L’information climatologique au service de la santé publique

par T.A. Ghebreyesus1, Z. Tadese1, D. Jima1, E. Bekele2, A. Mihretie3, Y.Y. Yihdego4,T. Dinku5, S.J. Connor5 et D.P. Rogers6
Introduction
Le climat est une variable essentielle quand on tente d’alléger le fardeau imposé par les maladies. Dans les pays en développement, les affections sensibles aux conditions climatiques réduisent les chances d’atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement. Il est donc primordial que le secteur de la santé comprenne et évalue précisément les répercussions que la variabilité et l’évolution du climat ont sur les maladies et sur sa propre capacité d’intervenir utilement.
Cela vaut également pour l’élaboration de stratégies d’adaptation et l’appréciation de l’efficacité des mesures prises. Par exemple, il est nécessaire de connaître les tendances climatiques si l’on veut mesurer les effets d’une campagne visant à lutter contre le paludisme par la pose de moustiquaires autour des lits. En l’absence d’intervention, l’augmentation de la pluviosité annuelle risque d’accroître la population de moustiques et donc l’incidence de la maladie. Mais le contraire s’observe aussi parfois; la transmission peut être favorisée en période de sécheresse par la formation de poches d’eau stagnante favorables à la multiplication des moustiques, là où normalement l’eau s’écoule rapidement. On le voit, il est important de tenir compte du contexte environnemental pour se faire une idée juste de la portée de toute stratégie d’intervention.
Le secteur de la santé peut également mettre à profit l’information climatologique dans le cadre de ses systèmes d’alerte précoce d’épidémie. La température et la pluviosité sont de bons indicateurs des risques de recrudescence du paludisme. Les prévisions saisonnières sont utiles pour mettre en place un programme de surveillance renforcée, les relevés en temps réel pour lancer des interventions ciblées et détecter rapidement la progression de la maladie.
Les changements climatiques préoccupent les services de santé publique partout dans le monde. Lors de sa récente Assemblée (mai 2008), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a invité instamment les pays à mettre au point des mesures sanitaires et les intégrer dans les plans d’adaptation aux changements climatiques; à renforcer la capacité des systèmes de santé pour qu’ils puissent surveiller et atténuer le plus possible les conséquences des changements climatiques sur la santé publique moyennant des mesures de prévention adéquates, une bonne préparation, une riposte rapide et une prise en charge efficace des catastrophes naturelles; et à favoriser la participation concrète du secteur de la santé et sa collaboration avec tous les secteurs, organismes et principaux partenaires associés aux niveaux national et mondial pour atténuer les risques sanitaires qu’entraînent déjà et que devraient entraîner à l’avenir les changements climatiques. Les instruments d’aide à la prise de décision et d’autres moyens actuellement en place, comme la veille et la surveillance, peuvent servir à évaluer la vulnérabilité face aux changements climatiques, estimer les conséquences sanitaires et trouver de nouvelles ripostes.
Il est rare que le secteur de la santé surveille lui-même le climat et l’environnement. Pour qu’il puisse obtenir et exploiter l’information voulue, des partenariats doivent être établis avec les organismes responsables. Dans la plupart des pays, ce sont les Services météorologiques nationaux (SMN) qui effectuent la collecte et la diffusion. Leurs capacités doivent être renforcées afin que les utilisateurs reçoivent des données qui aident le processus décisionnel.
Encore récemment, les relevés climatologiques visaient surtout à acquérir une connaissance générale du climat, et non à répondre aux attentes particulières de groupes d’usagers, tel le secteur de la santé. En Afrique, les réseaux d’observation ne sont pas assez denses pour satisfaire ces besoins. Il est notoire que de vastes investissements sont nécessaires dans les systèmes d’observation et d’information si l’on veut fournir des données et informations utiles aux différents secteurs intéressés (IRI, 2007). L’Union africaine a décidé de relever le défi en créant ClimDevAfrica, sous le parrainage conjoint de la Banque africaine de développement, de la Commission de l’Union africaine et de la Commission économique pour l’Afrique des Nations Unies (FPA, 2007; Rogers et al., 2008).
Le secteur de la santé a besoin d’informations climatologiques récentes sur des régions précises, à des échelles de temps qui intéressent les décideurs. Une étroite collaboration entre les experts de l’environnement et de la santé est impérative ce qui, sur le plan des institutions, suppose l’établissement de solides relations de travail entre les deux domaines.
C’est la démarche qui a été entreprise par le Ministère éthiopien de la santé et le Service météorologique national. Cet article décrit l’expérience menée en Éthiopie et récapitule les éléments indispensables pour établir une collaboration efficace, en espérant que cela aidera d’autres pays à trouver des moyens concrets de faciliter l’accès à l’information climatologique.
Le paludisme en Afrique
Plus de 60 % des cas de paludisme dans le monde et 80 % des décès dus à cette maladie surviennent en Afrique subsaharienne (OMS-UNICEF, 2005). C’est dans les régions de paludisme endémique, où le parasite est constamment présent, que le fardeau est le plus lourd. Lorsque aucune mesure adéquate n’est prise, on s’aperçoit que les poussées sont étroitement liées aux variations saisonnières du climat et aux caractéristiques locales. Les personnes les plus fragiles sont les tout jeunes enfants, qui n’ont pas encore développé d’immunité, et les femmes enceintes, dont les défenses sont affaiblies (Connor et al., 2008).
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Les moustiquaires traitées à l’insecticide sont très efficaces contre le paludisme. On en a distribué 20 millions récemment en Éthiopie. | |
Au contraire, dans les zones de paludisme épidémique, l’exposition est moins fréquente et la population est mal immunisée. Tous les groupes d’âge sont vulnérables et les taux de mortalité peuvent être élevés (Kiwzewski et Teklehaimanot, 2004). On estime que plus de 124 millions d’Africains vivent dans des régions susceptibles d’être touchées. La prévention est donc une grande question de santé publique (Worrall et al., 2004). Une épidémie se déclare lorsque les conditions qui assurent un équilibre entre les populations d’êtres humains, de parasites et de vecteurs sont perturbées au profit des derniers. L’équilibre est souvent rompu pendant une anomalie climatique qui permet la survie d’un plus grand nombre de moustiques et la progression des parasites.
L’expérience éthiopienne
Le risque d’épidémie de paludisme est élevé en Éthiopie, comme dans d’autres pays très peuplés des hauts plateaux de l’Est de l’Afrique. Les deux tiers de la population (77 millions d’habitants) seraient exposés (Connor et al., 2008). La première chose à faire quand le risque augmente est de s’assurer que les établissements locaux de santé pourront faire face à la situation et ne seront pas débordés par le nombre de cas. Il faut donc disposer d’assez de temps pour prendre des mesures préventives, ce qui suppose d’être rapidement alerté du lieu et du moment où pourrait se déclencher une épidémie.
Parmi les nombreuses facettes d’un système d’alerte et d’intervention précoces figure la météorologie, puisque le temps joue un grand rôle dans l’apparition d’une épidémie de paludisme. Le Ministère de la santé est en train de mettre sur pied, avec l’appui du Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme (FMSTP), un système qui repose sur les prévisions saisonnières et à plus brève échéance, les données météorologiques en temps réel et la détection rapide des cas (Connor et al., 2008). Chacun de ces indicateurs aide à préciser la nature des mesures à prendre. Si les prévisions saisonnières indiquent que le risque de paludisme augmente, cela veut dire qu’il est temps de planifier les interventions. Les données météorologiques, environnementales et hydrologiques amènent à déclencher des mesures de prévention et à renforcer la surveillance. Enfin, la détection rapide des cas déclarés précise l’ampleur de l’épidémie et le moment où l’on doit passer de la prévention à la gestion active (OMS, 2004).
Le Ministère de la santé et le Service météorologique national s’efforcent de donner aux sites sentinelles* les moyens de mieux suivre les anomalies climatiques. Les stations météorologiques relèveront désormais les températures minimales et maximales, alors qu’elles ne mesuraient auparavant que la pluviosité, et le nombre de stations de surveillance sera augmenté. C’est le Ministère de la santé qui a procuré les fonds nécessaires, grâce à une subvention du FMSTP, mais c’est le Service météorologique national qui assure le fonctionnement des stations météorologiques et qui diffuse les données dans l’ensemble du système de santé éthiopien (Connor et al., 2008).
Des cartes présentant les conditions climatologiques plus ou moins propices au paludisme sont tracées en combinant les précipitations, la température et l’humidité relative. Elles paraissent dans des bulletins mensuels que l’Équipe nationale de lutte contre le paludisme, relevant du Ministère de la santé, envoie aux services régionaux. L’information est également placée sur le site RANET (Radio et Internet) http://www.ranetproject.net/.
On espère que cette information aidera à planifier l’achat de médicaments, préciser quand et où accentuer la surveillance épidémiologique, cibler dans le temps et dans l’espace la lutte contre les vecteurs, informer la population des risques et alerter les principaux intéressés des situations d’urgence qui pourraient survenir (Connor et al., 2008).
La coopération entre le Ministère de la santé et le Service météorologique national est relativement récente, mais cet article pourrait donner des indications utiles pour trouver des solutions efficaces aux questions posées par le climat et la santé.
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Les jeunes enfants sont particulièrement fragiles car ils n’ont pas encore acquis de défenses contre le paludisme. |
Comment établir une solide collaboration entre le secteur de la santé et les services météorologiques?
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Il va de soi qu’il est possible d’établir une bonne stratégie d’intervention contre les maladies sensibles au climat, qui tienne compte des conditions climatiques et des autres éléments qui influent sur l’incidence des affections et sur les soins préventifs. Faute de bien comprendre les liens qui existent entre le climat et les maladies, les services de santé ont tendance à sous-estimer ceux-ci. En Éthiopie, le personnel du Ministère de la santé sait que le milieu naturel doit être pris en considération si l’on veut élaborer et appliquer des stratégies efficaces contre certaines maladies.
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La solution doit être régie par la demande, c’est-à-dire qu’il appartient au secteur de la santé de définir ses besoins en matière d’information. Les spécialistes du climat sont souvent prêts à fournir une foule de données, sans savoir vraiment ce qui pourrait aider à trouver des solutions aux problèmes de santé publique. C’est en partie parce que l’on ne s’entend pas sur l’information utile. Le secteur de la santé doit prendre l’initiative et favoriser les échanges avec les Services météorologiques et les autres organismes compétents.
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Les SMN doivent faire preuve de souplesse pour répondre à la demande. Ils doivent travailler avec le secteur de la santé afin de bien comprendre les problèmes qui se posent. Souvent, les données voulues ne seront pas disponibles et il faudra mettre sur pied un système d’observation et de prévision pour satisfaire les utilisateurs.
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La collecte, le traitement et la diffusion de nouvelles données sur le climat sont parfois coûteux. On ne peut attendre du SMN qu’il procure les produits et services demandés sans accroître ses ressources. Le SMN ne pourra sans doute pas faire appel à ses propres sources de financement, à court terme tout au moins, puisque ce type d’organisme a rarement pour mission de dispenser des services climatologiques et, si tel est le cas, ne détient pas forcément les fonds nécessaires pour répondre aux besoins particuliers du secteur de la santé. Ce problème peut être résolu de différentes manières, par exemple en modifiant les attributions du SMN, en demandant au secteur de la santé de mobiliser les ressources requises pour acquérir les données et informations climatologiques ou en présentant con-jointement des demandes de financement, notamment par le biais de programmes axés sur les stratégies d’adaptation au profit de la santé publique. En Éthiopie, c’est le Ministère de la santé qui a obtenu les fonds initiaux, grâce à une subvention du FMSTP, et les a remis au Service météorologique national.
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Le Ministère de la santé doit s’engager explicitement à obtenir l’information climatologique auprès du SMN. Étant donné les nombreuses sources d’informations possibles, cet engagement est nécessaire pour garantir que les données seront fournies de manière durable par un organisme public et donc toujours disponibles pour la prise de décisions concrètes. Le SMN doit s’assurer qu’il dispose des effectifs voulus pour répondre à la demande. La prestation de services climatologiques étant une activité assez récente, de nombreux SMN n’auront pas assez de personnel pour le faire; ils devront également offrir un enseignement et une formation spécialisée afin d’étendre rapidement les capacités dans ce domaine.
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Une bonne gestion est essentielle. Il faudra sans doute bien plus qu’une simple entente entre deux organisations pour mener à bien un projet exigeant des relations de travail suivies entre le secteur de la santé et le SMN. Comprendre les effets du climat est un processus itératif auquel doivent être associés les gestionnaires du secteur de la santé, les fournisseurs de services climatologiques et les chercheurs des deux domaines. Il est vraisemblable que d’autres spécialistes devront intervenir, par exemple ceux qui surveillent les changements écologiques ou qui évaluent les facteurs socio-économiques de risque. En Éthiopie, le Ministère de la santé et le Service météorologique national ont créé dernièrement le Groupe de travail climat-santé dans le but de garantir une bonne gestion et de coordonner l’étude des différentes questions (voir plus loin).
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Dans les deux secteurs, une partie du personnel devrait détenir des compétences particulières afin que l’information climatologique soit correctement utilisée. À l’heure actuelle, seuls quelques centres internationaux dispensent une formation adaptée. Il faudra redoubler d’efforts pour que davantage d’établissements africains offrent des cours spécialisés à un rythme suffisant pour répondre à des besoins divers (lutte contre les maladies, agriculture, sécurité alimentaire, ressources en eau), tous importants pour la santé publique. Un plus large bassin d’experts formés sur place aidera également à réduire le roulement de personnel au sein des organismes publics.
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Une collaboration doit être établie entre les SMN et les Ministères de la santé de la région car les maladies sensibles au climat ne connaissent pas de frontière. Les partenariats ainsi créés doivent être reliés entre eux de manière à tirer pleinement parti de l’information produite. Ce réseau devrait servir de base à une collaboration des pays dans la lutte contre les maladies. Les forums régionaux sur l’évolution probable du climat et sur le paludisme sont cruciaux à cet égard. Par exemple, le Forum sur l’évolution probable du climat dans la région de la corne de l’Afrique, auquel participe l’Éthiopie, existe depuis 10 ans. L’OMS et l’OMM déploient de grands efforts pour que de plus en plus de pays instaurent ce genre de collaboration.
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Le groupe de travail climat-santé devrait mettre en place un mécanisme destiné à cerner les forces et les faiblesses du partenariat établi, ainsi que les éléments favorables et défavorables à son bon fonctionnement. Il devrait également évaluer les effets de l’information produite, laquelle doit être diffusée à l’intérieur comme à l’extérieur du pays dans une forme normalisée (mais avec assez de souplesse pour certains pays), facile à comprendre et à utiliser.
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Un mécanisme de rétro-information et des évaluations régulières doivent permettre de savoir quelle utilité présente l’information fournie pour les différents secteurs.
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En Afrique, des relevés historiques précieux (épidémiologiques et météorologiques) n’existent souvent que sur support papier. | |
Le Groupe de travail climat-santé en Éthiopie
Le Groupe de travail climat-santé rassemble les principales parties concernées. Sa composition et ses attributions sont décrites ci-après dans le souci d’aider les pays qui désireraient établir un mécanisme similaire pour favoriser l’utilisation des données et informations climatologiques au profit de la santé.
Le Groupe de travail est présidé et coprésidé par des membres du Ministère de la santé et du Service météorologique national. Son petit secrétariat est administré par une organisation non gouvernementale éthiopienne, Anti-Malaria Association (AMA). Les autres membres œuvrent au sein de l’ONU et d’organismes nationaux de santé: Programme des Nations Unies pour l’environnement, Fonds des Nations Unies pour l’enfance, Organisation mondiale de la santé, Ethiopian Public Health Association, Centre for National Health Development in Ethiopia et Ethiopian Health and Nutrition Research Institute. Le Groupe de travail bénéficie de l’assistance que lui procurent l’Institut international de recherche sur le climat et la société, la fondation Health and Climate et le Groupe sur l’observation de la Terre.
Sa mission première est de favoriser l’autonomie, la santé et la productivité de la population grâce à un emploi avisé de l’information climatologique. Le but est de faire en sorte que le secteur de la santé demande et utilise de manière régulière l’information climatologique dont il a besoin pour améliorer son action au sein de la population.
Le Groupe de travail a plusieurs objectifs: faire connaître les effets du temps et du climat, donner au secteur de la santé et à la population des moyens efficaces et pratiques d’exploiter l’information climatologique et estimer les populations menacées par les maladies sensibles au climat (où et quand, en recourant notamment aux systèmes d’alerte précoce).
Ses attributions sont les suivantes:
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Organiser des réunions régulières;
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Passer en revue les informations et les données sur le climat et la santé;
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Élaborer des systèmes d’échange d’information entre les deux secteurs et avec d’autres institutions;
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Promouvoir la recherche sur le climat et la santé;
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Organiser chaque année des ateliers sur les questions relatives au climat et à la santé;
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Rassembler et présenter aux décideurs des preuves scientifiques des répercussions qu’ont la variabilité du climat et les changements climatiques sur la santé;
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Déterminer les lacunes et les obstacles qui empêchent le secteur de la santé d’utiliser systématiquement l’information climatologique et trouver des moyens de les éliminer;
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Faciliter l’accès par le secteur de la santé aux politiques, stratégies, systèmes et outils de prévision du temps et du climat;
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Créer sur Internet un centre d’information qui permette de consulter une base de données fiable sur le climat et la santé;
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Mobiliser les ressources voulues et rechercher des donateurs qui pourraient s’associer au projet, renforcer le partenariat et assurer sa viabilité en l’institutionnalisant;
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Élargir le recours aux systèmes d’alerte précoce pour le paludisme, la méningite, la diarrhée aiguë et les autres maladies sensibles au climat;
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Faire en sorte que les organisations nationales, locales et communautaires puissent étendre et consolider les services qu’elles dispensent dans ce domaine.
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Les hauts plateaux éthiopiens | |
Dernières remarques et recommandations
Le secteur de la santé doit agir pour réduire les risques sanitaires liés à la variabilité actuelle du climat et atténuer la menace grandissante que font peser les changements climatiques. Il doit inciter les autres secteurs et institutions à se joindre à son initiative, afin de mettre à profit les données et informations climatologiques. Il est le mieux placé pour diriger les efforts destinés à alléger le fardeau que constituent les maladies sensibles au climat, mais il ne peut y parvenir sans la participation et la collaboration actives de partenaires essentiels.
La mise sur pied de réseaux climatologiques et le traitement des données reviennent en principe aux SMN, avec lesquels les Ministères de la santé peuvent établir de solides partenariats. L’expérience éthiopienne a permis de recenser les principaux éléments nécessaires pour entretenir de bonnes relations de travail. D’autres pays pourraient s’en inspirer pour réduire les risques sanitaires causés par le climat et son évolution. Un partenariat entre le Ministère de la santé et le Service météorologique national aidera notamment à:
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Préciser les besoins du secteur de la santé en matière de données et d’informations climatologiques;
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Étoffer et soutenir les réseaux nationaux d’observation du climat;
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Accroître la qualité des prévisions climatologiques et faire en sorte qu’elles soient utiles au secteur de la santé;
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Mettre en place des systèmes d’alerte et d’intervention précoces qui utilisent l’information climatologique pour améliorer les mesures prises dans le domaine de la santé;
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Élaborer une riposte adaptée face aux changements climatiques;
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Étendre les moyens et les capacités dont dispose le personnel des deux organisations pour analyser les questions relatives au climat et à la santé;
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Favoriser les investissements de source nationale et internationale en montrant les progrès durables qui ont été accomplis sur le plan de la santé publique.
Le secteur de la santé et le Service météorologique devraient créer un groupe de travail ou une équipe spéciale dont la composition, la mission et les objectifs s’approchent de ceux décrits plus haut. Ses attributions devront être formulées en fonction des problèmes sanitaires propres au pays. Cela permettra de coordonner l’étude des questions relatives au climat et à la santé et stimulera la collaboration avec les autres pays et, le cas échéant, avec la communauté internationale.
Bibliographie
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Worrall, E., A. Rietveld et C. Delacollette, 2004: The burden of malaria epidemics and cost-effectiveness of interventions in epidemic situations in Africa. American Journal of Tropical Medicine and Hygiene, 71
1 Ministère de la Santé, Addis-Abeba, Éthiopie
2 Service météorologique national, Addis-Abeba, Éthiopie
3 Anti-Malaria Association, Addis-Abeba, Éthiopie
4 Center for National Health Development in Ethiopia, Addis-Abeba, Éthiopie
5 Institut international de recherche sur le climat et la société (IRI), The Earth Institute at Columbia University, Pallisades, New York, États-Unis d’Amérique
6 Health and Climate Foundation, Washington D.C., États-Unis d’Amérique