El Niño / La Niña
El Niño-oscillation australe (ENSO) est un phénomène naturel récurrent caractérisé par des fluctuations des températures océaniques dans le Pacifique équatorial, associées à des variations atmosphériques, qui ont une influence majeure sur les régimes climatiques de diverses régions du monde.
Vue d'ensemble
El Niño et La Niña sont les composantes océaniques du phénomène, tandis que l’oscillation australe en est la composante atmosphérique, d’où l’expression El Niño oscillation australe (ENSO). Le phénomène ENSO est un phénomène à part entière qui s’articule en trois phases: El Niño, La Niña et des conditions neutres.
Le terme El Niño, qui signifie «petit garçon» ou «enfant Jésus» en espagnol, a été utilisé pour la première fois il y a plusieurs siècles par des pêcheurs du Pérou et de l’Équateur pour décrire la température anormalement élevée des eaux – observée juste avant Noël – qui a pour effet de réduire leurs prises. À l’opposé d’El Niño, La Niña («petite fille» en espagnol) se traduit par un refroidissement à grande échelle des eaux de surface dans la même région, qui est associé à une inversion des conditions atmosphériques.
La surveillance et la prévision des conditions ENSO reposent principalement sur le dépassement, par les anomalies des températures de la mer en surface (calculées par rapport à une période de référence de 30 ans), de seuils prédéfinis dans quatre régions géographiques du Pacifique équatorial. Des anomalies positives au-dessus d’un seuil donné indiquent généralement un épisode El Niño (phase chaude de l’ENSO) entraînant un affaiblissement des vents d’est. Les anomalies négatives sont associées à La Niña (phase froide de l’ENSO) et à un renforcement des vents d’est. Lors des phases neutres, les températures de la mer en surface sont généralement proches de la moyenne dans le Pacifique tropical.
El Niño et La Niña se développent habituellement pendant le printemps et l’été de l’hémisphère Nord pour atteindre leur apogée en hiver. L’oscillation entre la phase chaude de l’ENSO (El Niño) et les conditions neutres ou froides (La Niña) se produit en moyenne tous les trois à cinq ans, dans une fourchette allant de deux à sept ans. Un épisode El Niño peut durer jusqu’à 18 mois et un épisode La Niña jusqu’à trois ans. Le dernier épisode La Niña pluriannuel a débuté en septembre 2020 et s’est prolongé jusqu’au début de l’année 2023. Il s’agit du premier épisode La Niña triennal du XXIe siècle.
Impact
Le phénomène El Niño/La Niña peut avoir des répercussions considérables sur les régimes climatiques et météorologiques et entraîner une modification des températures et des précipitations dans diverses parties du monde. Il s’agit de la caractéristique dominante de la variabilité climatique à l’échelle interannuelle. Grâce aux progrès scientifiques réalisés en matière de compréhension et de modélisation de ce phénomène, nos compétences en matière de prévision se sont améliorées et il est désormais possible de prévoir l’occurrence du phénomène un à six mois à l’avance, voire davantage, ce qui permet à la société de se préparer aux dangers qui y sont associés, tels que les fortes pluies, les inondations et la sécheresse. Ces prévisions peuvent également permettre de réaliser des centaines de millions de dollars É.-U. d’économies.
Il n’existe pas deux épisodes El Niño/La Niña identiques. Les effets de ce phénomène varient en fonction de l’intensité et de la durée de l’épisode concerné ainsi que de la période de l’année à laquelle il se produit et de son interaction avec d’autres modes de variabilité climatique. Toutes les régions du monde ne sont pas touchées, et même au sein d’une région, les impacts peuvent varier.
Dans de nombreuses zones, en particulier sous les tropiques, La Niña produit des variations climatiques opposées à celles associées à El Niño (voir respectivement les répercussions habituelles d’El Niño et de La Niña sur la configuration des précipitations). Pendant les phases neutres du phénomène ENSO, les conditions atmosphériques sont dominées par d’autres facteurs climatiques.
D’une manière générale, les épisodes El Niño peuvent se traduire par une augmentation des températures moyennes à la surface du globe, tandis que les épisodes La Niña ont tendance à faire baisser celles-ci. Ainsi, l’épisode El Niño de 1997/98, de forte intensité, a été suivi d’une anomalie La Niña de longue durée, qui s’est manifestée du milieu de l’année 1998 jusqu’au début de l’année 2001, avec des répercussions incontestables sur les températures mondiales. À l’époque, l’année 1998 s’était classée au deuxième rang des années les plus chaudes depuis le début des relevés.
Pour l’instant, il n’existe pas de preuve concluante d’une influence du changement climatique sur la fréquence et l’intensité des épisodes El Niño/La Niña. Cependant, le changement climatique est susceptible d’avoir des répercussions sur les impacts liés à El Niño et à La Niña pour ce qui concerne l’intensité et la fréquence des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes.
Réponse de l'OMM
L’OMM publie chaque trimestre un bulletin Info-Niño/Niña en collaboration avec l’Institut international de recherche sur le climat et la société (IRI). Ce bulletin se fonde sur les informations fournies par les grands centres qui, dans le monde entier, s’attachent à surveiller et prévoir ce phénomène, ainsi que sur les interprétations consensuelles des experts de l’OMM et de l’IRI. Il inclut les observations des conditions en cours dans le Pacifique équatorial et présente des perspectives consensuelles pour la saison à venir. Par ailleurs, l’OMM publie régulièrement un bulletin saisonnier sur le climat mondial, qui tient compte des influences de tous les autres grands facteurs, tels que l’oscillation nord–atlantique, l’oscillation arctique et le dipôle de l’océan Indien. Ce bulletin est établi par le Centre principal pour les prévisions saisonnières d’ensemble (LC-SPMME) de l’OMM à partir des prévisions des centres mondiaux de production de prévisions saisonnières (GPC-SP) relevant de l’OMM.
Ces deux bulletins visent à aider les gouvernements, les organismes du système des Nations Unies, y compris l’Équipe spéciale interinstitutions des Nations Unies pour la prévention des catastrophes naturelles, les organisations humanitaires, les décideurs et les parties prenantes des secteurs sensibles au climat à prendre des mesures de préparation et à protéger les vies et les moyens de subsistance.