Les conditions météorologiques extrêmes et les effets du changement climatique frappent durement l’Afrique
Addis-Abeba (Éthiopie)/Genève – Selon le rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) sur l’état du climat en Afrique en 2024, les phénomènes météorologiques extrêmes et les changements climatiques ont des répercussions dans tous les domaines du développement socio-économique en Afrique, où ils aggravent la faim, l’insécurité et les déplacements de population.
- L’Afrique vient de connaître sa décennie la plus chaude jamais observée
- La température de surface de la mer a battu un record en 2024
- Les sécheresses et les inondations détruisent des vies et des moyens de subsistance
- Les facteurs climatiques naturels comme El Niño ont une influence
- La transformation numérique offre un potentiel important
- Les alertes précoces et l’adaptation au climat doivent être renforcées

En fonction de l’ensemble de données utilisé, l’année 2024 se classe à la première ou la deuxième place des années les plus chaudes observées. De plus, la dernière décennie a été la plus chaude jamais enregistrée. Autour des côtes africaines, les températures de surface de la mer ont atteint des valeurs record. Le réchauffement s’est avéré particulièrement rapide dans l’océan Atlantique et la mer Méditerranée. D’après ce rapport, la superficie touchée par des vagues de chaleur marines en 2024 a été la plus importante depuis le début des relevés, en 1993.
«Le rapport sur l’état du climat en Afrique révèle l’ampleur et l’intensification des incidences du changement climatique sur le continent», a déclaré la Secrétaire générale de l’OMM, Mme Celeste Saulo. «Il illustre également la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, qui exposent certains pays à des crues sans précédent, causées par des précipitations excessives, tandis que d’autres sont aux prises avec une sécheresse persistante et une pénurie d’eau» a-t-elle précisé.
«L’OMM et ses partenaires ont à cœur de collaborer avec les Membres de l’Organisation pour renforcer la résilience et les mesures d’adaptation en Afrique grâce à des initiatives telles que l’Initiative «Alertes précoces pour tous», a-t-elle ajouté. «J’espère que ce rapport inspirera et guidera une action collective visant à faire face aux problèmes de plus en plus complexes auxquels le continent est exposé et aux réactions en chaîne qu’ils génèrent», a-t-elle conclu.
Ce rapport souligne les défis qui se posent s’agissant de l’agriculture et de l’environnement; de la sécurité alimentaire, hydrique et énergétique; ainsi que de la santé et de l’éducation. Il met également l’accent sur les possibilités et les nouveaux outils permettant de relever les défis.
L’intelligence artificielle, les outils de communication mobiles et les modèles avancés de prévision du temps améliorent la précision et la portée des services météorologiques en Afrique. Toutefois, selon le rapport, pour continuer de développer la transformation numérique, il faut investir davantage dans les infrastructures, renforcer les structures de partage des données et fournir des services plus inclusifs.
Il est nécessaire de prendre davantage conscience de l’urgence de la situation, d’améliorer les systèmes d’alerte précoce et de renforcer la résilience climatique et l’adaptation au climat, selon ce rapport, qui exhorte les gouvernements, les partenaires pour le développement et le secteur privé à accélérer les investissements climatiquement rationnels.
Le rapport de l’OMM sur l’état du climat en Afrique en 2024 est accompagné d’une présentation interactive en images. Il fait partie d’une série de rapports de l’OMM sur le climat qui visent à éclairer la prise de décisions en matière de stratégies nationales et régionales sur le climat.
Principales conclusions
Températures
La température moyenne à la surface de l’Afrique en 2024 a dépassé d’environ 0,86 °C la moyenne à long terme de la période 1991-2020. C’est l’Afrique du Nord qui a enregistré l’anomalie la plus élevée (1,28 °C au-dessus de la moyenne de la période 1991-2020). Il s’agit également de la sous-région africaine qui se réchauffe le plus vite.
La chaleur extrême a frappé de nombreuses zones du continent en 2024, perturbant l’agriculture, la productivité du travail et l’enseignement.
En 2024, les températures de surface de la mer ont dépassé les valeurs de 2023, qui marquaient le record précédent. Des hausses particulièrement marquées de la température de surface de la mer ont été observées dans l’océan Atlantique et la mer Méditerranée.
En 2024, la quasi-totalité de la zone océanique autour du continent africain a été touchée par des vagues de chaleur marines d’intensité forte, sévère ou extrême, en particulier l’Atlantique tropical. De janvier à avril, près de 30 millions de km² ont été concernés, soit la plus grande superficie depuis le début des relevés, en 1993, bien que la superficie ait diminué plus tard dans l’année.
Les températures océaniques élevées perturbent les écosystèmes marins et peuvent intensifier les tempêtes tropicales. Combinées à l’élévation du niveau de la mer, elles constituent des menaces supplémentaires pour les populations côtières.
Précipitations

Un épisode El Niño et une phase positive du dipôle de l’océan Indien, qui ont duré de 2023 à début 2024, ont joué un rôle majeur dans les régimes de précipitations.
L’Afrique australe a connu des conditions de sécheresse sévère, en particulier le Malawi, la Zambie et le Zimbabwe, qui ont subi leur pire sécheresse depuis au moins deux décennies. Dans l’ensemble, les rendements céréaliers en Afrique australe ont été inférieurs de 16 % à la moyenne quinquennale. En Zambie et au Zimbabwe, ils ont même été inférieurs de 43 % et de 50 %, respectivement, à cette moyenne. Les bas niveaux d’eau et la faible production d’énergie hydroélectrique du lac Kariba, le plus grand réservoir artificiel d’Afrique, ont entraîné des pannes d’électricité prolongées et des perturbations économiques.
En Afrique de l’Est, des pluies d’une force et d’une durée rares sont tombées de mars à mai, provoquant de graves crues au Kenya, en République-Unie de Tanzanie et au Burundi. On y a recensé plusieurs centaines de décès et plus de 700 000 personnes sinistrées. Les précipitations d’octobre à décembre y ont été inférieures à la moyenne, ce qui a créé une situation alimentaire inquiétante.
En Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, des inondations dévastatrices ont sinistré plus de quatre millions de personnes, faisant plusieurs centaines de victimes et occasionnant le déplacement de centaines de milliers de personnes. Le Nigéria, le Niger, le Tchad, le Cameroun et la République centrafricaine figurent parmi les pays les plus sinistrés.
L’Afrique du Nord a enregistré pour la troisième fois consécutive des récoltes céréalières inférieures à la moyenne en raison de faibles précipitations et de températures extrêmement élevées. La production agricole du Maroc a ainsi été inférieure de 42 % à la moyenne quinquennale après six années consécutives de sécheresse.
Cyclones tropicaux
Pour la première fois de l’ère satellitaire, deux cyclones tropicaux, Hidaya et Ialy, se sont formés en mai et se sont déplacés dans l’extrême nord-ouest du bassin, près de la République Unie de Tanzanie et du Kenya, dans une zone où s’aventurent rarement les systèmes tropicaux matures.
Le cyclone tropical Chido a ravagé Mayotte (France). Il s’agit de la tempête la plus puissante à frapper cette île de l’archipel des Comores en 90 ans. Chido a ensuite touché le Mozambique et le Malawi. Il a fait des dizaines de milliers de victimes, dont beaucoup se sont retrouvées sans abri et sans accès à l’eau potable.
Transformation numérique
La transformation numérique, dans laquelle se lancent de nombreux pays d’Afrique pour améliorer les prévisions météorologiques et les alertes précoces, a été érigée en priorité régionale. L’intelligence artificielle offre de nouvelles possibilités d’améliorer la prestation de services.
Par exemple, l’Agence météorologique du Nigéria a adopté des plates-formes numériques pour diffuser des bulletins météorologiques agricoles essentiels et des informations clés sur le climat. Le Département météorologique du Kenya fournit des prévisions météorologiques aux agriculteurs et aux pêcheurs à l’aide d’applications mobiles et de SMS. Le Service météorologique sud-africain a également intégré des outils de prévision fondés sur l’intelligence artificielle et des systèmes de radars modernes pour fournir des prévisions météorologiques efficaces en temps utile.
À titre d’effort supplémentaire, en 2024, 18 Services météorologiques et hydrologiques nationaux d’Afrique ont optimisé leurs sites Web et leurs systèmes de communication numérique pour étendre la portée de leurs services, produits et alertes et en accroître l’efficacité.
Si ces évolutions marquent une étape importante sur la voie d’une numérisation des services météorologiques et climatologiques, il reste encore beaucoup à faire pour intégrer ces technologies numériques dans des systèmes opérationnels sur l’ensemble du continent, notamment:
- Augmenter les investissements dans l’infrastructure numérique et le renforcement des capacités.
- Renforcer les structures de gestion et de partage des données.
- Développer l’accès équitable et les services inclusifs.
Pour de plus amples informations, veuillez contacter :
- Clare Nullis Attachée de presse de l’OMM cnullis@wmo.int +41 79 709 13 97
- WMO Strategic Communication Office Media Contact media@wmo.int
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- Région I: Afrique