Le Congrès extraordinaire de l’OMM donne un coup d’accélérateur à la mise en œuvre d’alertes précoces vitales

20 octobre 2025

Le nombre de pays dotés de services d’alerte précoce susceptibles de sauver des vies a plus que doublé ces dix dernières années, mais d’énormes lacunes subsistent et des millions de personnes ne sont pas protégées contre les phénomènes météorologiques dangereux, ce qui pèse de plus en plus lourdement sur les actifs économiques et les infrastructures vitales. 

Messages clés
  • L’OMM célèbre 75 ans de science au service de l’action
  • L'intensification des conditions météorologiques extrêmes menace la sécurité publique et le bien-être économique
  • L’Initiative «Alertes précoces pour tous» accomplit d'importants progrès, mais des lacunes subsistent
  • Un nouveau rapport de l’OMM fait état d’avancées en matière d’observations et de prévisions
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Par conséquent, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a convoqué une session extraordinaire du Congrès météorologique mondial, rassemblant ses 193 Membres, afin d’accélérer et d’élargir la mise en œuvre de l’Initiative «Alertes précoces pour tous» (EW4All), lancée par le Secrétaire général de l'ONU, M. António Guterres, en 2022 afin de parvenir à une couverture universelle d’ici à la fin de 2027.

Le 20 octobre, un événement ministériel donnera le coup d'envoi du Congrès extraordinaire, d'une durée de quatre jours, dans le contexte du 75e anniversaire de l’OMM en tant qu’institution spécialisée du système des Nations Unies pour les questions relatives au temps, au climat et à l'eau. Afin de souligner le rôle essentiel de l’OMM et l’urgence de sa mission, M. Guterres prononcera un discours devant le Congrès le 22 octobre.

«Il y a 75 ans, l’Organisation météorologique mondiale est née du constat que le temps, l’eau et le climat ne connaissent pas les frontières nationales. Il est indispensable que les observations et les prévisions reposent sur une collaboration mondiale, car aucun pays ne peut les réaliser de façon isolée», a déclaré la Secrétaire générale de l’OMM, Mme Celeste Saulo. 

«L’histoire de l’OMM est une histoire de solidarité, de coopération, de partage des données, d’innovation et de confiance. Il ne peut y avoir de développement résilient, de sécurité alimentaire, de planification des infrastructures et de prévention des catastrophes sans les services, la science et les infrastructures que nous fournissons collectivement», a-t-elle martelé.

«Notre slogan, "La science au service de l’action", résume l’immense contribution de l’OMM au bien-être économique et social mondial. C’est cette même conviction qui a inspiré l'Initiative "Alertes précoces pour tous". Il s’agit de la science au service de l’action et de la science EN action», a-t-elle précisé. 

Lors de l’événement de haut niveau, Mme Saulo lancera un appel à l’action en faveur d'alertes précoces pour tous et présentera un nouveau rapport sur les progrès accomplis en matière de surveillance et de prévision des aléas.

Initiative «Alertes précoces pour tous»

L’Initiative «Alertes précoces pour tous» est pilotée par l’OMM, le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes (UNDRR), l’Union internationale des télécommunications (UIT) et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix Rouge et du Croissant-Rouge (FICR). Elle couvre l’ensemble de la chaîne de valeur: observations et prévisions; connaissance des risques de catastrophe; diffusion et communication des alertes; et préparation et intervention.

Elle compte aujourd’hui de nombreux partenaires: des organismes du système des Nations Unies, des banques pour le développement, des organisations humanitaires, des universités et des entreprises privées allant des fabricants d’équipements météorologiques au secteur des technologies de l’information. L’objectif initial, qui était de 30 pays considérés comme les plus exposés, a été élargi. L’appropriation nationale reste au cœur de l’Initiative EW4All. Ce sont les gouvernements qui sont aux commandes. 

«L’Initiative "Alertes précoces pour tous" est désormais plus qu’une initiative. C’est une marque de solidarité mondiale», a insisté Mme Saulo. «Ensemble, nous sauvons des vies, nous modelons des politiques et nous renforçons la résilience», a-t-elle ajouté. 

Les besoins sont capitaux. Ces 50 dernières années, les aléas liés au temps, à l’eau et au climat ont causé la mort de plus de 2 millions de personnes, dont 90 % dans les pays en développement. Les coûts économiques et les impacts s’amplifient à mesure que les conditions météorologiques deviennent plus extrêmes.

D’énormes progrès ont été accomplis. En 2024, 108 pays ont déclaré disposer, dans une certaine mesure, de capacités en matière de systèmes d’alerte précoce multidangers, soit plus du double des 52 pays enregistrés en 2015. Ils sont encore plus nombreux en 2025. De multiples pays ont élaboré des plan d’action nationaux, associant tous les secteurs du gouvernement et de la société, et mettent en œuvre sur le terrain des programmes qui changent véritablement la donne pour ce qui est de sauver des vies. 

Toutefois, il subsiste de grandes disparités. Dans les pays où les systèmes d’alerte précoce multidangers sont limités, la mortalité due aux catastrophes est six fois plus élevée et le nombre de personnes touchées est quatre fois plus élevé.  

Surveillance et prévision des aléas

Un nouveau rapport sera présenté lors du Congrès extraordinaire, intitulé Cap sur l'Initiative «Alertes précoces pour tous»: Surveillance et prévision des dangers – le «pilier» qui relève de la responsabilité de l’OMM. Il récapitule les progrès et les retards à l’échelle mondiale tout au long de la chaîne de valeur hydrométéorologique, s'agissant de la détection, de la surveillance, de la prévision et des alertes, y compris pour les aléas tels que les tempêtes tropicales, les inondations, les tempêtes de sable et de poussière et la chaleur extrême. 

Les chiffres qui figurent dans ce rapport mettent en évidence les progrès collectifs, mais aussi l’ampleur de la tâche qui reste à accomplir: 

  • D'après 62 évaluations de la chaîne de valeur hydrométéorologique, la moitié des pays ne possèdent que des capacités élémentaires et 16 % ont des capacités à peine élémentaires. La situation est pire dans les environnements fragiles, touchés par les conflits et la violence.
  • Le respect des exigences du Réseau d'observation de base mondial (ROBM) reste faible, en particulier dans les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement. Cependant, de plus en plus de stations conformes sont mises en service, les réseaux sont de plus en plus automatisés et la fréquence de communication des bulletins s’améliore. 
  • Le nombre de stations de surface partageant des données via le Système d’information de l’OMM (SIO) a augmenté d’environ 20 % depuis 2019, tandis que les observations et les bulletins quotidiens par station ont augmenté d’environ 60 %. Ces améliorations se traduisent par une diminution des fausses alertes et des délais d’alerte précoce plus longs.
  • La version 2 du SIO, lancée en 2025, modifie en profondeur l’échange mondial de données: plus besoin d’équipements spécialisés coûteux, même les plus petits Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN) peuvent participer pleinement. Il s’agit d’un modèle de coopération internationale, géré conjointement par des centres de pointe répartis dans 11 pays Membres.
  • Les capacités satellitaires se renforcent, mais des lacunes subsistent. Bien que 56 % des Membres utilisent des données satellitaires pour au moins un danger, seuls 20 % le font pour tous leurs dangers prioritaires. Des partenariats régionaux commencent à gommer ces écarts en associant matériel, formation et renforcement des moyens institutionnels, spécialement adaptés aux besoins régionaux.
  • Le Système intégré de traitement et de prévision de l'OMM (WIPPS), un réseau mondial qui compte plus de 150 centres désignés, garantit l'accès de tous les SMHN à des produits de prévision perfectionnés, indépendamment de leurs propres capacités de modélisation. Au total, 76 % des Membres utilisent des produits du WIPPS, qui permettent ainsi de combler les lacunes en matière de capacités de ceux qui ne disposent pas de leurs propres systèmes.
  • Le Programme de prévision des conditions météorologiques extrêmes (SWFP) continue de se développer. En 2025, il fournit un soutien opérationnel à 85 Membres de neuf sous-régions.
  • L’innovation numérique et l’intelligence artificielle possèdent un potentiel énorme pour ce qui est d'aider les pays en développement qui n’ont pas de supercalculateurs à obtenir directement des capacités plus avancées. Néanmoins, la fracture numérique reste importante.
    Ce rapport présente des études de cas saisissantes sur des pays qui ont fait de grands progrès, notamment grâce à des projets de l’OMM et à la coopération Sud Sud. 
  • «La réussite de l’Initiative [EW4All] ne s’évalue pas dans des rapports ou des résolutions, elle se mesure en vies épargnées et en moyens de subsistance préservés. [Ce rapport] dresse le bilan des progrès accomplis et appelle à l’action.

Il montre  que la solidarité planétaire, guidée par la science et mue par les partenariats, peut apporter de profonds changements. D’ici à 2027, nous devons redoubler d’efforts pour que personne – nulle part au monde – ne soit laissé sans protection», écrit Mme Saulo dans l’avant propos.

Pour de plus amples informations, veuillez contacter :

  • Clare Nullis Attachée de presse de l’OMM cnullis@wmo.int +41 79 709 13 97
  • WMO Strategic Communication Office Media Contact media@wmo.int