Il y a 50 ans ... 57-1-2008
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La version intégrale de la rubrique «Il y a 50 ans» du Bulletin de janvier figure dans l’édition de février 2008 de MétéoMonde.
Le Bulletin de janvier 1958 portait notamment sur les activités du Centre de données météorologiques de l’Année géophysique internationale ainsi que sur la météorologie et la protection des cultures et reproduisait le discours présidentiel prononcé à la deuxième session de la Commission d’aérologie et intitulé «La conquête de la troisième dimension». Il contenait aussi des articles sur la neuvième session du Comité exécutif, la deuxième session de la Commission de bibliographie et des publications et un cycle d’étude consacré à la prévision et au bilan hydrologiques.
Le centre de données météorologiques de l’Année géophysique internationale à l’œuvre
… [le]Centre de données météorologiques (CDM), ... a été institué au sein du Secrétariat de l’Organisation météorologique mondiale à Genève vers la fin de l’année 1956. Le but du présent article est de décrire les travaux du Centre de données météorologiques qui est, en effet, unique dans l’histoire de la météorologie ...
... le CDM est un service qui a été institué par l’OMM pour rendre service aux chercheurs. Sa réussite dépend non seulement de la mesure où les services météorologiques sont disposés à envoyer leurs données au Centre —ce qui est déjà assuré— mais également de l’ampleur de la demande de publications du Centre. L’AGI offre une occasion unique aux services météorologiques, aux universités et aux instituts de recherches de se procurer une série de données météorologiques mondiales paraissant sous une forme type pour une période de 18 mois et tous les intéressés doivent espérer que ... contribueront à résoudre bon nombre de problèmes météorologiques importants.
La météorologie et la protection des cultures
Il y a une centaine d’années que la météorologie et la protection des cultures devinrent presque simultanément des sciences organisées. Dans le cas de la météorologie, c’est une catastrophe survenue en mer et le besoin d’un service d’avertissement de tempêtes présentant des dangers pour la navigation maritime qui furent à l’origine de ce développement. La protection moderne des plantes, elle, a pris naissance à la suite de fléaux qui sévirent sur terre ...
... Presque tous les travaux dont cette question a fait l’objet au départ ont été effectués par des spécialistes en matière de protection des cultures, car l’attention des météorologistes était à cette époque-là entièrement tournée vers les développements rapides qui se faisaient jour dans leur propre science, avec les exigences de deux guerres mondiales successives et les demandes découlant du développement phénoménal de l’aviation civile. C’est seulement au cours de ces dernières années que l’aéronautique a laissé un peu de répit aux météorologistes, leur permettant de porter leur attention vers des horizons plus vastes. Ils font bénéficier ce nouveau domaine de la météorologie agricole—ou, plus exactement, cet ancien domaine retrouvé —des progrès réalisés en matière de connaissances, d’équipement et d’organisation, qui résultent de l’impulsion communiquée par les exigences de l’aviation ...
De nombreuses découvertes ont mis en lumière le cycle de vie de plusieurs microbes pathogènes et parasites des plantes, ainsi que leur réaction aux conditions ambiantes. La protection des plantes s’est organisée à pas de géant. L’on s’est rendu compte que les maladies et les insectes nuisibles, tout comme la météorologie, ignorent les frontières, et qu’il est donc nécessaire de travailler de concert sur le plan international; mais si cette idée s’est d’abord répandue plus lentement dans le cas de la protection des cultures que dans celui de la météorologie, elle s’est néanmoins diffusée rapidement au cours de ces dernières années ...
La conquête de la troisième dimension
Discours présidentiel prononcé à la deuxième session de la Commission d’aérologie (Paris, juin-juillet 1957)
La science de nos jours a modifié si profondément le monde, la technique a réalisé au cours de ces dernières années des performances si extraordinaires, les découvertes se suivent à un rythme si accéléré, qu’il est bon de s’écarter parfois de la route tumultueuse du progrès pour jeter un regard en arrière afin de mesurer le chemin parcouru, de faire le point des acquisitions récentes et de mettre de l’ordre dans les idées. On s’aperçoit ainsi, entre autres, que les problèmes fondamentaux qui se posent sont presque toujours les mêmes et que ceux que l’on croyait nouveaux sont le plus souvent des problèmes anciens auxquels les possibilités sans cesse accrues de la technique moderne offrent des solutions inattendues ...
On imagine difficilement, de nos jours, le bruit que fit l’invention du baromètre dans le monde scientifique du milieu du XVIIe siècle. Par sa célèbre expérience de 1643, Torricelli (1608-1647) démontrait, en effet, la pesanteur de l’air, alors que depuis toujours l’on avait cru que l’atmosphère était un milieu immatériel ...
Le 1er décembre 1783, Charles (1746-1822), l’inventeur du ballon à hydrogène, s’éleva du jardin des Tuileries emportant dans sa nacelle un baromètre et un thermomètre à mercure. Cette première ascension en ballon libre monté marqua le début de l’exploration scientifique de l’atmosphère libre. L’aérologie était née ...
... John Welsh, ... effectua, en 1852, quatre ascensions minutieusement préparées. Il fut le premier à utiliser un thermomètre ventilé artificiellement à l’aide d’un soufflet à main ... Malheureusement, les successeurs de Welsh, y compris le célèbre Glaisher, n’ont pas reconnu la nécessité absolue de ventiler les thermomètres afin que la température du thermomètre soit bien la température de l’air. Cette méconnaissance fut fatale aux progrès de l’aérologie, car il faudra attendre 45 ans, c’est-à-dire la fin du XIXe siècle, avant de pouvoir ... se faire une idée exacte de la répartition verticale de la température de l’air atmosphérique ...
Peu après 1880, les météorologistes comprirent la nécessité de compléter les observations au sol par des observations effectuées dans l’atmosphère libre. L’intérêt grandissant pour la navigation aérienne, qui se fit jour à la même époque, ne put être que favorable au développement des techniques de sondage. Le Comité météorologique international, réuni en 1894, à Upsala, reconnut l’importance, pour l’étude physique de l’atmosphère, des ascensions en ballons montés et des lancers de ballons libres équipés d’enregistreurs ...
Les premières ascensions internationales simultanées de ballons libres et montés organisées par notre commission furent celles du 14 novembre 1896 à Paris, Strasbourg, Munich, Berlin, Varsovie et Saint-Pétersbourg. Le 14 novembre 1896 fut donc la première Journée aérologique internationale. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, notre commission poursuivit, avec persévérance et méthode, l’organisation de campagnes internationales de sondages simultanés. À cet égard, il faut rappeler les campagnes de l’Année polaire 1932/33. La dernière fut celle des Journées internationales du mois d’avril 1939.
À ses débuts, il y a 60 ans, le réseau aérologique ne comportait donc que six stations s’échelonnant de Paris à Saint-Pétersbourg. Jetons un regard sur les cartes aérologiques que, de nos jours, tous les services météorologiques analysent quotidiennement. D’un seul coup d’œil nous mesurons ainsi le chemin parcouru depuis 1896.