Bulletin de l’OMM sur la qualité de l’air et le climat: coup de projecteur sur un cercle vicieux

05 septembre 2025

Dans son dernier Bulletin sur la qualité de l’air et le climat, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) met en évidence les interactions complexes entre la qualité de l’air et le climat, en soulignant le rôle que jouent de minuscules particules appelées aérosols dans les feux de forêt, le brouillard hivernal, les émissions dues au transport maritime et la pollution urbaine. Elle souligne la nécessité d’améliorer la surveillance de l’atmosphère et de mettre en place des stratégies davantage intégrées afin de préserver la santé humaine et environnementale et de réduire les pertes agricoles et économiques. 

Messages clés
  • La qualité de l’air et le changement climatique sont étroitement liés
  • Les actions intégrées sont avantageuses pour la santé, les économies et les écosystèmes
  • Ce bulletin traite des feux de forêt, du brouillard hivernal, des émissions dues au transport maritime et de la pollution urbaine
  • De minuscules particules appelées aérosols ont un impact majeur
  • Les aléas transfrontaliers exigent une coordination internationale
  • L’amélioration de la surveillance est essentielle pour la gestion des risques et les prévisions

Dans le Bulletin sur la qualité de l’air et le climat, l’OMM analyse également les tendances et la répartition géographique de la pollution atmosphérique en 2024, ainsi que les progrès et les difficultés en matière de prévisions et d’alertes. Ce bulletin est publié à l’occasion de la Journée internationale de l’air pur pour des ciels bleus, célébrée le 7 septembre. 

«Le changement climatique et la qualité de l’air ne peuvent être traités séparément. Ils vont de pair et doivent être abordés ensemble afin de protéger la santé de notre planète, de nos populations et de nos économies», a déclaré la Secrétaire générale adjointe de l’OMM, Mme Ko Barrett.

L’utilisation de combustibles fossiles ainsi que d’autres activités humaines qui contribuent au changement climatique sont aussi des sources de pollution. Elles génèrent du carbone noir, du protoxyde d’azote et de l’ozone troposphérique, qui aggravent à leur tour le changement climatique. Il s’agit d’un cercle vicieux.

«Les répercussions climatiques et la pollution de l’air ne connaissent pas de frontières nationales, comme en témoignent la chaleur et la sécheresse intenses qui alimentent les feux de forêt et dégradent la qualité de l’air de millions de personnes. Nous devons améliorer la surveillance et la collaboration internationales pour relever ce défi mondial», a ajouté Mme Barrett.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé, la pollution de l’air ambiant serait à l’origine de plus de 4,5 millions de décès prématurés chaque année dans le monde, avec des coûts environnementaux et économiques considérables. 

Principales conclusions

Les particules

Les particules provenant d’activités telles que les transports, l’industrie et l’agriculture, ainsi que des feux de forêt et de la poussière du désert soulevée par le vent, continuent de représenter un risque majeur pour la santé. 

Pour la première fois, l’édition 2025 du Bulletin inclut dans son aperçu des estimations fondées sur trois modèles différents des anomalies des PM2,5 (particules d’un diamètre inférieur ou égal à 2,5 microns) en 2024 (par rapport à la période de référence 2003 2024).

Les niveaux de PM2,5 ont continué de diminuer dans l’est de la Chine grâce à des mesures d’atténuation soutenues. En revanche, des zones critiques de pollution ont été recensées dans le nord de l’Inde. Les feux de forêt ont été responsables de niveaux de PM2,5 supérieurs à la moyenne au Canada, en Sibérie et en Afrique centrale. Toutefois, c’est dans le bassin amazonien que la plus forte anomalie a été constatée, dans un contexte de feux de forêt record dans l’ouest de l’Amazonie et d’incendies attisés par la sécheresse dans le nord de l’Amérique du Sud.

Les feux de forêt contribuent grandement à la pollution par les particules. Ce problème devrait s’aggraver avec le réchauffement climatique, accentuant les risques pour les infrastructures, les écosystèmes et la santé humaine.

Three world maps compare data from CAMS, GEOS-IT, and SILAM models, showing variations in values with a blue-to-red color scale ranging from -30 to 30.
PM2.5 anomaly in 2024 (reference period 2003-2024)
Third-party maps. These maps were provided by CAMS (left), NASA Global Modelling and Assimilation office (centre) and the Finnish Meteorological Institute on 28 July 2025 (right) and may not fully align with United Nations and WMO map guidance.

Aérosols

Les aérosols, de minuscules particules en suspension dans l’air, sont complexes. En fonction de leur composition, ils peuvent réchauffer ou refroidir l’atmosphère. Les plus sombres, comme le carbone noir et le carbone brun, réchauffent l’atmosphère et font fondre la glace et les glaciers sur lesquels ils se déposent. 

À l’inverse, les aérosols plus clairs, tels que les sulfates, réfléchissent le rayonnement solaire vers l’espace, assurant un refroidissement temporaire avant de se déposer sous forme de neige et de pluies acides.

Les concentrations d’aérosols dans l’atmosphère ont augmenté à l’échelle mondiale entre les années 1950 et les années 1980, mais elles ont considérablement diminué depuis grâce aux efforts concertés déployés en Amérique du Nord, en Europe et, plus tard, dans l’est de l’Asie. Elles continuent d’augmenter dans certaines régions telles que le sud de l’Asie, l’Amérique du Sud et les latitudes septentrionales, en partie à cause de l’accroissement des feux de forêt.

Les réglementations internationales visant à réduire les émissions de soufre dans les carburants utilisés pour le transport maritime ont permis d’améliorer la qualité de l’air et de réduire les décès prématurés et la prévalence de l’asthme pédiatrique. Néanmoins, elles ont eu un impact mesurable sur la réduction de l’effet refroidissant des aérosols sulfatés, accélérant légèrement le réchauffement de la planète. 

Élucider les interactions complexes entre les aérosols, les gaz réactifs et les gaz à effet de serre persistants est une tâche ardue. Une bonne compréhension de ces interactions permettra d’améliorer les mesures d’atténuation tant pour ce qui concerne le climat que la qualité de l’air. Dans ce contexte, il est important d’adopter une approche intégrée de gestion des émissions, non seulement pour préserver le climat, mais aussi pour protéger les écosystèmes et la santé humaine.

Brouillard hivernal

La plaine indo-gangétique, qui compte plus de 900 millions d’habitants, est l’une des régions du monde les plus densément peuplées et les plus actives sur le plan agricole. Elle a connu une forte augmentation de la pollution atmosphérique et des épisodes de brouillard hivernal. Bien que le brouillard soit un phénomène saisonnier, l’augmentation de sa fréquence et de sa durée est toujours davantage liée à la pollution due aux véhicules, à la construction, au chauffage, au bétail et au brûlage de la végétation.

«La persistance du brouillard n’est plus un simple phénomène météorologique saisonnier, c’est un symptôme de l’impact croissant des activités humaines sur l’environnement. Y remédier requiert de mettre en place des stratégies globales, telles que l’application de réglementations sur l’incinération des résidus agricoles et la promotion d’énergies plus propres pour la cuisine, le chauffage, l’éclairage et les systèmes de transports publics», peut-on lire dans le Bulletin.

Zone critique de PM2,5 en raison des feux de forêt

Un autre article du Bulletin contient une analyse des émissions de PM2,5 dues aux feux de forêt dans le bassin amazonien et de la façon dont ces émissions ont entraîné une dégradation mesurable de la qualité de l’air dans des centres urbains éloignés et densément peuplés au Brésil, soulignant ainsi les conséquences importantes de la saison des feux de forêt de 2024. 

Infrastructure de surveillance de la composition de l’atmosphère

Des études sur l’ozone en Amérique du Sud à l’amélioration des prévisions de pollen en Europe, en passant par l’évaluation des dépôts atmosphériques en Afrique, le Bulletin rappelle l’importance de disposer d’une infrastructure mondiale et adaptée de surveillance de l’atmosphère in situ, en particulier dans les régions en développement. Les observations sont fondamentales. Les satellites fournissent des informations essentielles, mais les réseaux de surveillance au sol sont indispensables pour l’étalonnage et la validation, en particulier dans les pays en développement où les infrastructures sont rares.

Notes aux rédacteurs

Le Bulletin sur la qualité de l’air et le climat fait partie d’une série annuelle de l’OMM qui met en lumière les interactions entre la pollution atmosphérique et le changement climatique, en s’appuyant sur le savoir-faire du réseau de la Veille de l’atmosphère globale.

Ce bulletin repose sur des données provenant d’instituts de premier plan, notamment le service Copernicus de surveillance de l’atmosphère (CAMS), le Bureau de la modélisation et de l’assimilation à l’échelle du globe (GMAO) de l’Administration américaine pour l’aéronautique et l’espace (NASA) et le Système de modélisation intégrée de la composition de l’atmosphère (SILAM).
 

Pour de plus amples informations, veuillez contacter :

  • Clare Nullis Attachée de presse de l’OMM cnullis@wmo.int +41 79 709 13 97
  • WMO Strategic Communication Office Media Contact media@wmo.int
    Partager :