Sommaire 57-3-2008

Dégager l’essence d’une institution telle que la Commission d’hydrologie de l’OMM n’a pas été chose facile. Comment résumer dans ce numéro 50 années d’efforts marqués de réussites et de progrès, mais aussi d’échecs et de déceptions, associant des centaines d’experts qui ont mis leur temps, leur savoir et leur expérience au service de la CHy? Devait-on rappeler les événements marquants survenus pendant ce demi-siècle, mettre en lumière les enjeux actuels ou s’intéresser à ce que l’avenir réserve aux spécialistes de l’hydrologie en général, et à ceux de l’Organisation en particulier? Les questions qui se posaient témoignaient de l’ampleur de la tâche à accomplir. Voici le fruit du travail qui a été réalisé pour présenter le plus justement possible le passé, le présent et le futur de la Commission.
La mission première de la CHy est de promouvoir l’utilisation de l’hydrologie dans le cadre d’une gestion intégrée des ressources en eau, en aidant les Services hydrologiques nationaux (SHN) à améliorer les produits et les services qu’ils fournissent. Il est donc logique qu’une certaine emphase soit mise dans ces pages sur la situation actuelle et sur la manière dont les SHN des pays en développement peuvent profiter du savoir acquis dans les nations plus avancées. Mais il est important aussi de connaître l’histoire d’une organisation et d’anticiper les grands défis qu’elle aura à relever dans les prochaines décennies. C’est pourquoi les articles qui ouvrent et qui ferment ce numéro sont consacrés au passé et à l’avenir de la Commission, tandis que le cœur du Bulletin analyse la situation présente sous différentes perspectives.
Arthur Askew, Président de l’Association internationale des sciences hydrologiques, a dirigé le Département de l’hydrologie et des ressources en eau pendant plusieurs années. Il relate dans ce premier article la création du Programme d’hydrologie et de mise en valeur des ressources en eau et décrit les liens qui ont été tissés avec l’UNESCO. On y découvre avec grand intérêt les étapes par lesquelles est passé le Programme avant de devenir ce qu’il est aujourd’hui. On peut aussi y déceler des indices de l’orientation future de ses travaux.
Karl Hofius, ancien Président de la Commission d’hydrologie, complète cet historique par une étude fouillée des activités qui ont été menées dans les années 90 et au début de ce siècle. Le texte aide à saisir l’évolution survenue dans les activités relatives au temps et à l’eau, qui a conduit l’Organisation à adopter le complément d’appellation «Le temps, le climat et l’eau».
Julius Wellens-Mensah, Vice-Président de la CHy, fait le point sur les capacités qu’il convient de renforcer au sein des Services hydrologiques nationaux. La Commission joue un rôle important dans le transfert de technologie vers les pays en développement. La question est abordée dans sa totalité, incluant le cadre de référence pour la gestion de la qualité et les besoins en infrastructure.
Harry Lins, membre du Groupe de travail consultatif de la CHy, signe un article au titre évocateur: «Évaluation des ressources en eau: un impératif». Il analyse les conclusions de la dernière grande conférence sur l’eau des Nations Unies (le lecteur se souviendra peut-être que l’OMM en était l’organisateur) et affirme que l’évaluation est indispensable à une mise en valeur et une gestion durables des ressources en eau dans le monde.
Le cinquième article a été préparé par Marian Muste, Won Kim et Janice Fulford. Il expose les progrès survenus dans les techniques hydrométriques, en particulier le perfectionnement des instruments qui servent à cartographier l’hydrodynamique des cours d’eau. Les profileurs de courant à effet Doppler sont décrits de manière très détaillée pour un article aussi court. On y indique les activités actuelles et futures de la CHy dans ce domaine, en ce qui a trait notamment aux nouvelles techniques de mesure des débits.
«Comprendre le cycle de l’eau, condition sine qua non du développement durable» est le titre du texte suivant. Angel Luis Aldana, membre de l’Association internationale d’ingénierie et de recherches hydrauliques, décrit les interactions du cycle hydrologique et de l’évolution des sociétés, ainsi que les rapports entre l’eau et les populations. L’auteur prend l’exemple de la gestion des risques de crue pour montrer l’importance que revêtent ces connaissances, dont les applications sont multiples.
L’avant-dernier article porte sur la prévision et l’information climatologique et hydrologique. Il y est également question des liens établis entre les SHN et les gestionnaires des ressources en eau, utilisateurs finals de l’information. L’auteur, Charles Pearson, est conseiller en hydrologie pour la Région V (Pacifique Sud-Ouest). Intitulé «L’information climatologique à courte et moyenne échéances appliquée à la gestion de l’eau», l’article donne des exemples de ce qui se fait en Nouvelle-Zélande et indique quelles informations et activités ont été élaborées ou sont en train de l’être au sein du Programme.
Bien que les trois textes précédents traitent plus ou moins des défis qui se profilent à l’horizon, le dernier article, que j’ai eu le plaisir de signer, analyse plus précisément les enjeux auxquels devra s’attaquer la Commission. Les questions que nous étudions aujourd’hui seront plus complexes et stimulantes dans un monde marqué par un climat très variable et par l’accentuation des pressions exercées sur cette ressource précieuse mais rare qu’est l’eau. On ne pourra résoudre les problèmes de demain que si la technologie, la science, la recherche-développement, le renforcement des capacités et la gestion progressent de concert. Les succès remportés ces 50 dernières années sur de nombreux fronts, grâce à la détermination de tant d’experts et d’administrateurs, donnent certainement à la Commission les bases dont elle a besoin pour poursuivre sa tâche et relever les défis à venir.