Avant-propos

08 octobre 2021
  • Author(s):
  • Professor Petteri Taalas, WMO Secretary-General

Le temps et le climat sont de nature planétaire et toutes les tentatives menées pour les comprendre, les surveiller et les prévoir n’aboutissent que si elles reposent en définitive sur la collaboration internationale et l’échange mondial d’observations et d’autres données. La météorologie et certaines de ses disciplines sœurs (notamment l’océanographie) ont une tradition d’échange international de données et d’informations qui remonte à plus de deux cents ans. Alors que nous continuons à prolonger l’échéance de nos prévisions et à améliorer notre compréhension du climat de la Terre en tant que système intégré s’étendant bien au-delà de l’atmosphère, il devient évident que l’échange de données doit être renforcé dans d’autres domaines tels que l’hydrologie, la composition de l’atmosphère, la cryosphère et la météorologie de l’espace.

Petteri TaalasLa politique de l’OMM en matière de données a contribué au succès de la prévision du temps et à la surveillance et à la prévision du climat. Toutefois, la résolution 40 (Cg-XI), qui est sans doute la plus importante des résolutions de l’OMM en matière de politique des données, a maintenant plus de vingt-cinq ans et a été rédigée dans un contexte très différent de celui d’aujourd’hui: la relation entre la recherche et l’exploitation est encore plus cruciale pour les deux parties, les données recueillies par satellite sont bien plus importantes que jamais auparavant, et le secteur privé joue un rôle bien plus central dans tous les segments de la chaîne de valeur météorologique qu’en 1995. De même, la résolution 60 (Cg-XVII) est antérieure à l’Accord de Paris de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), et la nécessité d’échanger des données relatives au climat a pris une importance incommensurable depuis son adoption.

À l’évidence, il est nécessaire que l’OMM mette à jour ses déclarations de politique en matière de données afin que ses Membres puissent continuer à répondre à la demande toujours croissante d’informations et de services météorologiques, climatiques et environnementaux connexes. Conformément à son orientation stratégique axée sur l’adoption d’une approche intégrée du système Terre pour la surveillance et les prévisions, l’OMM a choisi d’actualiser ses déclarations de politique en les regroupant dans un seul et même cadre: la politique unifiée de l’OMM en matière de données, qui englobe les données de l’ensemble des domaines et disciplines sur le système Terre qui soient pertinentes pour l’OMM. Cette politique unifiée aidera les Membres de l’OMM à améliorer de façon appréciable leurs capacités de surveillance et de prévision et permettra aux Membres de l’OMM des pays en développement de maximiser les avantages des produits de modélisation améliorés qui en résulteront.

L’OMM proposera trois domaines stratégiques prioritaires liés entre eux à la session extraordinaire du Congrès météorologique mondial en octobre 2021: la nouvelle politique unifiée de l’OMM en matière de données; le Réseau d’observation de base mondial (ROBM), visant à assurer l’échange d’observations météorologiques et climatologiques d’une nécessité cruciale; et le mécanisme de financement des observations systématiques (SOFF), qui fournira au ROBM un soutien technique et financier là où c’est le plus nécessaire.

Le présent numéro du Bulletin de l’OMM est entièrement consacré à l’échange international de données pour la surveillance et la prévision du système Terre et au rôle de la politique de l’OMM en matière de données dans l’établissement et le maintien de cet échange. Vous y trouverez des informations sur l’histoire de l’échange de données, sur l’état actuel de la question et les projets d’échange de données dans les principaux domaines et disciplines, ainsi que sur les possibilités offertes. Les défis techniques, politiques et financiers auxquels certains de nos Membres sont confrontés dans la mise en œuvre de l’échange de données sont également abordés. Le Bulletin comprend un article en deux parties sur les problèmes particuliers de l’échange de données avec ou depuis les pays en développement Membres de l’OMM. La première partie présente l’avis de quatre représentants permanents sur la situation actuelle et l’impact attendu des trois initiatives susmentionnées du point de vue de leur pays en développement. La seconde rend compte des expériences acquises, des enseignements tirés et des perspectives d’avenir dégagées par une série de partenaires pour le développement et le financement de l’action climatique.

Pour ce qui est des données d’observation, la plupart des articles portent sur des questions liées à l’échange international d’observations de surface. Les données satellitaires, fournies par les agences satellitaires membres du Groupe de coordination pour les satellites météorologiques et du Comité sur les satellites d’observation de la Terre, continuent d’être d’une importance vitale pour tous les domaines d’activité de l’OMM et, dans plusieurs d’entre eux, l’importance de ces données croît rapidement. Toutefois, il serait difficile, dans le cadre d’un seul numéro du Bulletin, d’accorder un traitement équitable et une visibilité proportionnée aux observations de surface et aux observations effectuées à partir de l’espace. Compte tenu de l’importance historique des décisions du Congrès relatives à la politique unifiée de l’OMM en matière de données et au ROBM, nous avons choisi d’axer principalement ce numéro particulier du Bulletin sur les observations de surface, et je vous promets que d’autres occasions se présenteront à l’avenir de mettre l’accent sur le rôle actuel et futur des données satellitaires dans les activités de l’OMM.

Petteri Taalas  
Secrétare général  
Organisation météorologique mondiale  

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