Gestion des risques climatiques dans l’ouest de l’Amérique du Sud: mise en place réussie d’un système d’information

par Rodney Martínez Güingla* et Affonso Mascarenhas*
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Introduction
Six ans après son inauguration, en janvier 2003, le Centre international de recherche sur le phénomène El Niño (CIIFEN) a réussi à asseoir sa présence en Amérique centrale et en Amérique du Sud en offrant des services d’information climatologique conçus essentiellement pour les utilisateurs et les décideurs.
L’un des succès les plus notables du CIIFEN durant sa courte existence a été de montrer par l’expérience pratique comment améliorer la gestion de l’information climatologique, pilier des systèmes d’alerte précoce qui répondent véritablement aux besoins de l’homme. La mission du CIIFEN est de promouvoir et de lancer des projets de recherche fondamentale et appliquée pour améliorer la compréhension du phénomène El Niño/La Niña ainsi que la variabilité et l’évolution du climat en vue de perfectionner les alertes précoces sur le plan régional et de réduire les incidences économiques et sociales des phénomènes climatiques.
Cet article présente un bref résumé de l’apport du CIIFEN à la gestion des risques climatiques dans l’ouest de l’Amérique du Sud et de l’évolution de ses activités conformément à son mandat et aux plans d’avenir concernant la région.
Éléments conceptuels d’un système régional d’alerte précoce
La Stratégie internationale de prévention des catastrophes (SIPC) relevant de l’ONU donne une définition claire des systèmes d’alerte précoce en 2009. Le principe de fonctionnement du CIIFEN est fondé sur ce que nous considérons comme un système légèrement modifié d’alerte précoce basé sur quatre thèmes principaux:
- élaboration des prévisions climatiques;
- Réalisation de cartes d’aléas climatiques appliquées à divers secteurs du développement;
- Création de systèmes d’information;
- Mise en place de mécanismes permettant aux gouvernements de réagir à des alertes climatiques précoces et de prendre des mesures (figure 1).
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Figure 1 — Éléments conceptuels du fonctionnement du CIIFEN, Martínez (2004). | |
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Figure 2 — Éléments conceptuels du passage des alertes précoces aux systèmes de gestion des risques, Martínez (2004). | |
Nous expliquons ici, selon notre perspective, le cheminement complexe qui mène des alertes climatiques précoces à la gestion des risques. Lorsque les informations sur le climat provoquent une réaction des pouvoirs publics, elles prennent la forme d’outils d’intervention qui peuvent être appliqués sous la forme de divers mécanismes plus ou moins complexes: planification régionale, décentralisation, transfert des risques et gestion de l’environnement, entre autres choses. Les gouvernements nationaux peuvent aussi renforcer les capacités des Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN) et des centres de recherche en accroissant constamment la puissance de calcul et la capacité du personnel de façon à prendre enfin la voie d’un développement réellement durable (figure 2).
Toutefois, il ne suffit pas de disposer d’un plan conceptuel et d’en parler. Le CIIFEN a dû valider ce plan sur le terrain en mettant en place un projet pilote. Il a eu cette possibilité lorsque la Banque interaméricaine de développement a approuvé, dans la catégorie Biens publics régionaux, le projet «Information climatologique appliquée à la gestion des risques agricoles dans les pays andins», auquel ont participé les SMHN bolivien, chilien, colombien, équatorien, péruvien et vénézuélien, coordonnés par le CIIFEN.
Le système d’alerte précoce
Il s’agit de l’ensemble des capacités nécessaires pour produire et diffuser en temps voulu des alertes significatives afin de permettre aux personnes, aux collectivités et aux organisations menacées par un risque de se préparer et d’agir de façon appropriée et suffisamment tôt pour éviter tout préjudice ou perte. Cette définition englobe tous les facteurs nécessaires pour susciter des réactions efficaces en cas d’alerte.
Un système d’alerte précoce répondant aux besoins de l’homme comprend nécessairement quatre éléments clefs:
- Une connaissance des aléas;
- Un suivi, une analyse et une prévision des risques;
- La transmission ou la diffusion des alertes;
- Une capacité locale de réagir aux risques annoncés.
On utilise l’expression «système d’alerte de bout en bout» pour indiquer que ces systèmes doivent englober toutes les étapes, depuis la détection des risques jusqu’à l’intervention des collectivités (Source: terminologie du Secrétariat de la SIPC sur la réduction des risques de catastrophes).
Mise en place d’un système d’information climatologique pour la gestion des risques agroclimatiques dans les pays andins
Lancé en juin 2007, ce projet représente, de par sa nature et sa structure, l’une des principales activités d’envergure régionale axées sur la gestion des risques climatiques. Son objectif était de contribuer à réduire les incidences socio-économiques de l’action du climat sur l’agriculture des Andes grâce à la création d’un système d’information climatologique constituant un bien public régional axé sur les besoins des agriculteurs et permettant la prise de décisions et la gestion des risques dans le secteur agricole.
Le projet comprenait les éléments suivants:
- Un système de traitement des données et des informations sur le climat;
- Un système de diffusion de l’information;
- Un renforcement institutionnel.
Une base régionale de données climatiques pour l’ouest de l’Amérique du Sud
Au titre du premier élément, on a lancé dans les SMHN des six pays de l’ouest de l’Amérique du Sud un processus complexe de récupération et de conversion des données émanant de stations météorologiques pour les numériser et les soumettre à un contrôle de qualité. Parallèlement, on a travaillé à la conception d’une base régionale de données sur le climat qui a culminé avec la saisie de 3 879 035 relevés des précipitations et des températures maximales et minimales produits par 169 stations météorologiques de la région. On a créé une interface numérique pour afficher des données d’archives (http://vac.ciifen-int.org) allant de 1960 à maintenant. Ce progrès important de l’intégration et de l’échange régionaux de données climatologiques est une première qui annonce un nouveau chapitre de la coopération entre les services météorologiques de la région. La base régionale de données sur le climat est gérée et tenue à jour par le CIIFEN et un accord pour son exploitation a été approuvé et signé par les SMHN des six pays et par le CIIFEN (figure 3).
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Figure 3 — Base régionale de données climatologiques pour l’ouest de l’Amérique du Sud: http://vac.ciifen-int.org. |
Modélisation statistique et dynamique
L’équipe chargée du projet a fait un effort considérable pour accroître la capacité de prévision climatologique (1 à 3 mois) dans les six pays concernés. L’un des principes fondamentaux d’un système d’information climatologique étant de fonder les prévisions sur des informations fiables pour réduire la subjectivité et renforcer la robustesse, le projet a été fondé sur des outils statistiques et des modèles numériques conçus autant que possible en fonction des conditions de chaque pays. Cela a posé un problème majeur au CIIFEN et à l’équipe chargée du projet en raison de déséquilibres importants entre les pays qui ont pris part à celui-ci.
Malgré les contraintes considérables qui ont entravé la mise en œuvre du projet, nous avons pu fournir des stations de travail aux pays et le travail s’est déroulé sur deux fronts à la fois. Pour la modélisation statistique, nous avons eu recours à l’outil pour la prévisibilité du climat. Il s’agit d’un outil de réputation mondiale pour la réduction d’échelle statistique conçu par l’Institut international de recherche sur le climat et la société (IRI). Des ateliers régionaux ont eu lieu parallèlement au détachement d’experts auprès des équipes de chaque pays. L’expérience précieuse des équipes de prévision a permis de choisir et d’utiliser des paramètres de prévision atmosphérique et océanique. Nous avons validé les prévisions et, à la suite d’un long processus, les six SMHN ont pu produire des prévisions saisonnières et, dans certains cas, des prévisions sur un et deux mois. Avec quelques différences, sur la durée du projet, ces prévisions statistiques ont atteint le stade opérationnel dans tous les pays, qui, dans la plupart des cas, ont produit des prévisions à une échéance inconnue jusqu’alors. Pour la modélisation numérique, nous avons eu recours au mode climat des modèles MM5 et WRF (voir l’encadré ci-dessous). Dans ce cas également, nous avons collaboré étroitement avec les SMHN et organisé deux stages régionaux de formation sur la modélisation numérique. Les expériences numériques se poursuivent et sont maintenant opérationnelles dans au moins trois pays (figure 4).
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Figure 4 — Prévision saisonnière d’exploitation produite par l’IDEAM, en Colombie, pour décembre 2008. | |
Systèmes d’aide à la décision
Les outils d’aide à la décision sont l’un des fondements essentiels des activités du CIIFEN. Nous avons conçu, pour le secteur agricole en particulier, un système d’information géographique représentant dans l’espace la vulnérabilité de certaines cultures dans chaque pays où le projet a été exécuté, et notamment des couches multiples d’information pouvant servir à définir des niveaux d’exposition au climat et des niveaux de résistance fondés en particulier sur des paramètres économiques, sociaux, politiques et institutionnels. Entre autres facteurs, le territoire se caractérise par l’occupation des sols, la capacité de rétention d’eau, la topographie et la texture.
Les modèles MM5 et WRF Le modèle MM5 est un modèle non hydrostatique à domaine limité qui tient compte de la topographie, avec des coor-données sigma. Il est conçu pour simuler ou prévoir la circulation atmosphérique à méso-échelle (http:// www.mmm.ucar.edu/ mm5/). Le modèle WRF (Weather Research and Forecasting) est un système de prévision numérique du temps à méso-échelle de nouvelle génération conçu tant pour la prévision opérationnelle que pour la recherche atmosphérique qui sert à une vaste gamme d’applications à des échelles allant de quelques mètres à plusieurs milliers de kilomètres (http:// www.wrf-model.org/index.php). |
Dans le cas des cultures, nous avons évalué les cycles phénologiques et les diverses conditions climatiques sur la base de données d’archives et d’informations obtenues sur le terrain. Nous avons aussi tenu compte des maladies et des parasites les plus liés au climat. Nous avons pondéré les couches d’information permettant d’évaluer la vulnérabilité selon la région et la culture considérées, puis nous les avons croisées avec des couches dynamiques issues de prévisions quant aux précipitations saisonnières et aux températures minimales et maximales pour produire des cartes dynamiques des risques agroclimatiques par culture. Nous avons validé le système dans chaque pays et collaboré étroitement avec les experts de chaque SMHN. Enfin, le système a pu produire des cartes actualisées avec chaque nouvelle prévision pour obtenir des scénarios concernant les risques sur trois mois, disponibles tous les deux mois ou tous les mois. Les utilisateurs peuvent afficher la couche de vulnérabilité, la prévision et le risque associé grâce à une échelle de couleurs très simple figurant sur la carte. Le système a été conçu pour être mis à jour à partir du site Web (http://ac.ciifen-int.org/sig-agroclimatico/) (figure 5).
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Figure 5 — Cartes des aléas climatiques dans l’ouest de l’Amérique du Sud: http://ac.ciifen-int.org/sig-agroclimatico/. |
Systèmes d’information communautaires
L’équipe chargée du projet s’est occupée assidûment de la phase la plus critique du processus de diffusion de l’information, atteignant les utilisateurs finals sans interférence ou intermédiaires. Pour cela, une fois que tous les systèmes technologiques ont atteint la phase opérationnelle, nous avons travaillé sans discontinuer dans des secteurs choisis de chaque pays pour recenser les intervenants, constituer des alliances, contacter les médias et entretenir des rapports avec ceux-ci. Nous avons fait un effort particulier pour impliquer le secteur privé, avec succès. Nous avons obtenu le soutien d’opérateurs de téléphonie mobile pour pouvoir envoyer gratuitement en Équateur des messages d’alerte climatologique à un vaste réseau d’utilisateurs. De même, nous avons pu inclure gratuitement dans des revues largement diffusées dans le monde agricole des produits conçus par certains SMHN. Nous avons conclu d’importantes alliances avec des stations de radio communautaires et même diffusé des bulletins climatiques dans des langues locales. Nous avons démontré qu’il était possible de mettre en place des systèmes efficaces d’information climatologique répondant aux besoins des usagers les plus éloignés (figure 6).
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(a) |
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(b) |
Figure 6 — a) Systèmes de diffusion climatologique dans l’ouest de l’Amérique du Sud; b) Alliances avec des médias locaux et le secteur privé pour diffuser des informations climatologiques. |
Nous avons évalué la perception par les usagers de l’information climatologique diffusée dans des zones pilotes des six pays. L’accès à l’information, la compréhension de celle-ci et son exploitation sont passées de 30-35 % de la population ciblée au début du projet à 60-65 % à la fin de celui-ci. L’un des principaux indicateurs du succès de cette initiative a été la réaction des autorités nationales et locales. Lors de la dernière étape du projet, les pouvoirs publics ont financé sa reproduction dans d’autres secteurs et l’accroissement de la capacité installée. Le système d’information a été mis à la disposition d’utilisateurs avertis ou techniques et à des décideurs du monde des affaires et du gouvernement sur Internet, les produits étant faciles à comprendre et à utiliser. Il a également été mis à la disposition des utilisateurs finals par d’autres moyens et sous des formes plus complexes: radio, systèmes locaux de communication, réseaux agricoles, associations communautaires, etc. Ces deux groupes d’utilisateurs ont donné leur point de vue sur l’information, dont la présentation a été modifiée plusieurs fois pour satisfaire la demande autant que possible.
Actuellement, on mesure l’efficacité du système par la demande. Les usagers ayant accès au courrier électronique peuvent se connecter au système et le nombre d’utilisateurs a augmenté de pas moins de 80 % en deux ans. Les services météorologiques disposent d’une longue liste d’utilisateurs principaux des informations qu’ils diffusent régulièrement. La liste s’allonge constamment pour inclure des usagers qui reçoivent les informations par radio, par les médias et par téléphone portable (les médias de masse dans la région andine).
Des dirigeants de collectivités de divers pays ont été formés à l’utilisation d’informations climatologiques. Des publications didactiques ont été rédigées pour former les formateurs à l’exploitation de ces informations et pour qu’ils bénéficient des données des SMHN. Ces publications ont été conçues en tenant compte des caractéristiques socioculturelles des collectivités de chaque pays.
Il existe un autre indicateur de succès des alliances pour la coopération avec le secteur privé. Des accords officiels conclus avec les SMHN ont permis un soutien à long terme grâce à la publication de prévisions climatiques saisonnières et d’autres données gratuites dans un but de formation dans les collectivités liées aux industries et notamment grâce à des mesures de soutien précises.
Principaux résultats du système d’information climatologique dans l’ouest de l’Amérique du Sud
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Première base régionale de données climatiques à être mise en place dans l’ouest de l’Amérique du Sud.
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Capacités améliorées par une réduction d’échelle statistique et dynamique dans la région.
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Application de la dynamique opérationnelle des cartes des aléas climatiques à l’agriculture de la région.
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Mise en œuvre de réseaux communautaires autonomes d’information sur le climat avec l’appui des autorités pour les réseaux de données, les médias et le secteur privé.
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Important renforcement des capacités dans la région, étroitement lié au système de mise en œuvre.
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Application d’accords régionaux entre les SMHN de la région et les réseaux.
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Réaction politique positive des autorités locales et nationales par rapport au système, qui permettra de reproduire l’initiative dans d’autres zones et pour d’autres cultures grâce à un financement régional.
Apport du CIIFEN au State of the Climate du Bulletin of the American Meteorological Society
Les participants à la quatorzième session de la Commission de climatologie (CCl) de l’OMM, qui s’est tenue à Beijing en novembre 2005, ont adopté la recommandation 5.5.3 demandant l’OMM de veiller à ce que les livraisons du Bulletin of the American Meteorological Society (BAMS) recherchent un équilibre régional du point de vue de la couverture et de la participation des SMHN. Le CIIFEN s’est chargé de cette mission et coordonne depuis lors une activité sans précédent et propre à obtenir la contribution du Conseil régional III (Amérique du Sud) de l’OMM à la publication annuelle du BAMS intitulée State of the Climate.
Depuis 2006, avec la collaboration active des SMHN de la Région et la coordination du CIIFEN, nous avons obtenu non seulement la participation d’un grand nombre de stations de la Région dans l’analyse (de 516 en 2005 à plus de 900 en 2009), mais aussi une augmentation de la participation d’auteurs de divers pays d’Amérique du Sud à cette importante publication. À ce jour, notre apport a été publié dans les numéros du State of the Climate de 2005, 2006, 2007 et 2008 du BAMS (figure 7). La collecte et le partage d’informations climatologiques sont d’autres fonctions utiles en matière de services de renseignements permettant la conversion d’évaluations d’archives de base et de données d’analyse extrêmement utiles pour la prévision et l’évaluation d’indices.
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Figure 7 — Cartes des anomalies régionales figurant dans le chapitre consacré à l’Amérique du Sud du State of the Climate, publication du Bulletin of the American Meteorological Society. |
Forum sur l’évolution probable du climat sur la côte ouest d’Amérique du Sud
Depuis 2003, le CIIFEN, sous les auspices de l’OMM, coordonne le forum sur l’évolution probable du climat sur la côte ouest d’Amérique du Sud avec la participation des SMHN bolivien, chilien, colombien, équatorien, péruvien et vénézuélien. À ce jour, sept forums ont eu lieu: à Guayaquil (Équateur, 2002, 2003 et 2004), à Santiago du Chili (2005), à Armenia (Colombie, 2006), à La Paz (Bolivie, 2007) et à Caracas (Venezuela, 2008); le prochain doit avoir lieu à Cuzco, au Pérou, au cours du dernier trimestre 2009. Au départ, le forum devait aboutir à un consensus sur l’évolution saisonnière du climat dans la région, mais il s’est transformé en une instance de dialogue et d’interaction entre usagers des pays membres.
Cours de renforcement des capacités
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Les forums sont maintenant devenus des plates-formes permettant aux SMHN d’approfondir le dialogue avec les utilisateurs finals de divers secteurs et d’analyser et d’améliorer les opérations de prévision saisonnière dans la région. Le mécanisme de mise en relation des fournisseurs d’informations climatologiques et des utilisateurs des collectivités permet une meilleure compréhension entre usagers et favorise une meilleure adoption par ceux-ci, ce qui réduit les résultats négatifs.
Les prévisions saisonnières pour la région sont le résultat d’un débat et d’un consensus mensuels entre tous les SMHN. Tous les membres partagent une méthodologie commune faisant appel à certains paramètres convenus et améliorés d’une année sur l’autre. On travaille actuellement à l’application d’une technique de vérification. Une fois qu’un consensus est obtenu, la prévision est envoyée par courrier électronique à plus de 15 000 utilisateurs d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud et à quelques autres destinataires d’autres continents. Les forums sur l’évolution probable du climat ont apporté aux SMHN et au CIIFEN une expérience approfondie et leur ont permis de bénéficier d’enseignements concernant le profil des utilisateurs, les attentes et les problèmes à prévoir, ce qui leur a fait mieux comprendre les informations sur le climat et le processus complexe de leur gestion sur le plan régional et national en tant que base fondamentale des alertes précoces et des systèmes de gestion des risques.
Les produits d’information du CIIFEN
Le CIIFEN dispose d’un système opérationnel d’information destiné à un grand nombre d’usagers (plus de 15 000) enregistrés au moyen d’un système d’abonnement en Amérique centrale, en Amérique du Sud, en Europe et en Asie. Parmi les consultations de la section produits du CIIFEN, 77 % émanent d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, 19,4 % d’Europe, des États-Unis et du Canada, et les 3,6 % restants d’Asie, d’Afrique et d’autres régions.
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Figure 8 — Produits opérationnels du CIIFEN. |
Les produits opérationnels du CIIFEN (figure 8) sont:
- Des images de la température en surface du Pacifique Ouest (hebdomadaires);
- Le bulletin du CIIFEN sur l’état du phénomène El Niño/Oscillation australe (ENSO), axé sur ses incidences en Amérique centrale et en Amérique du Sud (mensuel);
- La prévision saisonnière pour l’ouest de l’Amérique du Sud (mensuelle);
- L’analyse océanographique du Pacifique Est (mensuelle).
Changement climatique, gestion des risques et adaptation
Le changement climatique est un sujet qui apparaît régulièrement à l’ordre du jour du CIIFEN. Du point de vue conceptuel, les thèmes du changement climatique, de la gestion des risques et de la gestion de l’environnement ne sont pas nécessairement parallèles ou indépendants. Le point commun, c’est le rapport de la population avec les écosystèmes et son action à ce sujet. La variabilité du climat est un facteur constant influencé par son évolution. Dans la pratique, les gens altèrent le sol, dégradent les écosystèmes et créent un risque d’augmentation de la vulnérabilité économique, sociale et environnementale.
Le travail du CIIFEN privilégie la gestion des risques concernant le climat local, outil principal d’élaboration de stratégies d’adaptation au niveau local du fait qu’il s’agit de la meilleure étape pour en comprendre et en aborder les aspects écologiques, sociaux et culturels. Pour travailler au niveau local, il faut entretenir des rapports étroits avec les autorités et la collectivité, ce qui n’exige pas de scénarios sur 80 ou 100 ans. Le CIIFEN préconise l’utilisation de RClimDex (progiciel pour le calcul d’indices, voir http://cccma.seos.uvic.ca/ETCCDMI/software.shtml) pour établir les tendances des indicateurs et des indices de changements climatiques à des échelles temporelles beaucoup plus courtes avec une meilleure approximation locale.
Il convient aussi de comprendre les rapports entre climat, territoires et populations, qui peuvent expliquer en partie la future vulnérabilité au climat. Le CIIFEN considère que la gestion des risques climatiques peut être adaptée à la situation actuelle et qu’une résilience peut apparaître progressivement.
Le CIIFEN a participé à deux projets relatifs au changement climatique. Le premier, qui a porté sur la détermination d’indices du changement climatique sur les côtes de l’Équateur, a abouti à un rapport initial sur les résultats obtenus et sur les tendances éventuelles de l’occupation des sols dans des zones précédemment définies comme présentant des risques climatiques. Le travail s’est effectué en coordination étroite avec l’Institut météorologique et hydrologique équatorien.
Le deuxième projet a consisté, pour le CIIFEN, à participer à l’analyse de la vulnérabilité au changement climatique de la biodiversité et de la population des îles Galapagos. Le projet, qui a reçu l’appui de Conservation International et du Fonds mondial pour la nature (WWF), a permis d’appliquer à un cas précis le cadre conceptuel évoqué ci-dessus.
Renforcement des capacités
Lors de tous ses projets, le CIIFEN a cherché à renforcer les capacités et d’établir des groupes de travail régionaux. Ces dernières années, dans le cadre de nos projets, nous avons conçu de nombreux cours de formation conformément à une stratégie globale de renforcement des capacités pour la prestation de services climatologiques (voir l’encadré à la page précédente).
Ainsi, plus de 150 experts régionaux ont été formés et trois réseaux actifs ou groupes de travail ont été consolidés:
- Un groupe régional pour la modélisation numérique;
- Un groupe régional pour les prévisions saisonnières;
- Un groupe régional pour les indicateurs de changements climatiques.
Le récent atelier ibéro-américain sur la prévision saisonnière, qui a réuni 52 participants de 19 pays et qui doit être répété au cours du deuxième semestre 2009 à Guayaquil (Équateur) mérite une mention particulière.
Conclusion
Le CIIFEN, après avoir rencontré quelques difficultés en matière de consolidation, célèbre son sixième anniversaire dans le cadre d’un développement positif et bénéficie d’une position forte dans l’ouest de l’Amérique du Sud. Les projets se multiplient, ainsi que les rapports avec les institutions de la région, et le nombre de membres s’accroît. Il existe de nombreux enjeux qui nous motivent dans notre travail et nous laissent penser que notre œuvre en matière d’applications climatologiques, de rapports avec les usagers, de gestion des risques climatiques et d’adaptation a été positive et bien reçue par l’ensemble des institutions, des organisations et des donateurs. Pendant la brève existence du CIIFEN, nous avons eu beaucoup de choses à partager et à offrir pour le bien de la région. C’est pourquoi l’avenir nous apparaît comme de plus en plus prometteur.
Remerciements
Nous tenons à remercier Alexandra Rivadeneira, Abigail Alvarado and Juan José Nieto, de l’Unité des systèmes d’information du CIIFEN, pour leur apport à cet article.
Bibliographie et références
Portail de la Banque interaméricaine de développement sur les biens publics régionaux – http://www.iadb.org/projects/Project. cfm?language=Spanish&PROJECT= RG-T1209
IRI: Climate Predictability Tool – http://iri.columbia.edu/outreach/software/
Supplément au State of the Climate in 2005: K.A. Shein, Bulletin of the American Meteorological Society, Vol. 87, N° 6 (juin 2006), 68-71.
Supplément au State of the Climate in 2006: A. Arguez, Bulletin of the American Meteorological Society, Vol. 88, N° 6 (juin 2007), 90–93.
RClimdex – http://cccma.seos.uvic.ca/ETCCDMI/ software.shtml
State of the Climate in 2007: D.H. Levinson et J. H. Lawrimore, Bulletin of the American Meteorological Society, Volume 89, N° 7 (juillet 2008), 124–129
UNISDR, Terminologie pour la prévention des risques de catastrophe, 2009 – http://www.unisdr.org/eng/terminology/Terminology-French.pdf
* Centre international de recherche sur le phénomène El Niño (CIIFEN).