Services hydrologiques nationaux – Répercussions de la pandémie de COVID-19

18 novembre 2020
  • Author(s):
  • Ramesh Tripathi et Hwirin Kim, Secrétariat de l’OMM

La pandémie de COVID-19 a créé une crise de santé publique à l’échelle planétaire et a obligé les citoyens du monde entier à subir divers niveaux de restrictions. Cette situation a également eu un impact sur le recueil des données d’observation du système Terre et sur la prestation de services importants dans les domaines de la météorologie, de l’hydrologie et de la climatologie. Une enquête préliminaire de l’OMM, menée auprès des coordonnateurs des Services hydrologiques nationaux (SHN) des Membres de l’OMM, a permis d’analyser les impacts de la COVID-19 sur les activités quotidiennes d’hydrologie opérationnelle (recueil de données, observation, modélisation, prévision et émission d’alertes précoces) ainsi que les mesures prises pour les neutraliser.

Field maintenance works
Travaux de maintenance sur le terrain pour le bassin fluvial Pasig-Marikina, aux Philippines (ci‑dessus) ainsi qu’au Costa Rica (ci-dessous).

Les 47 réponses reçues ont confirmé que les SHN des pays en développement étaient les plus touchés par ces restrictions. Cela est principalement dû aux restrictions imposées au personnel responsable des observations et des mesures, de la maintenance des stations, du fonctionnement 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 des centres de données et de prévisions, etc. Pendant le premier confinement lié à la COVID, la plupart des membres du personnel des SHN ont travaillé à distance, depuis leur domicile. Seul un petit nombre d’agents «essentiels» ont été autorisés à entrer dans les bureaux, en portant un équipement de protection, comme un masque, et en suivant des mesures de sécurité personnelle, telles que la distanciation sociale et la désinfection. Un nombre encore plus restreint d’entre eux sont allés sur le terrain pour prendre des mesures et entretenir les stations hydrologiques.

Le Conseiller en hydrologie pour l’Argentine, M. Mariano Re, de l’Institut national de l’eau, a déclaré: «La mise au point d’un système hydrologique fiable et en accès libre nous a permis de travailler normalement depuis chez nous. Pendant la pandémie, lorsque nous avons connu une crise de l’eau avec notre principal fleuve, le Paraná, plusieurs webinaires et points de presse ont été organisés afin de diffuser des renseignements». Le Conseiller en hydrologie de l’Inde, M. Goverdhan Prasad, a fait part de la solution retenue dans son pays: «La plupart des cadres travaillent au bureau, tandis que la moitié des agents subalternes et du personnel de niveau inférieur travaillent au bureau un jour sur deux».

Certains sondés ont souligné qu’il était difficile d’ajuster en urgence des données et des produits hydrologiques quand la plupart des membres du personnel travaillent à domicile. Le Conseiller en hydrologie de la Bosnie-Herzégovine, M. Darko Borojevic, a ainsi déclaré qu’«il n’était pas possible de réaliser des mesures dans les cours d’eau transfrontaliers. L’installation de nouvelles stations et toutes les activités liées aux projets internationaux pour les cours d’eau transfrontaliers ont été reportées».

La plupart des personnes interrogées ont insisté sur la nécessité que l’OMM apporte une assistance technique pour faciliter l’élaboration rapide de prévisions et d’alertes et leur communication en temps utile aux parties prenantes nationales et aux citoyens. La majorité d’entre elles ont demandé que davantage de connaissances soient partagées, tandis que 38 % ont requis une aide financière. En effet, environ 50 % des sondés s’attendent à des réductions budgétaires cette année ou l’année prochaine. Certaines personnes souhaitaient également que leur Service bénéficie d’activités de renforcement des capacités et d’un appui relatif aux infrastructures et à Internet. Le partage des connaissances recouvrait:

  • Le partage facilité des informations hydrométéorologiques transfrontalières;
  • Le partage de connaissances et d’expériences entre les différents SHN;
  • Les systèmes de gestion de la qualité des SHN.

«L’OMM pourrait fournir un soutien financier pour améliorer la connexion Internet, les formations, l’équipement de vidéoconférence, l’appui technique à distance axé sur la surveillance, les prévisions et le partage des expériences ou des solutions d’autres pays pour atténuer les impacts de la COVID-19», a précisé le Conseiller en hydrologie du Niger. M. Mohamed Housseini Ibrahim.

Ces premières réponses aideront l’OMM à proposer aux SHN un soutien adapté pendant la pandémie actuelle.

Activités de l’OMM pendant la pandémie

L’OMM a continué de contribuer activement au renforcement des SHN par le biais de projets, comme le Système d’indications relatives aux crues éclair (FFGS) et le projet de gestion des crues et des sécheresses dans le bassin de la Volta (VFDM), et d’initiatives, telles que les composantes de l’Initiative sur les systèmes d’alerte précoce aux risques climatiques (CREWS) pour l'Afghanistan, Burkina Faso, TChad, la République dominicaine, l'Afrique de l'Ouest et le Togo. Ces projets et initiatives visent à développer les systèmes de prévision hydrologique et d’alerte précoce. De plus, ils contribuent au développement des capacités par l’apprentissage en ligne et les webinaires. Par exemple, un webinaire a mis en valeur les progrès réalisés en matière de prévision intégrée des crues fluviales pour les Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN) de la Région IV de l’OMM (Amérique du Nord, Amérique centrale et Caraïbes) et leurs partenaires bilatéraux. Une première formation en ligne sur la prévision des crues fluviales s’est déroulée en juillet-août, avec le soutien du partenaire national de la République dominicaine, INDHRI.

Dans une enquête menée auprès de plus de 60 Membres du monde entier qui utilisent le FFGS, 42 sondés de 32 pays ont indiqué que les composantes du FFGS en temps réel n’avaient connu aucune perturbation significative pendant la pandémie.

87 % des agents interrogés ont pu préparer et diffuser des alertes en cas de crues soudaines et de sécheresse pendant la pandémie de COVID-19. L’équipe de l’OMM qui est responsable du FFGS développe actuellement des modules de formation en ligne à l’intention de ses utilisateurs.

Renforcement des services hydrologiques et importance de la préparation

La COVID-19 a eu un impact significatif sur les activités opérationnelles menées dans le domaine des services hydrologiques. Cependant, les succès, les défis et les leçons apprises dans ce contexte peuvent permettre aux SHN et aux individus d’adopter une nouvelle stratégie pour affronter les catastrophes multidangers. Par ailleurs, cette crise a mis en évidence la nécessité de se préparer. Il faut investir davantage dans les activités permettant d’améliorer la résilience face aux urgences sanitaires, de s’adapter au changement climatique et d’en atténuer les effets.

    Partager :