L’égalité entre les femmes et les hommes, une priorité pour l’OMM
- Author(s):
- Par le Secrétariat de l’OMM (Assia Alexieva, Bureau de la planification stratégique)

Nous devons mieux cerner les besoins des femmes, comme ceux des hommes, et mettre pleinement à profit leurs capacités pour relever les défis du développement et servir la population dans un monde soumis aux impacts grandissants du changement climatique et des extrêmes météorologiques. Cela améliorera notre compréhension du temps et du climat, mais aussi l’usage que nous faisons de ces informations.
L’OMM s’est engagée à favoriser l’égalité entre les femmes et les hommes, l’autonomisation des femmes et la création de sociétés plus résilientes. En permettant aux femmes et aux hommes de réaliser leur plein potentiel professionnel et humain, grâce à un égal accès à l’emploi, nous contribuons à offrir de meilleurs services météorologiques et hydrologiques qui répondent aux priorités et aux besoins des unes comme des autres.
Au cours de la dernière année, l’Organisation a lancé plusieurs initiatives afin que ces questions restent au cœur du programme d’action mondial.
Conférence sur l’égalité entre les femmes et les hommes dans le contexte des services météorologiques et climatologiques
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Le but de cet événement, organisé en novembre 2014, était que les services météorologiques et climatologiques prennent davantage en compte les spécificités des sexes, afin que les femmes comme les hommes puissent prendre des décisions éclairées dans les quatre domaines prioritaires du Cadre mondial pour les services climatologiques (CMSC): la prévention des catastrophes, la santé publique, la gestion des ressources en eau et l’agriculture et la sécurité alimentaire. Lors d’une séance consacrée aux carrières féminines en météorologie, en hydrologie et en climatologie, on s’est interrogé sur la façon d’intéresser davantage de femmes aux sciences, en particulier dans le domaine du temps, de l’eau et du climat.
La Conférence, qui avait pour thème l’accès universel aux services et l’autonomisation des femmes, a réuni 280 participants, femmes et hommes, de 93 pays et 31 organisations internationales. Chefs de secrétariat d’organismes des Nations Unies ou dirigeants locaux, tous ont réfléchi aux moyens d’assurer l’autonomisation et la protection des femmes et des hommes qui travaillent dans le domaine des services météorologiques et climatologiques. Au-delà de 70 orateurs ont présenté des allocutions et fait des exposés lors des séances plénières de haut niveau et ont participé aux séances de travail sur les défis, les solutions et les bonnes pratiques en la matière.
Un des grands résultats de la Conférence a été la définition de mesures et de mécanismes permettant de concevoir des services météorologiques et climatologiques prenant davantage en compte les spécificités de chaque sexe. Les femmes et les hommes jouent souvent des rôles différents en raison de normes et de contraintes sociales et de particularités physiques. Il est donc possible qu’ils ne soient pas touchés de la même façon par le temps et le climat et qu’ils transmettent et utilisent l’information de manière différente. C’est pourquoi les services météorologiques et climatologiques doivent être élaborés et communiqués en tenant compte de ces spécificités. Les femmes ont aussi un rôle important à jouer dans l’étude scientifique du temps, de l’eau et du climat et ont une connaissance approfondie de l’environnement écologique.
Plusieurs sujets et activités mis en avant pendant la Conférence ont montré que les femmes et les hommes sont touchés différemment par le temps et le climat:
Prévention des catastrophes: Dans de nombreuses régions du monde, les femmes et les enfants souffrent particulièrement des catastrophes naturelles, notamment s’ils sont moins mobiles que les hommes et ont moins facilement accès aux moyens de communication qu’eux. Ainsi, on dénombrait quatorze fois plus de femmes que d’hommes parmi les 140 000 personnes qui ont perdu la vie au cours des inondations provoquées par le cyclone Gorky au Bangladesh (1991). Lors du tsunami asiatique de 2014, plus de 70 % des victimes étaient des femmes. À l’inverse, les comportements masculins expliquent certaines vulnérabilités. Aux États-Unis d’Amérique, la plupart des victimes de la foudre sont des hommes, car ils sont davantage enclins à prendre des risques. De même, plus d’hommes que de femmes ont succombé lors du passage de l’ouragan Mitch (1998), car ils étaient plus nombreux à participer aux opérations de sauvetage.
Une meilleure compréhension de la façon dont les hommes et les femmes sont informés des alertes et y réagissent permettra d’améliorer les prévisions axées sur les impacts et donc de réduire le nombre de victimes. La collecte et l’utilisation de données ventilées selon le sexe pour la prévention des catastrophes permettraient de cibler les interventions. Il faudrait prêter plus d’attention aux capacités qu’ont les femmes de gérer les risques de catastrophe et de les atténuer, car ce sont souvent elles qui défendent la résilience avec le plus d’ardeur et qui stimulent les activités de relèvement.
Santé: Les statistiques montrent que les femmes sont plus menacées que les hommes par les conséquences des phénomènes extrêmes, la malnutrition et les maladies liées aux conditions climatiques, tel le paludisme. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), elles sont aussi plus exposées à la pollution de l’air intérieur par les appareils de cuisson – qui cause la mort de 4,3 millions de personnes chaque année. La mortalité féminine lors des vagues de chaleur est plus grande dans certains contextes, tandis que les hommes risquent davantage de souffrir d’un coup de chaleur car ils tendent à rester actifs par temps chaud.
Les participants ont encouragé les Services météorologiques à intensifier leur collaboration avec les professionnels de la santé, notamment les femmes. Ils ont également appelé à faire plus largement savoir que le passage à une économie sobre en carbone améliorera la santé, en particulier celle des femmes et des enfants.
Eau: Dans les pays en développement, il revient généralement aux femmes et aux jeunes filles d’aller chercher l’eau; cette tâche prend de plus en plus de temps en raison des effets du changement climatique, surtout dans les zones sujettes à la sécheresse. En Afrique subsaharienne, les femmes et les jeunes filles sont responsables de la corvée d’eau dans 71 % des cas. Or, l’eau douce est une ressource de plus en plus rare; une personne sur huit n’a pas accès à de l’eau potable et trois millions de personnes succombent chaque année à des affections d’origine hydrique. Par ailleurs, les femmes ne participent pas assez à la gestion des ressources en eau et à la formulation des politiques correspondantes.
Les Services météorologiques et hydrologiques doivent envisager de recourir à des méthodes de communication adaptées aux femmes, comprenant la traduction dans les langues locales, l’utilisation de différents médias, l’organisation de rencontres individuelles, l’infographie, etc. Les femmes devraient intervenir davantage dans le choix de l’emplacement des puits et le mode de répartition de l’eau, et les politiques et programmes devraient être scrutés à la lumière de leurs spécificités.
Agriculture et sécurité alimentaire: Dans de nombreux pays en développement, les femmes sont à l’origine de plus de la moitié de la production alimentaire, mais elles disposent rarement d’un accès équitable aux ressources et aux informations. Selon une étude menée dans 95 pays par le Programme alimentaire mondial, 5 % seulement des services de vulgarisation agricole s’adressent aux femmes et celles‑ci bénéficient moins souvent d’une formation. Lors d’un atelier organisé récemment par l’OMM pour expliquer aux agriculteurs africains comment obtenir et utiliser les informations météorologiques de base, 10 % des participants seulement étaient de sexe féminin. De plus, beaucoup moins de femmes que d’hommes ont un téléphone mobile: l’écart est de 300 millions environ. Les prévisions et alertes météorologiques transmises par ce moyen ne parviennent donc que rarement aux personnes qui en ont le plus besoin.
L’information météorologique et climatologique devrait être exempte de termes techniques, être compréhensible, facile à obtenir, axée sur des mesures concrètes. Il faudrait déployer davantage d’efforts pour tisser des liens avec les réseaux d’agricultrices. Enfin, il conviendrait d’élaborer et d’appliquer des plans précis afin de combler les lacunes en matière d’éducation, d’accès aux technologies et de prise de décision au profit des femmes en milieu rural.
Carrières en météorologie, hydrologie et climatologie: Les femmes ne représentent que 30 % des spécialistes du temps, de l’eau et du climat. Il faudrait qu’elles connaissent mieux ces métiers et soient plus souvent portées à les exercer. Le corps enseignant devrait être sensible à ces questions et inciter davantage de jeunes filles à entreprendre des études scientifiques. Des mesures nationales et internationales intégrées devraient encourager et aider les femmes scientifiques tout au long de leur carrière.
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Première journée dédiée aux femmes lors du Congrès météorologique mondial
Le Dix-septième Congrès météorologique mondial a décidé que le 5 juin serait dédié aux femmes. Les activités ont débuté par un petit-déjeuner de travail sur les questions d’égalité et d’autonomisation. Les délibérations se sont poursuivies en séance plénière du Congrès et se sont achevées par une table ronde au moment du déjeuner.
Le petit-déjeuner a porté sur cinq questions jugées prioritaires: la gouvernance, l’emploi et la carrière, l’enseignement et le renforcement des capacités, la prestation de services et les fonctions de direction. Les participants ont insisté sur l’importance d’avoir des modèles féminins, afin que la science ne soit plus perçue comme un monde essentiellement masculin. Ils ont insisté sur la nécessité d’élaborer de nouvelles politiques et formations qui incitent davantage de femmes à s’orienter vers la gestion et la gouvernance. La possibilité de concilier la vie professionnelle et la vie personnelle est apparue comme un élément clé pour attirer et conserver les femmes dans la profession. Nombre de participants ont estimé nécessaire de changer les mentalités quant à la capacité qu’ont les femmes de diriger.
Mais il n’a pas été seulement question de problèmes, des solutions ont été suggérées, par exemple lancer des activités qui incitent les jeunes filles à s’orienter vers les sciences tôt dans leurs études, élaborer des mesures spéciales qui encouragent les femmes à occuper des postes de responsabilité et accroître le nombre de femmes au sein des organes directeurs de l’Organisation. Enfin, la collaboration entre les femmes et les hommes a été jugée importante pour que les hommes soient plus ouverts à ces questions, mais aussi pour qu’ils y soient plus attentifs dans leur manière de penser et recherchent des solutions communes. Les mesures prises ne porteront fruit que si les hommes y adhèrent et y collaborent totalement. Les initiatives proposées par les 50 délégués et par le personnel du Secrétariat pendant ce petit-déjeuner de travail seront incluses dans le plan d’action de l’OMM en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes.
En séance plénière, le Congrès a été informé de la mise en œuvre de la Stratégie de l’OMM pour l’égalité entre les femmes et les hommes et de la conduite d’activités connexes. Ce bilan a montré que, si le nombre de femmes qui assurent des fonctions de direction au sein de l’Organisation augmente depuis deux décennies, le niveau de départ était très bas et les progrès restent lents. Au rythme actuel, la parité ne sera atteinte, au mieux, qu’en 2050. Afin d’élargir la participation des femmes aux activités de l’OMM et de promouvoir la création de services météorologiques et climatologiques qui tiennent mieux compte de la situation spécifique des femmes, le Congrès a adopté une résolution sur l’égalité entre les femmes et les hommes et l’autonomisation des femmes. Il a aussi mis à jour la Stratégie de l’OMM pour l’égalité entre les femmes et les hommes et a prié le Conseil exécutif d’établir un plan d’action dans ce domaine. Ce plan est censé donner un nouvel élan à la Stratégie en fixant des délais pour les diverses activités et en demandant aux organes de gouvernance de rendre compte des progrès accomplis.
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Une synthèse des principales conclusions et recommandations de la Conférence sur l’égalité entre les femmes et les hommes dans le contexte des services météorologiques et climatologiques a été réalisée lors de la table ronde du déjeuner.
Women’s Leadership Workshop
Atelier de formation des femmes dirigeantes
Le lendemain, soit le 6 juin, 25 déléguées ont assisté pendant une demi-journée au premier atelier de formation des femmes dirigeantes, organisé conjointement avec l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche et ONU-Femmes. Les participantes ont été amenées à s’interroger sur les qualités d’un bon dirigeant, à apprécier leurs propres forces dans l’exercice de l’autorité, à développer des aptitudes cruciales pour avoir une action efficace, à accroître la confiance dans leurs capacités et à affirmer leur personnalité et leur orientation. Elles ont ensuite pris part à un débat informel sur la place des femmes dans les sciences et les technologies. À cette occasion, de grandes personnalités des milieux diplomatiques et scientifiques ont raconté très simplement comment elles avaient réussi à concilier leur poste de responsabilité avec la vie de famille et l’éducation des enfants, histoires qui ont fortement inspiré les participantes. «Cette formation m’a vraiment aidée à définir ce que je suis dans mes fonctions de dirigeante» a indiqué l’une d’elles. «Beaucoup de problèmes auxquels je me suis heurtée dans le passé sans parvenir à les nommer ont été soulevés et étudiés pendant l’atelier. Ces échanges ont été très stimulants et m’aideront beaucoup dans la suite de ma vie professionnelle.»
L’atelier était la première activité organisée dans le cadre du nouveau Programme interinstitutions des Nations Unies à l’intention des femmes dirigeantes, qui a été lancé le 26 mai lors d’un débat de haut niveau tenu en marge du Congrès. Le débat portait sur le rôle des femmes dans le monde de la diplomatie, et notamment celui des femmes dirigeantes dans les domaines de la climatologie et de la météorologie. Les participants ont expliqué pourquoi les solutions avancées face au changement climatique doivent tenir compte de la situation des femmes et ont examiné les mesures à prendre pour que la voix des femmes soit entendue dans le monde de la diplomatie.
Ils ont fait valoir que les femmes étaient aux prises avec une part disproportionnée des problèmes de développement liés au changement climatique, alors qu’elles ont difficilement accès aux ressources qui peuvent favoriser l’atténuation et l’adaptation, notamment les technologies de l’information et de la communication. Ayant rappelé que les femmes étaient très peu présentes dans les délégations aux conférences multilatérales, ils ont insisté sur la nécessité de les associer davantage aux négociations, en particulier aux débats actuels sur le climat. Les participants ont demandé que les femmes prennent activement part aux efforts déployés dans leur pays face à l’évolution du climat, y compris l’élaboration des plans nationaux d’adaptation et d’évaluation multidanger. Ils ont souligné que l’éducation et la formation étaient de bons moyens d’élargir les capacités des femmes dirigeantes, mais aussi d’intéresser plus de jeunes femmes aux sciences, aux technologies, aux techniques et aux mathématiques.
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La séance de questions a soulevé plusieurs points intéressants, dont la nécessité de disposer de données ventilées selon le sexe afin d’établir des niveaux de référence, l’importance de bénéficier d’un soutien en milieu de travail, surtout dans les domaines où les femmes sont très minoritaires, et l’intérêt pour les organisations de valoriser la diversité au travail et de réaliser que la réussite est plus facile à atteindre lorsqu’on tire le meilleur des femmes comme des hommes.
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