Assurons la protection des bouées pour notre sécurité
- Author(s):
- Champika Gallage et Sarah Grimes, Secrétariat de l’OMM

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BouéeTAO (observation océan‑atmosphère dans les mers tropicales) ayant été endommagée, comme le montre l’inclinaison de sa superstructure. Source: B. Burnett, NDBC, 2009 (DBCP‑25). |
Les bouées de mesure, ancrées ou dérivantes, permettent de recueillir in situ des données océanographiques et météorologiques qui sont indispensables à une vaste communauté d’utilisateurs: pouvoirs publics, établissements universitaires, institutions militaires, organismes de santé publique, services d’intervention en cas d’urgence et secteurs du transport maritime, du tourisme et de la pêche. Les relevés servent à de multiples applications, notamment pour accroître la qualité et la précision des prévisions régulières du temps et des prévisions de phénomènes météorologiques extrêmes, pour améliorer les modèles de circulation océanique côtière, la surveillance de l’environnement et des écosystèmes et la recherche dans ce domaine, ainsi que pour renforcer les capacités en matière d’alerte aux tsunamis. La surveillance de la santé des océans ne peut se faire qu’au moyen d’observations multidisciplinaires à long terme, dont une grande partie provient de bouées de collecte de données, qui sont particulièrement adaptées à cette tâche. Nous devons veiller au maintien d’un réseau durable de bouées, sans quoi la santé de nos océans et de nos estuaires sera en danger.
Le vandalisme à l’encontre des bouées de mesure désigne tout acte intentionnel visant à détériorer ou à voler des plates-formes d’observation ou à nuire à leur bon fonctionnement. Il s’agit d’un problème particulièrement préoccupant pour de nombreux exploitants de bouées dans le monde. Outre ses conséquences financières importantes sur les programmes et activités en rapport avec les bouées, le vandalisme perturbe la collecte et la transmission par les bouées ancrées et dérivantes de données essentielles, mettant ainsi en danger des vies humaines, des biens matériels et des économies.
Les bouées de collecte de données sont présentes dans tous les océans; la coopération internationale dans ce domaine est assurée par l’intermédiaire du Groupe de coopération pour les programmes de bouées de mesure (DBCP), qui relève conjointement de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et de la Commission océanographique intergouvernementale (COI). Le DBCP est à la tête de l’action menée pour lutter contre le vandalisme touchant les bouées et en atténuer les effets. Cette action comporte trois volets:
- L’élaboration de réglementations et la mise en place de mesures visant à assurer leur application effective;
- La modification de l’ingénierie et des caractéristiques techniques des systèmes de bouées pour améliorer leur suivi et prévenir leur manipulation par des tiers;
- L’élaboration et la fourniture de matériels de sensibilisation et d’éducation pour mieux faire connaître l’utilité des bouées de mesure et les conséquences du vandalisme.
Vous trouverez une présentation détaillée des incidences du vandalisme à l’égard des bouées de collecte de données et des mesures possibles pour faire face à ce problème dans le document technique No 41 du DBCP intitulé Ocean Data Buoy Vandalism ‑ Incidence, Impact and Responses.
Le DBCP a publié un document intitulé Outreach Strategy to Reduce Damage to Ocean Data Buoys from Vandalism qui a pour objet d’orienter l’élaboration de matériels d’information et de supports pédagogiques visant à sensibiliser l’opinion publique à l’importance cruciale que revêtent les services fournis par les réseaux d’observation des océans et les systèmes d’alerte mis en place, et les avantages qui en découlent en matière de prévention des catastrophes. La stratégie contenue dans ce document contribuera à promouvoir les activités de sensibilisation, surtout auprès des personnes qui pratiquent la pêche sportive, artisanale et commerciale. Elle permettra également de renforcer l’appui des acteurs communautaires et d’assurer une mobilisation proactive aux niveaux régional et local grâce à la mise en place de nouveaux partenariats destinés à favoriser l’échange des enseignements tirés de l’expérience et la recherche de nouvelles solutions face aux problèmes posés par le vandalisme.
Les informations accumulées depuis de nombreuses années sur le vandalisme dont les bouées sont l’objet ont montré que ce sont les activités de pêche qui sont à l’origine de la plupart des dommages causés aux bouées de de mesure (ancrées). Ces dernières agissent comme les dispositifs de concentration de poissons (DCP) dont les navires de pêche se servent pour trouver du poisson, ce qui augmente les cas de contact direct entre les navires et les bouées. Il arrive également, à de rares occasions, que des dommages soient causés à la suite d’impacts involontaires, comme lors d’une collision accidentelle avec une bouée. Quant-aux bouées dérivantes, elles peuvent être volées ou, dans certains cas, s’échouer.
Le vandalisme à l’encontre des bouées est un problème qui est apparu dès la création des réseaux d’observation des océans à la fin des années 1980. Les actes de vandalisme sont perpétrés aussi bien en plein mer que le long des côtes. Ce problème a soulevé l’attention à l’échelle internationale car de nombreuses bouées ancrées – dans le Pacifique tropical, dans l’est de l’océan Indien tropical et dans l’océan Atlantique équatorial – bénéficient d’un appui international et fournissent des données à la communauté internationale. En outre, ces réseaux sont situés en dehors des zones économiques exclusives (ZEE), en haute mer, ce qui signifie que la lutte contre les actes de vandalisme appelle une action à la fois nationale et internationale.
De nombreux efforts ont été déployés aux échelons local, national et international pour faire en sorte que les populations, et plus particulièrement la communauté des pêcheurs, soient mieux informées et conscientes des conséquences préjudiciables que peut avoir la perte de bouées pour la recherche, pour les prévisions météorologiques, climatologiques et océaniques, et pour les alertes aux tsunamis. La réduction des capacités d’observation qui en découle a une incidence directe sur la sécurité des personnes et des biens. Jusqu’à présent, les efforts déployés n’ont pas abouti aux résultats escomptés: ils ont certes conduit à une prise de conscience des incidences des actes de vandalisme visant les bouées de mesure, mais celles-ci continuent à être vandalisées. Il s’agit d’un problème mondial qui nécessite une assistance et une mobilisation à tous les niveaux: régional, national et local.
À l’occasion de la Journée mondiale de l’océan 2020, l’OMM a diffusé un dessin animé de sensibilisation au problème de vandalisme touchant les bouées. La vidéo informe le public, en particulier dans les petites îles côtières, du rôle que jouent les bouées dans la compréhension du temps et du climat, voire dans la diffusion d’alertes aux tsunamis, et véhicule un message clair indiquant qu’il ne faut pas toucher aux bouées. S’adressant à une large audience, le dessin animé peut être diffusé sur les médias sociaux à l’intention du grand public, des établissements scolaires et d’autres structures communautaires. Il est actuellement disponible en anglais, fidjien, français et hindi, l’objectif étant d’atteindre les communautés des îles du Pacifique, mais l’OMM a l’intention de le traduire dans d’autres langues pour d’autres régions du monde. Le Service météorologique des Fidji a également fourni des versions en format papier et DVD aux îles éloignées où la connexion Internet est instable, voire inexistante.
Vidéo de sensibilisation diffusée à l’occasion de la Journée mondiale de l’océan 2020 pour informer le public et l’encourager à ne pas toucher aux bouées océaniques.