzégovine et au Vanuatu mettront en lumière les répercussions qu’un temps violent peut avoir sur les organisations postales. Une étude de cas aux États-Unis d’Amérique montrera l’importance de l’information météorologique pour les opérations quotidiennes.
L’Union postale universelle (UPU), l’institution spécialisée des Nations Unies pour le secteur postal, coordonne diverses initiatives à l’échelle internationale afin que les services postaux puissent mieux faire face aux phénomènes météorologiques plus intenses et plus fréquents qui accompagnent l’évolution du climat.
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Les risques pour les organisations postales
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Le personnel et les installations des organisations postales peuvent pâtir d’événements météorologiques intenses tels que les violentes tempêtes, les vents forts, les précipitations abondantes sous forme de neige, de pluie ou autre, et les conditions extrêmes comme les tornades et les ouragans. Leurs conséquences – chaleur, vent, inondation, glissement de terrain, coulée de boue, etc. – menacent la santé et la sécurité des employés et causent des dommages à une infrastructure essentielle. Il en va ainsi quelle que soit la taille du secteur dans un pays donné.
Un service postal moderne ne peut fonctionner sans l’infrastructure et les réseaux d’alimentation électrique, de communication et de transport – par véhicule, par train, par avion, etc. Quand une tempête provoque une coupure d’électricité ou oblige à annuler des vols, il n’est pas facile de distribuer le courrier comme d’habitude. Les impacts du temps et du climat compromettent les opérations postales et la fourniture de services publics essentiels, y compris pendant les situations d’urgence.
Les effets à long terme du changement climatique, comme l’élévation du niveau de la mer et la sécheresse, menacent aussi les installations qui sont situées sur des côtes sujettes aux inondations ou dans des zones menacées par les incendies, par exemple. Les phénomènes qui progressent lentement peuvent détruire les routes et les équipements au point de rendre impossibles l’acheminement et la distribution du courrier. Les spécialistes du climat anticipent une hausse de la fréquence et de l’intensité des extrêmes climatiques, d’où l’importance que revêt, pour les services postaux, la planification de mesures destinées à réduire les risques de catastrophe à l’échelle nationale et internationale.
Conditions météorologiques extrêmes
Les catastrophes survenues récemment donnent une idée des dommages que peuvent subir les organisations postales lors d’événements extrêmes. Le typhon Haiyan qui a frappé les Philippines en novembre 2013 a fait au‑delà de 6 000 morts et des millions de déplacés. Décrit comme la pire catastrophe de tous les temps dans ce pays, il n’a laissé que désolation dans son sillage. Les installations postales n’ont pas été épargnées. Dans la région orientale de Visayas, la plus éprouvée, les bureaux de poste et les équipements ont été endommagés ou détruits. À Tacloban, le bâtiment qui servait de centre régional de distribution pour une quarantaine de villes a dû être rénové de fond en comble; les vents de la force d’un ouragan et les eaux déchaînées avaient abattu les murs, fait éclater les vitres et arraché le toit.
En mai 2014, de fortes pluies ont provoqué des inondations et des glissements de terrain dans plusieurs pays des Balkans. La tempête a fait 25 victimes et a entraîné le déplacement de 90 000 personnes en Bosnie-Herzégovine. Les inondations ont totalement ou partiellement détruit 19 bâtiments de la société Pošte Srpske, dommages estimés à 1,9 million d’euros (2,1 millions de dollars É.‑U.).
En décembre 2014 et janvier 2015, d’abondantes pluies saisonnières ont déclenché au Malawai de vastes inondations qui ont causé de graves dommages à l’agriculture, l’élevage et l’infrastructure, dont le réseau postal. Quatre bureaux de poste, deux dans le Sud et deux dans le Nord, ont été détruits et les opérations ont dû être suspendues dans les régions concernées.
Lors de ces événements et bien d’autres, l’UPU a prêté assistance aux organisations touchées grâce à sa politique d’aide d’urgence. Ces exemples montrent toutefois qu’il est nécessaire de se préparer aux phénomènes météorologiques dangereux si l’on veut éviter les pires catastrophes.
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Le fonctionnement quotidien des postes américaines
Les services postaux ont besoin d’informations météorologiques pour se préparer et réagir en cas de temps violent ou extrême. Au Service postal des États-Unis d’Amérique (USPS), les responsables de l’exploitation reçoivent, chaque matin, un bulletin météorologique établi à partir des prévisions officielles du Service météorologique national de l’Administration américaine pour les océans et l’atmosphère (NOAA) et à partir d’informations librement accessibles auprès d’autres sources. En plus de donner un aperçu des conditions générales, le bulletin décrit le mauvais temps qui pourrait nuire aux opérations, telle une tempête susceptible de provoquer des inondations et de perturber les systèmes de transport de l’USPS. En été, ce sont les fortes chaleurs qui sont signalées, puisque les facteurs seront affectés par ces conditions pendant leur tournée. En hiver, ce sont les températures extrêmement basses, pour les mêmes raisons.
Le bulletin signale aussi les cyclones tropicaux qui pourraient survenir. Si un phénomène météorologique extrême risque d’avoir des répercussions sur le personnel et l’infrastructure, des prévisions locales détaillées accompagnées de cartes SIG sont transmises aux responsables de l’exploitation sur place. Ces derniers prennent des mesures préventives et s’assurent que les employés connaissent la procédure à suivre en cas d’urgence, que l’infrastructure est bien protégée et que les modifications voulues sont apportées aux activités et aux réseaux.
Dans l’Ouest américain où sévit une longue sécheresse, les mesures de préparation aux incendies sont régulièrement actualisées afin de maîtriser le danger. L’USPS analyse également l’information météorologique, tant les relevés anciens que les prévisions à long terme, pour choisir l’emplacement et les techniques de construction de ses installations.
Un partenariat international
Dans le cadre de sa politique de réduction des risques liés aux catastrophes, l’UPU aide ses 192 pays membres à se préparer, à réagir et à se relever advenant une catastrophe due à des phénomènes naturels dangereux et extrêmes. Il est crucial, pour accroître la résilience des réseaux et prévenir les catastrophes, que les organisations postales intègrent les informations et prévisions climatologiques et météorologiques dans leurs plans, politiques et pratiques. Il serait certainement bénéfique qu’elles aient plus largement accès à des informations ciblées et spécialisées qui leur permettent de prendre des décisions éclairées quant aux mesures de réduction des risques de catastrophe propres à limiter les pertes économiques et à renforcer la résilience.
Le Cadre mondial pour les services climatologiques (CMSC), par sa vocation et ses objectifs, répond à ce besoin. En outre, les réseaux postaux pourraient faciliter l’accès aux informations sur le temps et le climat à l’échelon local et participer aux mécanismes d’alerte précoce, comme c’est déjà le cas au Japon et dans plusieurs autres pays.
Un accord de coopération entre l’OMM et l’UPU est en cours de préparation; il porte sur l’aide que l’information météorologique et climatologique peut apporter au secteur postal dans la prévention des catastrophes et sur la possibilité qu’offrent les réseaux postaux d’atteindre les personnes et les communautés lorsque survient une catastrophe. Le secteur postal pourra ainsi tirer pleinement parti des données sur le temps et le climat pour se préparer à des conditions difficiles.
L’algorithme prEDI de l’Union postale universelle: Prévoir le moment de livraison à l’aide des données météorologiques
La fiabilité des services postaux est importante pour la satisfaction des consommateurs alors que le commerce électronique connaît une expansion rapide. Le temps peut perturber l’acheminement des colis le long des réseaux postaux. C’est encore plus vrai dans le cas d’envois internationaux, qui traversent une multitude de centres entre le lieu d’expédition et de livraison et empruntent divers réseaux, y compris ceux des compagnies aériennes. La qualité finale du service offert par les organisations postales fluctue davantage, car les opérations de transport et de manutention à l’échelle internationale sont particulièrement sensibles aux conditions météorologiques.
L’UPU est en train d’élaborer l’algorithme prEDI, qui permettra d’estimer le jour et l’heure de livraison à partir de milliards d’informations de suivi dans le monde, disponibles par le biais du système d’échange de données informatisé du réseau POST*Net. Les conditions météorologiques devraient y occuper une place centrale.
Puisqu’un phénomène extrême n’est pas forcément prévu au moment où l’on passe une commande en ligne, l’algorithme sera programmé de manière à réévaluer toutes les probabilités en temps réel dès que se confirme une perturbation majeure. Le consommateur, ainsi que tout membre de la chaîne d’acheminement, pourra être prévenu sur-le-champ des nouvelles date et heure de livraison. Compte tenu de la variabilité accrue du temps et de la hausse de la fréquence des phénomènes extrêmes, l’intégration des données météorologiques dans le système prEDI de l’UPU pourrait grandement aider à répondre aux attentes des consommateurs et à mieux prévoir les délais de livraison à l’échelle internationale.